La semaine dernière, les élu·es de la ville de Lyon ont décidé, pour des raisons d’efficacité sous contraintes sanitaires, de servir dans les cantines scolaires un menu unique sans viande mais incluant des protéines animales, oeufs et poisson. Le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, ont réagi avec force sur les réseaux sociaux (Gérald Darmanin ici, Julien Denormandie là), dénonçant une « idéologie » imposée aux enfants par la ville de Lyon, arguant que « de nombreux enfants n’ont souvent que la cantine pour manger de la viande ».
Greenpeace France dénonce ces réactions qui témoignent d’une posture idéologique de la part des ministres concernés et attestent d’une profonde méconnaissance du terrain, des enjeux de santé publique et de l’urgence climatique.
« Le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation et le Ministre de l’Intérieur sont campés dans une posture politicienne de défense de l’élevage industriel. Ils renforcent inutilement la polarisation du débat entre « viande » et « sans viande », dénonce Laure Ducos, chargée de campagne Agriculture et Alimentation chez Greenpeace France. Le Haut conseil de la santé publique et l’Anses, qui demandent à l’ensemble des Français·es de consommer plus de légumineuses, de fruits et de légumes sont-ils eux aussi des idéologues « excluant les classes populaires” ? Plusieurs études ont démontré que ce sont les enfants issus des familles défavorisées qui consomment le plus de viande de mauvaise qualité. Introduire des menus végétariens équilibrés en restauration collective est donc une mesure forte en matière de santé publique et de justice sociale. Les ministres s’insurgent là où les élu·es de la ville de Lyon n’ont fait que répondre intelligemment à un contexte spécifique lié à la crise sanitaire et ce pour une durée déterminée. »
Sous la mandature de Gérard Collomb – soutenu par la majorité gouvernementale – la ville de Lyon avait déjà eu recours à une mesure identique pour assurer le maintien de la restauration scolaire en période de déconfinement, mesure qui avait été largement expliquée dans les médias.
Ce que les ministres peinent à reconnaître, c’est que l’introduction de menus végétariens est non seulement une nécessité en matière de climat et de santé, mais c’est aussi une mesure gagnant-gagnant pour les producteur·rices et les éleveur·ses français. Les études [1] montrent en effet que parmi les villes les plus engagées sur le bio, celles qui investissent le plus dans les menus végétariens sont aussi celles qui investissent le plus dans de la viande bio et locale. Et cela est d’autant plus critique que d’après l’interprofession Interbev, au moins 60% des viandes sont importées pour la restauration hors foyer et la restauration collective [2].
Greenpeace demande au Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation de revoir son positionnement en considérant la réalité de terrain en restauration collective et les études scientifiques : alors que les discussions vont s’ouvrir prochainement au sein de la commission spéciale au sujet du Projet de loi Climat et résilience, Julien Denormandie doit soutenir le « moins et mieux de viande » et l’introduction d’une option végétarienne quotidienne en restauration collective.
D’après une étude [3] parue en septembre 2020 et réalisée par le Basic pour Greenpeace, l’introduction d’une option végétarienne, si elle était adoptée par au moins 40% des élèves, permettrait de réduire de 23 à 31% les émissions de gaz à effet de serre émis pour produire l’alimentation des cantines scolaires.
[1] https://observatoire-restauration-biodurable.fr/sites/default/files/OBSERVATOIRE-Principaux%20r%C3%A9sultats-2020.pdf
[2] https://doczz.fr/doc/5390391/viandes-de-france-et-restauration-collective
[3] https://www.greenpeace.fr/espace-presse/cantines-scolaires-greenpeace-demontre-les-benefices-sur-lenvironnement-des-repas-vegetariens/