Alors que le Brésil subit sa pire sécheresse depuis un siècle et que la déforestation et les incendies continuent de ravager l’Amazonie, le Cerrado et d’autres écosystèmes d’Amérique du Sud, le cargo Giewont, chargé de 70 000 tonnes de tourteaux de soja en provenance du Brésil, est arrivé à Montoir-de-Bretagne pour décharger sa cargaison. Il a été accueilli par des militant·e·s de Greenpeace, afin de dénoncer l’inaction du gouvernement français sur la question de la déforestation importée.
Le cargo Giewont est parti le 13 juillet du port de Salvador, à proximité du Cerrado, une région à l’écosystème dévasté par les plantations de soja et l’élevage bovin. A son bord, une cargaison de 70 000 tonnes de tourteaux de soja destinés à l’alimentation des animaux d’élevages français. Or, la culture du soja exerce une pression croissante sur la région du Cerrado et les signaux sont au rouge. Hier, l’Institut brésilien de recherche spatiale révélait des chiffres alarmants : le nombre de foyers d’incendies recensés dans le Cerrado au mois de juillet 2021 s’élève à 6955, soit une hausse de 23% par rapport à la même période l’année dernière.
Chaque année, ce sont deux millions de tonnes de soja en provenance du Brésil qui sont importées par la France sans aucune garantie de l’absence d’impact sur la déforestation.
« L’arrivée de ce nouveau cargo, le 15e cette année en provenance du Brésil selon nos estimations, est un terrible symbole de l’inaction du gouvernement français, alors que les incendies battront cette année encore de nouveaux records au Brésil, souligne Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts à Greenpeace France. Le Cerrado et l’Amazonie sont des écosystèmes uniques, essentiels à la survie de l’humanité et ils sont ravagés par l’installation de pâturages pour l’élevage bovin, destiné au marché local, et de plantations de soja destiné à l’exportation. Le gouvernement français a maintes fois souligné qu’il avait un rôle à jouer ; il doit maintenant agir, et les militantes et militants de Greenpeace France sont là pour le lui rappeler. »
Baptisées “Sentinelles des forêts”, des militants et militantes du groupe local de Greenpeace Nantes ont suivi le déchargement du cargo et ont déployé des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Déforestation : on vous a à l’œil » .
Les “Sentinelles des forêts” sont présentes dans tous les grands ports français qui voient transiter des cargaisons de soja en provenance du Brésil. Leur objectif : mettre en lumière le ballet incessant des cargos qui accostent en France avec à leur bord des dizaines de milliers de tonnes de soja destiné à nourrir nos animaux d’élevage.
Les demandes de Greenpeace France
• Concernant la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) : Greenpeace demande au gouvernement français de prendre de toute urgence des mesures contraignantes pour mettre en œuvre ses engagements et garantir que le soja importé en France n’est pas connecté à la déforestation ou à la destruction d’écosystèmes naturels. Il doit se conformer à ses engagements en ne laissant plus entrer aucune matière première ou produit transformé issus de la déforestation, de la dégradation des forêts ou de la conversion des écosystèmes naturels.
• Concernant l’accord de libre-échange UE-Mercosur : Greenpeace demande à la France de rejeter définitivement l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Selon une expertise scientifique mandatée par le gouvernement, l’entrée en vigueur de cet accord augmenterait considérablement la déforestation dans les pays du Mercosur – jusqu’à 25 % par an pendant six ans[1].