On le voit de si loin, on l’admire… il surplombe le village millénaire, le lac et la rivière de l’Argens.
Idéalement située entre l’Esterel, les Maures et la Méditerranée, la commune de Roquebrune-sur -Argens est indissociable de son emblématique Rocher, un site classé au caractère exceptionnel.
Tout y est surprenant : sa situation, sa silhouette, ses paysages, sa texture géologique, sa flore extraordinaire, sa faune, son histoire et ses légendes.
Le Rocher dans son ensemble, singulier et mystérieux, constitue un atout incontournable pour le patrimoine et le tourisme varois et compte parmi les monuments naturels les plus emblématiques du département.
Espace Naturel Sensible (ENS), le Rocher de Roquebrune est un imposant bloc rocheux isolé qui se dresse majestueux au-dessus de la plaine de l’Argens et qui s’étend sur 6km2, à cheval sur la commune de Roquebrune sur Argens et la commune du Muy.
Cette grandiose masse brun rouge émerge de la végétation pour s’élancer vers une crête sinueuse en dents de scie culminant à 373 mètres d’altitude.
Sa richesse au plan biologique et son impact paysager ont conduit à l’intégration du Rocher parmi les sites classés NATURA 2000 depuis 1989.
Toile de fond pour les roquebrunois depuis plusieurs générations, il tient une grande place dans leur cœur, il fait partie de leur vie, il rythme leurs journées avec ses nuances couleur ocre.
Après une immersion totale dans une nature préservée, depuis son sommet, il est possible de contempler l’un des plus beaux panoramas de la région ! Du bassin de Fréjus et Saint Raphaël avec l’Estérel en arrière plan au massif des Maures et les sommets enneigés des Alpes du Sud l’hiver, une vue sublime à 360°.
GEOLOGIE DU ROCHER
Une curiosité géologique singulière
D’un point de vue géologique, le Rocher révèle une structure assez variée et chaotique : d’où vient cet amas de roche déchiquetée qui tranche avec les plaines avoisinantes ?
Le Rocher de Roquebrune est une roche détritique formée de matériaux provenant des massifs environnants qui se sont entassés et cimentés avec le temps.
Avant le permien, à la fin de l’ère primaire il y a 250 millions d’années, se dressait à cet endroit la chaîne montagneuse hercynienne où les massifs des Maures et du Tanneron étaient réunis.
Elle sera complètement nivelée par l’érosion sur environ 50 millions d’années et une partie des débris s’est accumulée dans un profond bassin d’effondrement situé au nord du massif des Maures. Ce mélange de sables et galets où le granit est dominant s’est métamorphisé sous forme de ce que l’on nomme « les arkoses de Roquebrune », un conglomérat composé de fragments de granit du Plan de la Tour, de gneiss provenant du Massif des Maures et des blocs de rhyolite amarante (roche issue d’une lave acide solidifiée) de l’Estérel.
C’est durant l’ère tertiaire que des mouvements tectoniques et sismiques ont provoqué un rajeunissement du relief et ont fait remonter le conglomérat à la surface, constituant ainsi l’énorme massif de roche sédimentaire que l’on nomme aujourd’hui « Le Rocher de Roquebrune ».
Entièrement formé au permien, ce massif aura subi ensuite près de 300 millions d’années de transformations et d’érosion. Ce chef-d’œuvre naturel, aussi insolite dans sa formation que dans son isolement, a été modelé au milieu d’une plaine encadrée par deux vieux massifs nivelés par l’érosion.
C’est l’importante concentration d’oxyde de fer dans sa roche qui lui confère cet aspect rougeâtre, contrastant avec la végétation méditerranéenne. Suivant la position du soleil et son rayonnement, les falaises peuvent se parer d’une couleur pourpre foncé, ou bien d’une ocre presque jaune, en passant par un rouge orangé.
LA FAUNE ET LA FLORE
Territoire d’une grande variété végétale et animale
La singularité du Rocher est également due à la présence, sur un territoire très petit, d’une très grande diversité écologique et d’un nombre remarquable d’espèces végétales et animales.
Les habitats peuvent être groupés en trois grands types de milieux dont chacun abrite une faune et une flore spécifiques :
Les milieux forestiers
Les forêts sont constituées de chênes verts, de châtaigniers, de chênes lièges, de pins parasols, de houx, de genêt et de ciste de Montpellier. Ses habitants sont le blaireau, le circaète Jean-le-Blanc, le sanglier, le hérisson, l’engoulevent, ou le papillon Jason de l’arbousier.
Les milieux humides
Les cours d’eau et retenues offrent un refuge à la tortue cistude, à la libellule, à la grenouille de Perez, à la couleuvre vipérine, au faucon Hobereau, au crapaud Pélodyte ponctué ou encore au loriot. Les arbres et végétaux sont l’aulne glutineux, le peuplier blanc, la fougère et deux types d’orchidées : l’helléborine négligée et la spiranthe d’été.
Les milieux ouverts
Ce sont les falaises et les rochers, les zones agricoles, les pelouses et le maquis. On y trouve une fougère tropicale, le notholéna de Maranta, l’orchidée Ophrys, le figuier de barbarie, la romuléé de columna et la lavande des Maures. Impossible de terminer sans évoquer la violette de Roquebrune (viola roccabrunensis), seule plante endémique du Rocher. C’est une pensée identifiée très récemment, en 2004.
Les habitants sont le lézard ocellé, le hibou grand-duc, le merle bleu, la huppe fasciée, le fourmillon géant, la couleuvre de Montpellier qui peut dépasser 2 mètres et la tortue d’Hermann, espèce protégée, si emblématique et précieuse en Provence.
LES LEGENDES
Symbole de l’identité de la Commune, il existe autour du Rocher des légendes qui nous transportent à travers l’Histoire et le temps
Les Trois Croix
Appelé également « Le Rocher des Trois Croix », ce site a toujours possédé une valeur religieuse très importante au fil des siècles.
La présence de trois croix au sommet du Rocher semble être attestée depuis la nuit des temps puisque la légende raconte que lors de la crucifixion du Christ le rocher se brisa en trois failles, symboles des trois plaies, ou bien encore des trois croix sur le Calvaire. Par la suite, trois croix furent dressées au sommet du rocher et furent l’objet de pèlerinages.
A la Maison du Patrimoine un ex-voto du 18ème siècle illustrant l’invasion des troupes du Duc Amedé de Savoie de 1707 et, à l’église paroissiale, un tableau du 18ème siècle figurant Saint-Aygulf devant le Rocher témoignent de l’existence de ces croix symboliques détériorées au fil du temps par les intempéries.
Au début des années 90, le sculpteur Bernar Venet a été pressenti pour façonner les trois croix monumentales en acier qui surplombent actuellement le rocher. L’artiste contemporain s’est inspiré de trois peintures célèbres de la crucifixion, chefs-d’œuvre de Giotto (14ème siècle, chapelle Scoregni de Padoue), Grünewald (15ème siècle, musée Interlinden de Colmar) et Le Greco (16ème siècle, musée le Prado à Madrid).
L’œuvre qui domine désormais la plaine de l’Argens a été inaugurée le 11 juillet 1991.
Le Saint-Trou
La légende raconte l’arrivée en ces lieux d’une jeune femme à la beauté remarquable, mais cette dernière avait fait vœux de chasteté et de piété. Cependant, voilà qu’un jour de chasse un noble de la région l’aperçut et décida de la courtiser. Devant ses avances insistantes la jeune femme s’enfuit, l’homme à ses trousses. Arrivée devant une paroi rocheuse sans issue, elle supplia la Sainte Vierge de lui venir en aide. Le rocher se fendit alors d’une crevasse large juste assez pour la laisser passer, laissant l’homme incapable de la poursuivre. Aujourd’hui on raconte toujours que seules les âmes vertueuses peuvent franchir cette étroite cavité appelée le Saint-Trou. Les autres sont condamnés à en faire le tour en guise de pénitence.
(site aujourd’hui privé – non accessible)
L’HOMME ET LE ROCHER
Un site exceptionnel connu de l’homme depuis la nuit des temps
Quelques silex taillés datant du paléolithique supérieur, trouvés sur le flanc sud du Rocher, attestent du passage en ces lieux des hommes de Cro-Magnon. Les premières traces d’occupation remontent ensuite à l’âge du bronze : quelques poteries parmi lesquelles un fusaïole utilisé pour filer la laine.
Par la suite, le Rocher a été habité de tous temps : cabanes, camps de retranchement, habitats divers, murailles, oppidums, camps fortifiés des Ligures… Puis avec la longue paix romaine, les populations délaissent peu à peu les hauteurs et les habitats perchés, la nature reprend ses droits. Jusqu’au Ve siècle de notre ère environ, quand les premières communautés chrétiennes ont cherché à nouveau la sécurité des habitats perchés.
Le Rocher abrite un site archéologique exceptionnel dit « site de Sainte-Candie » qui a fait l’objet d’un majeur chantier de fouilles en 2016. Les recherches d’une vingtaine d’archéologues venus du monde entier, ont permis de révéler les traces d’une occupation importante du site durant le Haut Moyen-Âge (Vème –IXème siècle).
La présence d’habitants tout au long de cette période est attestée par les vestiges d’un village fortifié estimés à 7.7 hectares, de quartiers d’habitat structurés autour de ruelles, deux églises et de nombreuses sépultures ainsi que des céramiques provenant d’Egypte, d’Afrique et de Syrie.
CURIOSITES :
La femme endormie
Le Rocher est également surnommé la « femme morte » ou la « femme endormie » car, vu du nord de Roquebrune son profil laisse penser à la silhouette d’une femme allongée comme un gisant. Depuis l’autoroute A8, en direction de l’ouest, l’on peut imaginer la tête à gauche, la poitrine, le torse au milieu, les jambes et les pieds à droite.
Le cadran solaire
A sa mi-hauteur, le Rocher donne l’heure au moyen d’un cadran solaire naturel appelé « lou clègue ». Il peut être aperçu par un œil expert à l’endroit où la roche affecte la forme d’un Y majuscule, côté nord. Au moment où le clègue rentre dans l’ombre il est midi. Si, de nos jours, rares sont ceux qui le consultent, il était courant de le faire jusqu’au début du siècle dernier.
La météo
Jadis le Rocher rythmait la journée et lorsque le temps allait changer on regardait le Rocher. S’il se coiffait d’un chapeau de nuages, l’on disait :
« Quouro la roucaio a lou capèu, s’a pas plougu, ploura ben lèu » (Quand le Rocher a le chapeau, s’il n’a pas plu, il pleuvra bientôt).
Les rochers jumeaux ou les deux frères
Nommés « les deux frères », deux rochers jumeaux se trouvent sur le Rocher, comme posés artificiellement. Ils pourraient être à l’origine du blason de la Ville de Roquebrune-sur-Argens : « D’or à deux rochers de sable à côté l’un de l’autre ». D’or représente la tonalité du fond du blason, de couleur jaune. « A deux rochers de sable à côté l’un de l’autre » désigne les deux formes rocheuses appelés les deux frères, deux impressionnantes colonnes sculptées par l’érosion. La couleur « sable » n’illustre pas la matière mais la couleur noire. La couronne qui surmonte le blason s’interprète de deux manières : on peut y voir le rappel de la Provence médiévale qui était un Comté, aussi bien que le nombre de portes qui permettaient l’accès de la ville, autrefois fortifiée.
Jeu de ballon
Le site du « jeu de ballon » est une brèche surprenante. Il s’agit d’un long couloir à ciel ouvert, long de 30 mètres et large de 10 à 15 mètres. Il se trouve entre deux parois verticales ouvertes couvertes de lierres, hautes de 40 à 50 mètres, dont la taille correspond à celle d’un terrain de jeu. A ses deux extrémités, le ravin débouche sur la forêt de chênes lièges et sur un maquis épais.
Certains pensent que c’était là que les religieux jouaient au ballon.
OUVERTURE SENTIERS RANDONNEES – JUIN 2022
4 parcours différents mais toujours un niveau élevé pour cette randonnée.