Vingt containers d’uranium usé français sont actuellement chargés à bord du cargo Conmar Elbe, arrivé hier soir dans le port de Dunkerque. Le cargo fera ensuite route vers Saint-Pétersbourg, en Russie. A 9h, des militants et militantes de Greenpeace France ont perturbé le chargement en déployant des banderoles « Stop aux trafics radioactifs » ou « Nuclear is not green » à proximité du quai Freycinet 12.
Les containers d’uranium usé – ou uranium de retraitement – ont quitté le site d’entreposage de l’entreprise du nucléaire Orano à Pierrelatte, dans la Drôme, le lundi 25 octobre 2021 en début d’après-midi par train. Après des arrêts prolongés à Sibelin, au Sud de Lyon, à Villeneuve-Saint-Georges et à Drancy, en région parisienne, puis à Somain, près de Valenciennes, le convoi est arrivé à Dunkerque mercredi 27 octobre à 20h.
Le 12 octobre dernier, à l’occasion d’une action devant le siège d’Orano à Châtillon, au Sud de Paris, Greenpeace avait révélé la reprise début 2021 des exports d’uranium usé vers la Russie, une pratique abandonnée par l’industrie nucléaire française depuis plus de dix ans pour des raisons environnementales, industrielles et économiques. Deux premiers transports avaient été effectués depuis le port du Havre les 20 janvier et 12 février.
« Avec un périple tortueux en train et un changement de port de départ, Orano a fait beaucoup d’efforts pour rendre ses trafics radioactifs le plus opaque possible. L’industrie nucléaire française semble avoir du mal à assumer sa gestion irresponsable des déchets nucléaires », explique Yannick Rousselet, chargé de campagne Nucléaire à Greenpeace France.
En Russie, l’uranium usé est envoyé par train au cœur de la Sibérie, à Seversk – anciennement Tomsk-7. Là, il est soit transformé, selon un processus polluant, qui rend inutilisable une grande partie de la matière initiale, soit laissé sur place en l’état. « Le recyclage dont se vante l’industrie nucléaire est un mythe : les déchets nucléaires ne font que s’accumuler, que ce soit en Russie ou en France, sans perspective crédible de réutilisation », analyse Yannick Rousselet.
Greenpeace France demande l’arrêt définitif des exportations d’uranium de retraitement français vers la Russie, qui sont un non-sens environnemental, social et économique. Classé aujourd’hui par la réglementation française comme une « matière » valorisable, l’uranium de retraitement doit intégrer la catégorie « déchet », comme c’est le cas dans la majorité des pays nucléarisés du monde. Son stockage définitif sur le territoire français doit être prévu et organisé.
Enfin, parce qu’il produit des déchets dangereux, sans solution de traitement ou de recyclage, le nucléaire doit être définitivement exclu de la taxonomie européenne, la classification de l’Union européenne des investissements considérés comme verts, et aucun nouveau réacteur ne doit être construit.