De grandes entreprises françaises, des universitaires et une ONG ont décidé de prendre à bras le corps la problématique de la nature au sein de l’économie : alors que 50% de l’économie mondiale dépend directement de l’état de santé de la nature, il n’existe aucun outil pour l’intégrer aux comptes des entreprises. De la même façon que pour le climat les entreprises sont aujourd’hui capables de mesurer leur empreinte carbone, l’objectif du « Lab Capital Naturel » est d’encourager et d’accompagner les entreprises dans l’expérimentation d’outils dédiés au capital naturel afin d’inscrire le développement économique dans le respect des seuils écologiques.
Une nouvelle dynamique économique pour la biodiversité
Lancée officiellement ce jour, le « Lab Capital Naturel » est co-portée par la Chaire Comptabilité écologique d’AgroParisTech et par l’expertise de 5 grandes entreprises françaises* (Carrefour, GRDF et le Groupe Bel, le Groupe Rocher et LVMH), et 9 membres observateurs. A-travers cette initiative, le WWF France a souhaité réunir des acteurs économiques et politiques au sein d’un nouvel espace pour les engager et les accompagner face aux dégradations alarmantes des écosystèmes.
« La nature est le socle de nos économies or, à ce stade, les entreprises ne disposent pas des outils pour la prendre en compte. En plus d’objectifs de décarbonation, il est vital que les entreprises intègrent des objectifs et des trajectoire biodiversité, ainsi que des indicateurs et des méthodologies de capital naturel dans leurs stratégies et outils de gestion. » explique Véronique Andrieux, Directrice Générale du WWF France « Nous saluons l’implication active d’entreprises françaises leader qui se sont engagées à tester et travailler avec le WWF France. Et nous profitons de ce lancement pour appeler d’autres acteurs économiques à rejoindre l’initiative en amont de la COP15. »
Une nouvelle méthodologie pour mesurer et préserver la biodiversité
L’objectif est également de créer et de mettre en œuvre des nouvelles méthodologies pour mesurer et limiter les impacts sur la nature à des niveaux qui soient écologiquement pertinents :
- Des méthodologies qui permettent de définir des objectifs environnementaux alignés avec les connaissances scientifiques ;
- Un instrument de comptabilité qui permet d’intégrer ces objectifs dans les stratégies des entreprises et de transformer leurs modèles d’affaires.
Concrètement, le Lab Capital Naturel vise à renforcer la compréhension, l’appropriation, l’opérationnalisation et le déploiement de différents outils de soutenabilité forte.
Parmi les approches de soutenabilité forte existantes, les membres travaillent sur trois méthodologies clés :
- Science Based Targets for Nature (SBTN) : l’initiative SBTN permet à une organisation d’évaluer et prioriser les impacts de sa chaîne de valeur sur la nature, de définir des objectifs de conservation alignés sur les connaissances scientifiques, et mettre en place des plans d’action pour éviter, réduire ces impacts, et restaurer son capital naturel.
- One Planet Approaches (OPA) : l’approche méthodologique OPA a été développée par le WWF Pays Bas en partenariat avec Metabolic. Elle vise à accompagner les entreprises dans la définition, au niveau des territoires dans lesquelles elles opèrent, d’objectifs de soutenabilité environnementale alignés sur les capacités des écosystèmes, dans le but de piloter leurs activités et rendre compte de leur performance.
- Comprehensive Accounting in Respect of Ecology (CARE) : développé par la Chaire comptabilité écologique, CARE est un outil de comptabilité multi-capitaux permettant d’intégrer le capital naturel et le capital humain dans la comptabilité financière des entreprises afin de repenser leurs objectifs stratégiques, leur gestion, et leur modèle d’affaires.
Parvenir à un accord ambitieux sur la biodiversité lors de la COP15
Dans le cadre des négociations internationales devant aboutir à l’adoption d’un accord mondial sur la biodiversité à l’issue de la COP15, les progrès réalisés dans le cadre du Lab doivent inviter les Etats qui négocient à la COP à faire des entreprises un maillon essentiel de la protection de la biodiversité. Concrètement, le WWF appelle les Etats à reconnaître dans l’accord de la COP15 le rôle des entreprises et à s’engager à renforcer leur cadre réglementaire national pour amener les entreprises à mettre fin aux activités destructrices de la nature et à réduire leur empreinte environnementale.
*Membres du Lab Capital Naturel
Membres actifs
- Carrefour
- GRDF
- Groupe Bel
- Groupe Rocher
- LVMH
Membres observateurs
- CDC Biodiversité
- Compta durable
- Fondation AgroParisTech
- La Dame à la Licorne
- Michelin
- Ministère de la Transition Écologique
- Université Paris Dauphine
- Université de Reims Champagne-Ardenne
- Vertigo Lab