À l’heure où notre pays, comme tant d’autres, est confronté à une pandémie majeure et sans précédent, des chercheurs sont mobilisés aux quatre coins du monde pour trouver un remède et/ou un vaccin. Dans ce contexte singulier, la Fondation ARC s’est intéressée à l’image que les Français ont de la recherche biomédicale, notamment dans le domaine de la lutte contre le cancer. Les résultats de son étude* menée par Kantar en deux phases, avant et pendant le confinement, révèlent ainsi la forte estime et la confiance que nos concitoyens portent aux chercheurs scientifiques.
LA RECHERCHE : UN SECTEUR D’AVENIR DANS LEQUEL LES FRANÇAIS ONT CONFIANCE
Avant la crise du Covid-19, la Fondation ARC a demandé aux Français quels acteurs ils aimeraient voir jouer un rôle primordial dans la société de demain. En tête, ils ont placé les chercheurs scientifiques (63 %1) et les médecins (59 %1), devant les enseignants (46 %1). Cette confiance a été encore renforcée une fois le confinement effectif, avec +12 points pour les médecins (71 %2) et +7 points pour les chercheurs (70 %2). Les responsables politiques (28 %1) et les chefs d’entreprises (21 %1) n’ont, a contrario, pas été véritablement identifiés comme des acteurs clés des changements à venir. Une perception qui n’a pas pratiquement pas évolué malgré le confinement : seuls les dirigeants ont gagné 5 points (26 %2).
Les Français considèrent par ailleurs la recherche biomédicale, avec la médecine, comme les premiers secteurs de pointe (70 %2), loin devant l’industrie aérospatiale (50 %2) ou automobile (44 %2). Et, tandis que l’intelligence artificielle (39 %2) et le numérique (44 %2) sont souvent désignés arbitrairement comme les domaines les plus innovants, ils se voient ici relégués à l’arrière-garde du classement.
Enfin, les chercheurs apparaissent comme les héros méconnus de la société contemporaine. En effet, lorsqu’on leur demande de citer des noms, les Français peinent à se remémorer d’autres personnalités que les figures emblématiques de la recherche que sont Pierre et Marie Curie (37 % des sondés1), Louis Pasteur (36 %1) ou encore Albert Einstein (20 %1).
« Je suis agréablement surpris par l’intérêt que les Français portent à la recherche et à la place qu’ils souhaitent lui donner dans la société de demain, note le professeur Éric Solary, hématologue à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif et président du conseil scientifique de la Fondation ARC. Je suis en revanche moins étonné par la place primordiale donnée à la recherche biomédicale qui est sans doute celle qui concerne le plus directement les personnes interrogées, celle dont on parle aussi le plus facilement et le plus souvent. »
LES CHERCHEURS EN CANCÉROLOGIE PLÉBISCITÉS PAR LES FRANÇAIS…
Avec pour seule et unique mission la lutte contre le cancer, la Fondation ARC s’est tout naturellement intéressée dans son étude à la perception qu’ont les Français de la recherche en cancérologie. Dans ce domaine, les chercheurs sont majoritairement perçus comme travaillant pour le bien commun (51 %1). Des femmes et des hommes passionnés (50 %1), dont le travail permet d’améliorer la santé (47 %1) et dont les travaux sont dignes de confiance (37 %1).
75 %1 sont même convaincus qu’ils ont la capacité de changer le monde. Et cela commence par le fait d’améliorer la vie des Français dans l’avenir (86 %1). Ils sont également porteurs d’une promesse crédible puisque 73 %1 des répondants sont persuadés que les chercheurs seront en mesure de guérir 2 cancers sur 3 d’ici 5 ans et d’augmenter leur espérance de vie (84 %1). Pour autant, un effort de vulgarisation de leurs recherches doit encore être effectué, puisque seuls 17 %1 des répondants trouvent leurs travaux compréhensibles.
DES FEMMES ET DES HOMMES INSUFFISAMMENT RECONNUS ET SOUTENUS
Malgré ce plébiscite, les chercheurs sont considérés comme peu visibles et 69 %1 des Français estiment qu’ils sont insuffisamment reconnus. Face au défi que représente la lutte contre le cancer, ils seraient également trop peu nombreux (70 %1). De plus, les répondants évoquent le fait qu’ils sont aussi mal rémunérés et pas assez soutenus financièrement (69 %1).
« Les chercheurs sont des héros de l’ombre car ils exercent, dans un environnement souvent ingrat, un métier difficile qui génère beaucoup de frustrations, même s’il procure de belles satisfactions. La reconnaissance qui compte à leurs yeux est d’abord celle de leurs pairs, qui valide l’intérêt et la qualité de leurs travaux. Ce devrait être aussi celle de la société, qui ne rémunère pas ses chercheurs à la hauteur de ce qu’elle en attend », souligne le professeur Éric Solary.
Ce manque de visibilité, de reconnaissance et de gratification conduit les Français à estimer très largement (à 75 %1) que les associations et les fondations, telles que la Fondation ARC, soutenues par la générosité du public, ont toute légitimité à financer la recherche sur le cancer. Elles se placent même, dans ce domaine, devant les pouvoirs publics (63 %1).
Aujourd’hui, en raison de la pandémie du Covid-19, certains programmes de recherche sont en pause, pour protéger les patients vulnérables d’une part, et pour respecter les mesures de confinement d’autre part. Mais la Fondation ARC reste très mobilisée et prépare en lien étroit avec les équipes de chercheurs la sortie du confinement. Ensemble, nous nous tenons prêts à rebondir, avec encore plus de force et de détermination, pour lutter contre le cancer, cette épidémie mondiale au long cours, par des voies de recherche innovantes et prometteuses. La grande estime des Français envers les chercheurs en cancérologie révélée dans cette enquête est une formidable expression de la solidarité des Français à leur égard. Ces résultats nous invitent à intensifier nos actions et à mener des stratégies scientifiques pionnières pour répondre au plus vite aux besoins des patients, souligne le professeur Gilbert Lenoir, vice-président de la Fondation ARC.
1 – Phase 1 de l’étude Kantar pour la Fondation ARC « L’image de la recherche médicale et des chercheurs auprès des Français », menée en ligne auprès d’un échantillon de 1 000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus – mars 2020
2 – Phase 2 de l’étude Kantar pour évaluer l’impact possible de l’épidémie de Covid-19, certaines questions ont été reposées selon la même méthodologie du 25 mars au 31 mars 2020.