Axpo a confirmé aujourd’hui les résultats d’une étude mandatée par Greenpeace. Les éléments de combustible nucléaire fabriqués en Russie pour la centrale nucléaire de Beznau ne contiennent pas d’uranium issu du désarmement nucléaire. Leur fabrication comprend en outre des procédés absents de l’écobilan établi par Axpo pour la centrale de Beznau. Greenpeace salue le fait qu’Axpo corrige cet écobilan. Comme conséquence politique, Greenpeace exige une Loi fédérale sur l’énergie nucléaire (LENu) qui contraigne les exploitants de centrales nucléaires à une transparence absolue.
Avec l’étude «Recyclage de l’uranium retraité – Un aperçu des affaires conclues entre l’industrie nucléaire suisse et les producteurs russes de combustible nucléaire» publiée durant l’été 2009, Greenpeace a dévoilé les affaires opaques conclues entre l’industrie nucléaire suisse et les fabricants russes de combustible nucléaire. Axpo publie aujourd’hui les résultats de ses clarifications chez ses fournisseurs russes d’uranium; elles donnent raison à l’étude de Greenpeace. Greenpeace, tout en saluant le fait qu’Axpo ait fait un pas vers la transparence de la chaîne du combustible nucléaire, exige que l’écobilan de la centrale nucléaire (CN) de Beznau soit retiré de l’internet jusqu’à ce qu’il ait été corrigé. « Il n’en reste pas moins détestable qu’Axpo ait cherché, ces derniers mois, à ravaler la façade du nucléaire avec de fausses informations et à coups de millions, » dénonce Stefan Füglister, auteur de l’étude mandatée par Greenpeace.
Axpo mentionne dans son communiqué de presse de ce jour que cela n’augmente que de peu les émissions de CO2. Or la quantité totale de polluants émis (p. ex. les matières radioactives) par le processus de fabrication nouvellement révélé est bien plus décisive pour l’établissement d’un écobilan. Les matières nucléaires russes provenant de réacteurs navals sont traitées à Majak (près de Tcheliabinsk, Oural du Sud, Russie), puis intégrées à du combustible nucléaire pour les CN suisses. On ne sait pas comment Axpo veut calculer un impact environnemental, alors que même l’AIEA n’a pas accès aux installations de Majak. Les environs de Majak sont aussi fortement irradiés que la zone interdite autour de Tchernobyl.
Les tractations à ce sujet restent opaques, malgré les dernières informations fournies par Axpo. Il est en outre inacceptable que les autres exploitants de CN en Suisse se retranchent derrière le secret des affaires et ne donnent pas d’indications sur leurs filières de matières nucléaires. Greenpeace exige un renforcement de la Loi fédérale sur l’énergie nucléaire (LENu) telle que le prévoit la motion du Conseiller national Geri Müller soutenue par 30 signataires; la LENu doit stipuler que les exploitants de CN doivent comptabiliser sans lacunes toutes les étapes de transformation de l’uranium (voir ci-dessous, en italique). C’est la seule façon d’empêcher que certaines transactions portant sur des matières fissiles ne puissent plus être tracées et que, comme dans le cas de la CN de Beznau, une partie des matières nucléaires exportées par la Suisse finisse dans des réacteurs russes du même type que celui qui a provoqué la catastrophe de Tchernobyl.
L’étude de Greenpeace est disponible sur www.greenpeace.ch/fr/dechargements/atome/ (en fin de page) ou auprès de Nicolas de Roten, Porte-parole de Greenpeace, tél. 022 741 03 61.
Chaque étape de la fabrication de combustible nucléaire doit être documentée
L’uranium retraité est récupéré dans les usines de retraitement de La Hague (France) et de Sellafield (Royaume-Uni) à partir des éléments de combustible nucléaire irradié des CN suisses. Il est ensuite envoyé en Russie où il est mélangé à des matières fissiles russes, ce qui donnera de nouveaux éléments de combustible. La législation existante contraint les CN suisses à tenir une comptabilité des matières nucléaires en leur possession en Suisse et à l’étranger. En ce qui concerne l’uranium retraité pour Axpo, soit cela n’a pas été fait avec une précision suffisante, soit cela a été contourné par un changement de détenteur ou de propriétaire. La motion déposée au Conseil national demande que chaque changement de détenteur de matériel nucléaire ayant eu un propriétaire suisse – par changement de détenteur, par échange ou toute autre transaction légale ou factuelle dans le cadre de contrats avec des sous-traitants du secteur de l’industrie nucléaire, que ce soit en suisse ou à l’étranger – soit soumis à une autorisation obligatoire ou au moins à une annonce obligatoire. Ce afin de pouvoir garantir la traçabilité des matières nucléaires en cas de disputes légales ou de conflit international.
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