Amazonie : la France toujours “complice” des incendies

Cette année encore, l’Amazonie est en proie à des incendies incontrôlables depuis plusieurs semaines [1] et ce, dans l’indifférence de la communauté internationale. Greenpeace France dénonce la culpabilité du gouvernement brésilien et la complicité du gouvernement français qui refusent tous deux de mettre un terme à cette catastrophe climatique et environnementale.

« En 2019, les incendies en Amazonie avaient à juste titre suscité une très forte émotion partout dans le monde, rappelle Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts à Greenpeace France. C’est pourquoi il est d’autant plus révoltant de constater cette année non seulement que les incendies recommencent dans des proportions similaires mais qu’en plus absolument rien n’a été fait pour mettre un terme à la destruction irréversible de la plus grande forêt tropicale du monde. »

La France ne peut plus être “complice” de cette catastrophe
En août 2019, Emmanuel Macron reconnaissait la “part de complicité” de la France dans ces terribles feux de forêt [2]. Les importations massives de soja en France (entre 3,5 et 4,2 millions de tonnes par an), destinées à nourrir nos animaux d’élevage, sont notamment en cause puisque qu’elles proviennent majoritairement d’Amérique du Sud, où cette culture contribue à la déforestation et à la destruction d’écosystèmes naturels. Le gouvernement a pourtant publié en 2018 une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) visant à éliminer la déforestation liée à nos importations.

« Malgré les belles déclarations du président pour “sauver l’Amazonie” lors du G7 en 2019, la France n’a entrepris aucune action significative, dénonce Cécile Leuba. La SNDI n’est associée à aucune mesure concrète malgré les changements successifs de ministres , et la France continue à importer massivement du soja sud-américain pour nourrir ses animaux d’élevage, sans aucune garantie que ces importations ne contribuent pas à la déforestation et à la destruction d’écosystèmes précieux. C’est peut-être cette inaction coupable qui explique le silence assourdissant du gouvernement cette année alors que les incendies sont d’une ampleur considérable. »

La stratégie brésilienne inefficace
Par ailleurs, les piteuses opérations de communication mises en place par Jair Bolsonaro s’avèrent inefficaces, voire ridicules. Ni le moratoire mis en place il y a un mois interdisant les incendies, ni l’envoi de l’armée brésilienne sur le terrain en mai n’ont permis de faire baisser le nombre d’incendies en Amazonie de manière significative. Entre le 16 juillet et le 15 août 2020, 20 473 foyers d’incendies ont été comptabilisés, contre 22 250 en 2019 sur la même période. Greenpeace Brésil a d’ailleurs pu de nouveau documenter et photographier ces feux, bien que le président brésilien s’obstine à nier leur existence.

Les incendies dans la forêt amazonienne ne sont pas le fruit du hasard : ils sont délibérément provoqués par des éleveurs, des producteurs agricoles ou des propriétaires terriens pour étendre les terres utilisées pour le pâturage du bétail et l’agriculture industrielle, et cette pratique est encore aggravée par l’agenda anti-environnemental de Bolsonaro.

Des mesures à mettre en place de toute urgence
Greenpeace demande au gouvernement français de prendre de toute urgence des mesures permettant d’accélérer la mise en œuvre de la SNDI et de relever son niveau d’ambition. Le gouvernement doit appliquer immédiatement les grands principes énoncés dans cette stratégie pour garantir que les importations françaises, à commencer par celles de soja, ne contribuent en aucune façon à la déforestation, à la dégradation des forêts ou à la conversion d’écosystèmes naturels. La pétition lancée par Greenpeace France contre la déforestation importée fin juillet a d’ores et déjà réuni plus de 70 000 signatures [3].

[1] Entre le 16 juillet et le 15 août, 20 473 foyers d’incendies ont été enregistrés dans le biome, dont 15 000 au cours des deux premières semaines d’août. Source : Institut National des recherches spatiales (INPE).
[2] Interview d’Emmanuel Macron du 26/08/2019.

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