Les quatre organisations environnementales Pro Natura, WWF Suisse, BirdLife Suisse et Greenpeace Suisse saluent le fait que le Parlement ait amélioré la protection de l’eau potable. Ce premier pas est réjouissant, mais le chemin est encore long. Le Conseil des Etats doit aussi se pencher sur les défis urgents dans le cadre des débats sur la nouvelle politique agricole PA22+ à la mi-décembre.
Le Conseil national s’est rallié au Conseil des Etats et a décidé d’améliorer modérément le principe de précaution en matière de protection de l’eau potable. Il s’est par ailleurs exprimé en faveur d’un soutien aux cantons pour la délimitation des aires d’alimentation des captages d’eau d’intérêt général.
Malheureusement, le Conseil national n’a pas fixé d’objectifs clairs sur la question des excédents d’éléments fertilisants.
Les décisions prises aujourd’hui sont un premier pas dans la bonne direction, mais ne suffisent pas à répondre aux immenses défis écologiques, économiques et sociaux qui se présentent dans l’agriculture suisse. Pour cette raison, la nouvelle politique agricole 22+ reste indispensable.
Citations :
Eva Wyss, cheffe de projet Agriculture au WWF Suisse: «Le compromis du Conseil des Etats, qui a maintenant été adopté par le Conseil national permet d’améliorer la protection de l’eau potable sans trop affecter l’agriculture. Il est réjouissant que cet effort ait reçu un large soutien de la gauche à la droite du Parlement.»
Alexandra Gavilano, cheffe de projet Agriculture chez Greenpeace Suisse: «Cette amélioration modérée de la protection de l’eau potable est un premier pas dans la bonne direction. Néanmoins, l’utilisation des pesticides doit être réduite de manière drastique pour mieux protéger l’air, l’eau et le sol, et pour mettre l’agriculture dans son ensemble sur une voie durable.»
Patrik Peyer, chef de projet Agriculture chez BirdLife Suisse: «Il faudrait en principe une réduction des apports en éléments fertilisants d’au moins 40% pour tenir compte des écosystèmes et respecter le droit environnemental en vigueur.»
Marcel Liner, responsable de la politique agricole à Pro Natura: «En plus de la décision prise aujourd’hui par le Conseil national, il est désormais essentiel que le Conseil des Etats s’attèle au traitement de la PA22+. Les tactiques du lobby agricole pour repousser le traitement de la nouvelle politique agricole ne doivent pas conduire à une suspension du projet du Conseil fédéral.»
Une majorité du Conseil national s’engage pour une amélioration de la protection de l’eau potable. Avec la trajectoire de réduction des risques liés aux pesticides également adoptée, il s’agit d’un pas dans la bonne direction. Malheureusement, la Chambre basse s’est prononcée pour une solution minimale dans le traitement des excédents d’éléments fertilisants. La solution du Conseil national est ainsi bien en-dessous de la proposition faite à l’origine par le Conseil fédéral. Pourtant, une trajectoire de réduction ambitieuse serait urgente pour résoudre le problème des éléments fertilisants: en Suisse, les excédents d’apports en azote et en phosphore sont énormes, avec des effets terribles pour la diversité naturelle.
Le Conseil national a néanmoins décidé d’introduire une obligation de publication des livraisons d’éléments fertilisants, ce qui a pour effet d’améliorer la transparence et devrait permettre de surveiller la réduction effective des excédents.
L’initiative parlementaire traitée aujourd’hui au Conseil national est maintenant renvoyée au Conseil des Etats. A la mi-décembre, ce dernier devra débattre de la Politique agricole PA22+, urgente pour définir le cadre d’une agriculture à même d’affronter l’avenir et pour créer des mesures d’accompagnement importantes en lien avec la proposition débattue aujourd’hui. Le Conseil des Etats ne doit pas mettre la tête dans le sable mais débattre de la PA22+ au lieu de reporter cette discussion comme le souhaite le lobby agricole.