Pompes funèbres – Des abus loin d’être enterrés !

A l’approche du week-end de la Toussaint, l’UFC-Que Choisir rend publics les résultats d’une enquête de terrain menée par les bénévoles de 104 associations locales de l’association(1) soulignant la déplorable persistance par les professionnels des pompes funèbres de pratiques commerciales nuisant à la comparabilité des offres, ainsi que le renchérissement spectaculaire des prestations. En conséquence, l’association met en demeure 470 sociétés de pompes funèbres de se conformer à la réglementation, et enjoint les pouvoirs publics à améliorer le devis-type permettant une véritable comparaison des offres, ainsi que la mise en place de sanctions dissuasives pour les professionnels ne jouant pas le jeu de la transparence.

Inhumation : des économies au fond du trou

Les données tarifaires recueillies montrent qu’au niveau national le prix total des obsèques pour une inhumation – hors caveau et concession – s’établit en moyenne à 3815 €, contre 3350 € en 2014, soit une augmentation de 14 %, plus de 3,5 fois supérieure à l’inflation sur la période. Mais d’un établissement à un autre, pour une même demande exprimée, c’est le grand écart qui est constaté : la proposition la plus économe se monte à 1269 €, quand la plus élevée atteint 7515 €. Ce yoyo tarifaire est d’autant moins admissible que le prix de certaines prestations standardisées peut varier du simple à parfois plus du décuple. C’est ainsi que la mise en bière s’échelonne de 30 € à 450 €, quand l’ouverture et la fermeture du caveau peut être facturée de 95 € à 880 €. C’est toutefois pour le cercueil que l’on constate les plus grandes différences : pour une même demande d’un cercueil en chêne simple, les prix proposés vont de 490 € à 1576 €.

Crémation : la flambée tarifaire !

Alors que la part des crémations pour les funérailles tend à rejoindre celle de l’inhumation, l’UFC-Que Choisir souligne une nouvelle fois que la crémation est loin de constituer une solution plus économique. En effet, notre enquête met en évidence un tarif moyen de 3986 €, en forte augmentation par rapport à 2014 (alors 3609 €), avec un éventail allant de 1362 € à 7918 €. Cette hausse du coût global s’explique notamment par celle du second poste de dépense de la crémation derrière le cercueil, à savoir le crématorium qui est en moyenne facturé à 693 €, soit + 16 % en 5 ans. Si cette forte inflation pourrait être en partie en lien avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle norme en 2018 concernant le traitement des fumées pour les crématoriums, l’hétérogénéité des situations sur le territoire (un coût allant de 297 € à 1185 €), est bien moins explicable, et surtout peu acceptable pour un service public en situation de monopole (régie ou délégation de service public) !

Comparabilité des offres : les obstacles dressés par les professionnels

Alors qu’il s’agit d’un secteur où les consommateurs ne sont pas toujours dans des dispositions psychologiques propres à comparer les prix, il est particulièrement regrettable que le comportement des professionnels ne favorise en rien les comparaisons. En effet, alors que ces derniers ont l’obligation(2) de remettre gratuitement un devis écrit, détaillé et chiffré, dans 22 % des cas cette demande exprimée par nos enquêteurs est restée lettre morte. Et quand un devis est remis, dans 65 % des cas il n’est en rien conforme au devis-type obligatoire, près de 10 ans après son instauration(3) !

Il serait cependant illusoire d’imaginer qu’un respect intégral de la réglementation actuelle offrirait la capacité pleine et entière aux consommateurs de mettre en concurrence les pompes funèbres. En effet, le devis-type, en mettant l’accent sur la distinction entre les prestations courantes et les prestations optionnelles, entretient une fumeuse confusion – dont peuvent jouer les pompes funèbres – sur les prestations qui doivent être ou non obligatoires. Qui plus est, la diversité des gammes que peuvent mobiliser les professionnels pour répondre à une simple demande générique limite la possibilité de comparer pour les consommateurs.

Soucieuse de garantir aux consommateurs un fonctionnement transparent et concurrentiel du marché du funéraire, l’UFC-Que Choisir met en demeure 470 sociétés de pompes funèbres enquêtées de se mettre en conformité avec la réglementation actuelle, et demande :

Une refonte du modèle de devis-type afin de le simplifier, et de rendre les devis aisément comparables en harmonisant les prestations et les gammes ;
Que le non-respect de la réglementation par les pompes funèbres entraîne des sanctions pécuniaires réellement dissuasives, et constitue un critère central lorsqu’il s’agit, pour les préfectures, d’examiner le renouvellement de leur habilitation.

1 Enquête réalisée du 23 mars au 6 avril 2019 dans 72 départements et auprès de 664 magasins de pompes funèbres. Résultats détaillés dans le Que Choisir n° 585 actuellement en kiosque.
2 Arrêté du 11 janvier 1999 relatif à l’information sur les prix des prestations funéraires.
3 Arrêté du 23 août 2010 portant définition du modèle de devis applicable aux prestations fournies par les opérateurs funéraires.

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