Après des semaines de silence sur les questions environnementales liées au plan de relance, la ministre de la transition écologique Elisabeth Borne a déclaré ce matin sur Europe 1 que les 7 milliards accordés à Air France ne seraient pas un chèque en blanc.
« Or il n’est pour l’instant question que d’engagements volontaires de la part d’Air France, ce qui est largement insuffisant au regard de l’enveloppe colossale de 7 milliards d’euros accordée. « Pas de contraintes légales, pas de moyens de sanction si l’entreprise ne respecte pas ces engagements : rien n’a été inscrit dans la loi, le gouvernement s’est même opposé à conditionner les aides aux entreprises au respect d’objectifs environnementaux », rappelle Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports pour Greenpeace France.
« Pire, dans son interview, la ministre prône l’utilisation des agrocarburants, promus par Air France, comme substitution au kérosène, alors qu’ils ne sont pas une solution pour lutter contre le changement climatique. À date, aucune technologie agrocarburant n’est prête à prendre le relais des carburants conventionnels en termes de volumes. Par ailleurs, les agrocarburants, en particulier ceux à base d’huile de palme et de soja, engendrent une déforestation massive en Amérique du Sud ou en Asie du Sud-Est et sont donc une bombe climatique. Air France nous vend donc des chimères, cautionnées par le gouvernement ».
Air France met en avant la diminution de 50 % des émissions de CO2 de ses vols domestiques d’ici à 2024 : « Cet engagement est insuffisant au regard de l’urgence climatique, et le gouvernement ne devrait pas s’en contenter : l’enjeu, c’est de supprimer les vols domestiques, en commençant par ceux pour lesquels une alternative en train existe déjà et en investissant dès à présent dans ces alternatives là où elles manquent encore. Or la compagnie a annoncé ce week-end la relance de ses lignes intérieures, comme le Paris-Bordeaux, accessible en 2 heures de TGV. C’est un très mauvais premier signal de la part d’Air France et un premier désaveu pour un gouvernement qui entend en faire la compagnie aérienne la plus verte du monde ».
Le gouvernement a également évoqué une réflexion en cours sur les vols domestiques quand une alternative en train de moins de 2h30 existe : c’est très insuffisant. Un Paris-Marseille en train, c’est 3 heures ; faire ce trajet en avion est également une aberration climatique. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et inscrire la fin des vols domestiques dans la loi : un simple engagement d’Air France à y réfléchir ne peut suffire.
Autre argument, les chiffres annoncés par Air France en termes de réduction d’émissions sont trop flous pour pouvoir aujourd’hui être réellement appréciés : par exemple, il semblerait qu’Air France parle de réduction d’émissions de CO2 au passager/kilomètre, ce qui ne dit rien de la nécessité de réduire globalement le trafic aérien et est donc insuffisant.
Enfin, Air France promet de renouveler sa flotte pour la rendre moins polluante : Air France ne fait ici qu’accélérer un engagement déjà acté, alors qu’un tel renouvellement est de toute façon nécessaire en termes de sécurité et de coût d’exploitation.