Station thermale référente dans la prise en charge des troubles anxieux, Saujon fête ses 160 bougies et attend de ré-ouvrir ses portes aux curistes.
Dirigés depuis 5 générations par la famille Dubois, médecins de père en fils, les Thermes de Saujon sont un exemple de réussite à la fois médicale et entrepreneuriale. Depuis plus d’un siècle et demi, les Dubois ont su développer la médecine thermale à visée psy tout en consolidant l’entreprise pour assurer sa pérennité malgré les évènements successifs de l’histoire comme la crise sanitaire actuelle.
Il y aurait en France seulement 180 entreprises familiales centenaires et une seule dans le domaine médical. Les Thermes de Saujon sont l’établissement privé ayant la plus longue histoire de transmission familiale en ligne directe.
Aujourd’hui, l’ensemble compte deux cliniques psychiatriques de 138 lits, un centre thermal attirant près de 5000 curistes par an, une structure psycho-éducative baptisée l’École thermale du stress, plusieurs résidences destinées aux curistes, et enfin un spa. Une douzaine de psychiatres et médecins thermaux ainsi que 182 salariés y travaillent, pour un chiffre d’affaires approchant 15 millions d’euros en 2019.
Un livre intitulé « Les Thermes de Saujon – Cent soixante ans d’une histoire médicale et entrepreneuriale » écrit par Élisabeth Bourguinat, rédactrice indépendante, spécialiste de récits d’entreprises, vient d’être publié.
Une histoire familiale
L’histoire commence au XIXème siècle, avec le docteur Louis Dubois (1811-1895) qui s’installe tout d’abord comme médecin généraliste à Saujon, dans la maison de famille où il ouvre un établissement d’hydrothérapie avec une cabine de douche et salles de déshabillage.
Ses descendants, Stanislas (1858-1931), Robert (1884-1954), Jean-Claude (né en 1920), Thierry (né en 1949) et Olivier (né en 1962), se sont succédés et ont transformé cette modeste installation en un établissement référent et moteur dans la recherche sur le thermalisme psy.
Ils ont fait mentir un célèbre dicton selon lequel « le père construit, le fils consolide, le petit-fils dilapide ».
Pour Élisabeth Bourguinat, auteur de l’ouvrage « Cette histoire familiale n’a cependant pas été un long fleuve tranquille, mais les Dubois ont toujours réussi à surmonter les difficultés, chaque dirigeant contribuant par son talent propre, souvent complémentaire de ceux de ses prédécesseurs, à consolider l’entreprise et à assurer sa pérennité. Pour atteindre cette longévité, les Dubois ont accompli deux tours de force. Le premier est d’ordre médical, le second d’ordre entrepreneurial. C’est ce que j’ai voulu raconter dans cet ouvrage ».
Une réussite médicale au fil des maux
Tout au long de ces 160 ans, les médecins à la tête de l’établissement ont réussi à conjuguer le développement de la psychiatrie, telle qu’elle était enseignée dans les facultés à leur époque, et la mise en œuvre d’une médecine thermale dont les origines remontent à l’Antiquité. Le directeur actuel de l’établissement, le docteur Olivier Dubois, a su parachever ce mariage entre pratiques immémoriales et savoirs actuels en démontrant l’efficacité des cures thermales appliquées à certaines pathologies psychiatriques par des études scientifiques menées sous le contrôle d’experts universitaires. Saujon étant aujourd’hui LA station thermale référente en Europe dans ce domaine.
La nécessité de communiquer sur l’efficacité d’une cure thermale commence en 2000 par la publication d’un ouvrage médical par Olivier Dubois intitulé Thermalisme, hydrothérapie et psychiatrie.
Le premier essai thérapeutique baptisé Stop-TAG a évalué en 2010 l’efficacité du thermalisme à orientation psychosomatique dans le trouble anxieux généralisé en comparaison à celle du traitement médicamenteux référent.
Pour le Dr Olivier Dubois, l’objectif a été atteint et même dépassé : « les résultats ont été supérieurs à ceux que nous estimions. Sur 237 patients tirés au sort et randomisés entre les 2 groupes, l’efficacité de la cure a été supérieure de 44 % à celle du médicament !»
Le deuxième essai thérapeutique, baptisé SPECTh a évalué le sevrage des benzodiazépines, la principale famille de psychotropes aux vertus anxiolytiques et/ou hypnotique (pour le traitement de l’anxiété, des troubles sévères du sommeil), pendant une cure thermale de 3 semaines. Le critère de jugement principal était l’évaluation de la consommation de benzodiazépines 6 mois après la fin de la cure, comparativement à la consommation initiale. Au bout de six mois, 41 % des patients avaient cessé toute consommation de benzodiazépines, et au total 80 % l’avaient réduit d’au moins 50 %.
D’autres essais ont été menés et sont en cours actuellement.
En 2012, Olivier Dubois crée l’École thermale du stress, un dispositif permettant aux curistes de participer à des ateliers de thérapies cognitives et comportementales avec d’autres patients souffrant des mêmes pathologies. Aujourd’hui, Saujon propose plusieurs prises en charge : comment apprivoiser son stress ? comment réduire les benzodiazépines ? comment traiter un burn-out professionnel ? comment retrouver son sommeil ? comment réduire les symptômes post-traumatiques liés à la crise sanitaire ? comment prendre en charge des personnes atteintes du Covid avec séquelles ? comment apporter un répit thermal aux aidants ? comment aider les femmes après un cancer du sein dans leur reconstruction physique et psychologique ? comment aider les adolescents dans leurs troubles alimentaires, addictifs?…
Vers un centre de référence national pour la prise en charge du burn-out.
Aujourd’hui, fort de son expérience dans la prise en charge du burn-out et dépositaire d’un agrément de formation pour sa prévention, les thermes de Saujon offrent une gamme de propositions à disposition des entreprises. Repérer la souffrance, prévenir le burn-out, prendre en charge les situations d’épuisement, former les managers, sont les principaux objectifs recherchés. Cette année, les cliniques de Saujon ont candidaté pour devenir centre régional référent pour la souffrance des soignants. Ainsi, l’avenir du centre est d’affirmer son expertise reconnue sur la prise en charge du burn-out.
Une réussite entrepreneuriale
Pour résoudre l’équation à laquelle tous les Dubois ont été confrontés – « comment faire connaître à Paris et dans toute la France un établissement situé à Saujon, petite bourgade de Charente-Maritime ? » Olivier Dubois convaincu par son expérience clinique a fondé sa communication sur la démonstration des résultats médicaux obtenus avec la cure thermale, thérapie méconnue aujourd’hui et aux résultats sous-estimés en santé mentale d’autant que bénéficiant d’un environnement très adapté pour faire face aux maux du monde moderne.
Dans les années 1970, la fréquentation stagnait à moins de 200 curistes par an, aujourd’hui elle est à près de 5000. Les Thermes de Saujon connaissent donc un bel essor. Il s’agit du seul centre thermal en France exclusivement dédié aux troubles psychiques. Une stratégie des docteurs Dubois, de père en fils, consistant à se spécialiser dans ce que l’on appelait autrefois les « maladies nerveuses » aujourd’hui nommé la santé mentale.
« Selon des prévisions avant la crise sanitaire, 25 % des français ont fait, font ou feront une dépression nerveuse au cours de leur vie. Les personnes concernées sont généralement invitées par leurs médecins à prendre des médicaments et/ou à faire une psychothérapie, mais parfois sans résultats. La cure thermale de Saujon offre une troisième voie, institutionnelle, médicalisée à l’écart des lieux de stress habituels, et nettement moins stigmatisante que l’hôpital.» conclut le Dr Olivier Dubois.
Son objectif est de soulager ces souffrances les plus mystérieuses et les plus insaisissables, celles qui affectent le psychisme.