Les résultats ont été obtenus grâce à la décomposition d’Oaxaca-Blinder, une méthode généralement utilisée pour mesurer les discriminations salariales.
Cette étude menée par Mehdi Berrada, Youba Ndiaye, Didier Raboisson et Guillaume Lhermie, a été publiée le 14 novembre 2022 dans Frontiers in Veterinary Science sous le titre « The gender wage gap in the French veterinary labor market ».
Les données ont été recueillies grâce à une enquête menée en novembre 2021 par le syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral. Les vétérinaires ont été interrogés sur leur emploi, leur grade, leurs années d’expérience, le volume horaire des gardes et des astreintes ainsi que les difficultés rencontrées dans l’exercice de leur profession.
La décomposition d’Oaxaca Blinder utilisée dans cette étude est une méthode statistique qui explique les différences observées entre deux groupes distincts. Ce modèle décompose les écarts constatés entre deux populations en une part expliquée et une part inexpliquée. La part expliquée est l’écart dû à des différences dans les caractéristiques des deux groupes étudiés, comme un niveau de qualification inégal explique l’écart salarial entre deux individus. Tandis que la partie inexpliquée représente la différence résiduelle lorsque toutes les différences dans les caractéristiques entre les deux groupes ont été prises en compte.
Après avoir identifié les principaux facteurs qui expliquent le salaire des vétérinaires, il a été démontré que l’écart salarial inexpliqué entre femmes et hommes vétérinaires, à compétence et expérience égales, était d’environ 9,3 % à la faveur des hommes.
Toutefois, une certaine vigilance est requise lors de l’interprétation de ce chiffre car cet écart n’est pas nécessairement et exclusivement causé par la discrimination. Il est possible que cet écart soit dû à des données incomplètes ou impossibles à vérifier comme les heures de travail inhabituelles, la motivation ou le rythme de travail des vétérinaires salariés. Mais il n’en demeure pas moins que l’écart salarial entre hommes et femmes est une constante, comme le confirment plusieurs études. La réflexion autour de cet écart salarial inexpliqué ne doit pas être limitée aux caractéristiques observables d’un modèle économétrique. Une réflexion doit être engagée pour comprendre ce qui creuse l’écart entre les hommes et les femmes en amont, notamment dans la socialisation et le conditionnement des genres.