Les entreprises qui utilisent de l’huile de palme ne font pas assez d’efforts pour stopper la destruction de l’environnement et les violations des droits humains en lien avec la culture de cette matière première. Ce constat ressort de la Scorecard publiée aujourd’hui. Elle révèle cependant aussi un fait réjouissant: le détaillant suisse Coop occupe la tête du classement mondial.
Les résultats globaux de la Scorecard de l’huile de palme sont décevants: les entreprises ne font pas assez d’efforts pour exclure la déforestation de leurs chaînes de livraison. La demande d’huile de palme augmente et la destruction de la nature avance à un rythme alarmant.
L’entreprise de commerce de détail suisse Coop occupe la tête du classement mondial, avec un score de 22,4 points sur un maximum possible de 24. Migros s’améliore, avec un total de 19 points contre 13 lors du relevé précédent.
L’industrie du chocolat continue en revanche de décevoir. Le secteur non alimentaire qui présente, depuis la Suisse, le risque de déforestation et de violation des droits humains le plus important, ne fait malheureusement pas mieux.
Citations de Romain Deveze, expert en matières premières au WWF Suisse:
«En Suisse, le secteur non alimentaire (cosmétiques, chimie, etc.) est responsable de près de 40% des importations d’huile de palme. Une nouvelle fois, il n’est pas parvenu à faire preuve d’un engagement suffisant en faveur d’une huile de palme durable. Vu depuis la Suisse, c’est lui qui fait peser le plus grand risque sur les forêts menacées par les plantations.»
«L’industrie du chocolat suisse déçoit également: malgré tous les efforts entrepris pour rendre sa chaîne d’approvisionnement du cacao plus durable, elle est toujours à la traîne en matière de compatibilité écologique de l’un de ses principaux ingrédients.»
«Les chaînes de livraison peuvent être aménagées de manière à exclure la déforestation si les fournisseurs sont contraints de respecter les directives au moyen de mécanismes clairs.»
Les entreprises qui utilisent de l’huile de palme font trop peu d’efforts pour s’assurer que leurs chaînes de livraison ne laissent pas la place à la déforestation ni aux violations des droits de l’homme. C’est ce que révèle la nouvelle Scorecard de l’huile de palme 2021 du WWF. Dans ce classement, aucune entreprise n’atteint le nombre de points maximum. En moyenne, elles obtiennent une note de 13,2 sur 24 points possibles. Plus d’un tiers (85) des 227 entreprises interrogées par le WWF n’ont même pas répondu au sondage. Ce résultat est très décevant, la demande d’huile de palme étant en constante augmentation et la destruction de l’environnement se poursuivant à un rythme alarmant.
Heureusement, une entreprise suisse occupe la tête du classement mondial: le détaillant Coop est le seul à obtenir plus de 22 points (sur un maximum de 24). Coop achète quasiment la totalité de l’huile de palme qu’elle utilise auprès de sources physiquement certifiées comme étant durables, aussi pour son secteur non alimentaire. L’entreprise a par ailleurs fait des progrès en matière de transparence en s’engageant clairement contre la déforestation et les violations des droits humains et en communiquant ce choix au public. Coop a également investi dans ses fournisseurs, par le biais de la certification RSPO, en particulier à travers son travail au niveau de la certification Bio Suisse et de la mise sur pied de projets spécifiques sur le terrain, dans les régions de production. Par rapport à la dernière Scorecard de l’huile de palme en 2019, Migros a également fait des progrès, avant tout en investissant directement sur place pour soutenir la production durable d’huile de palme dans de petites exploitations. Elle se classe au 19e rang.
L’industrie du chocolat est à la traîne
Il est flagrant de voir que l’industrie du chocolat est à la traîne, comme c’était déjà le cas en 2019. Les entreprises suisses Barry Callebaut et Lindt ont encore un long chemin à parcourir avant de garantir une chaîne de livraison transparente. Leurs engagements ambitieux en faveur d’un cacao de production durable devraient, dans les meilleurs délais, s’étendre aussi aux autres ingrédients, l’huile de palme étant de loin la matière première la plus importante en termes de quantités.
Quant à Clariant, une représentante importante du secteur de l’industrie chimique en Suisse, qui achète de grands volumes d’huile de palme, elle fait partie des entreprises les moins responsables au monde. Elle n’a en effet pas pris la moindre mesure pour acheter de l’huile de palme un tant soit peu responsable. En faisant preuve d’une quasi totale absence de responsabilité et d’engagement dans ce domaine, Clariant contribue indirectement au maintien de mauvaises pratiques dans les régions de culture, et notamment de la déforestation illégale et des violations des droits humains.
Le WWF a évalué en tout 227 grands détaillants, fabricants de biens de consommation et entreprises de l’industrie alimentaire à l’aulne de leurs engagements et des mesures prises pour rendre l’industrie de l’huile de palme plus écocompatible. Il s’agit de la Scorecard la plus internationale à ce jour, puisqu’elle porte sur des entreprises ayant leur siège sur les cinq continents. Parmi celles-ci, on trouve des marques bien connues telles que Carrefour, IKEA, L’Oréal, McDonald’s, Nestlé et Walmart.
Culture de l’huile de palme: le contexte
La production mondiale d’huile de palme est passée de 15,2 millions de tonnes en 1995 à près de 62,9 millions de tonnes en 2017. Ce développement est depuis longtemps lié à la déforestation. Une étude a montré que 45% des plantations de palmiers à huile examinées d’Asie du Sud-Est se trouvaient dans des zones qui étaient encore couvertes de forêts en 1989. Le commerce mondial est responsable de cette destruction dans une large mesure. Dans certains pays d’Afrique et d’Asie, le fait de couper des arbres pour les remplacer par des palmiers à huile a aussi forcé des peuples indigènes à quitter leurs terres d’origine. La culture d’huile de palme est en partie aussi associée au travail forcé et à d’autres violations des droits humains. En Suisse, de 2015 à 2019, la consommation totale d’huile de palme était de plus de 63 000 tonnes par année en moyenne. Le rapport du WWF «Risky Business: Deforestation and social risks in Switzerland’s imports of commodities» expose dans quelle mesure les importations suisses de matières premières agricoles et sylvicoles encouragent la déforestation https://www.wwf.ch/fr/stories/deforestation-importee-nous-mangeons-la-foret-tropicale.