Retardée d’un mois pour cause de confinement, la mise à l’eau de l’IMOCA Charal a eu lieu samedi 16 mai à Lorient. Après le test de retournement à 90 degrés effectué lundi 18 mai, Jérémie Beyou et son équipe ont programmé un planning de navigations chargé dans les semaines à venir, afin de valider les nombreuses optimisations effectuées sur le bateau en vue du Vendée Globe, dont le départ sera donné dans six mois.
La période de confinement terminée le 11 mai, le Charal Sailing Team s’est retrouvé samedi 16 mai pour procéder à la mise à l’eau de l ‘IMOCA Charal, au terme d’un chantier d’optimisation de cinq mois et demi, inévitablement un peu chahuté. Pour Jérémie Beyou, cette mise à l’eau constitue un moment très fort dans l’histoire du projet : « Ça fait cinq-six mois que nous avons cette machine devant nous, je voyais ces dernières semaines les techniciens apporter, à tour de rôle, les dernières touches à cet édifice fabuleux, c’est génial de voir ce puzzle prendre forme. Le bateau est magnifique, on l’a encore fait énormément progresser. »
Dans quels sens ? « Dans tous les domaines, nous avons poussé le bouchon plus loin pour gagner en performances, sans jamais cependant sacrifier la fiabilité. Nous avons modifié l’équilibre général du bateau, l’étrave, le volume des ballasts, la répartition des poids, le poids de bulbe ; nous avons davantage fermé le cockpit, revu tout ce qui a trait à l’énergie et à l’électronique, construit de nouveaux foils et les puits qui vont avec, fait un nouveau mât et de nouvelles voiles. »
A l’arrivée, c’est une vraie V2 du bateau dessiné par le cabinet VPLP, en collaboration avec le bureau d’études du Charal Sailing Team, qui est sortie du hangar lorientais.
Et le skipper de Charal d’ajouter : « L’équipe a fait un boulot de dingue, il faut aussi saluer le travail de Gepeto Composite, qui s’est occupé de l’implantation des puits de foils, de Garmin et Pixel sur Mer pour l’électronique embarquée, de C3 Technologies pour la fabrication des foils ; on les a jaugés, mesurés, scannés, contrôlés, pendant la phase de construction puis en les mettant sous charge sur les bancs de tests début mai, il n’y a aucun défaut.
Bravo à eux parce que sur des pièces comme ça, c’est quand même du grand art. Maintenant, on a vraiment envie de tester tout ça et d’aller se faire plaisir sur l’eau avec l’IMOCA Charal. »
Ce qui est le cas depuis ce mardi 19 mai, coup d’envoi d’un programme planifié au jour près par Nicolas Andrieu, responsable de la performance du Charal Sailing Team. « Le programme est très précis, confirme Jérémie. Les deux premières semaines sont dédiées aux navigations techniques, au cours desquelles nous allons tester les nouveaux systèmes et les nouvelles pièces, calibrer l’électronique, régler le gréement… Ensuite, pendant quatre semaines, nous allons monter en puissance en commençant les vrais essais de notre nouvelle paire de foils à haute vitesse. L’objectif est de balayer tous les angles et toutes les forces de vent. Pendant ces navigations, il y aura des séquences en solitaire, surtout des manœuvres, mais la priorité est vraiment la prise en main du bateau et la mise au point des nouveaux foils et des voiles neuves avant la première course de l’année [Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne, passant par l’ouest de l’Islande et le nord des Açores, départ le 4 juillet]. »
Toutes ces phases se feront donc en équipage, avec, en plus de Jérémie Beyou, de Nicolas Andrieu, du boat-captain Ewen Le Clech et du directeur technique Pierre-François Dargnies, le retour de Christopher Pratt, mais aussi de Bertrand Pacé pour superviser les entraînements. Pour le skipper de Charal, cette mise à l’eau marque en tout cas le point de départ d’une période de six mois extrêmement intense : « Il n’y aura aucun moment de relâche, chaque jour va compter. Il va falloir être bien organisés, consistants dans notre travail, avoir de la ressource personnelle et en termes d’équipe. Même si je ne me suis jamais arrêté de travailler pendant le confinement, je me sens vraiment de retour en mode Vendée Globe et je compte bien en profiter pour prendre du plaisir. »