Tous les 2 ans depuis 1990, le Baromètre des Valeurs des Français (BVF) décrypte l’évolution de la société française, de ses valeurs et de ses tendances. Grâce à la Sémiométrie™, méthodologie exclusive Kantar TNS, les Français notent 210 mots structurant notre imaginaire et notre quotidien selon le sentiment qu’ils procurent. L’interprétation des résultats met en évidence 10 tendances pour rendre compte des évolutions majeures des valeurs et de l’état d’esprit des Français.
2018 confirme la tendance annoncée en 2016 :
- En 2016, notre baromètre affirmait une véritable prise de conscience qu’il est désormais impossible de s’en sortir seul face à l’ampleur et à la globalité des dysfonctionnements d’un système qui semble « s’abimer » : sécurité, chômage, renforcement des inégalités et des périls environnementaux, montée des populismes, déferlement des affaires…Cette édition révélait un désir de « Refaire collectif », c’est-à-dire d’évoluer dans une société offrant des repères et des règles communes, justes et pérennes.
- En 2018, ce désir s’exprime toujours mais se heurte de façon de plus en plus évidente (et désespérante ?) aux déstabilisations multiples qui touchent la société française et le monde dans son ensemble. De façon extraordinairement inquiétante, nous constatons une convergence des problèmes et des périls à surmonter tant d’ordre politique, économique que climatique !
Guerre, Détachement, Doute, Immense et Angoisse sont les notions qui se renforcent le plus dans l’esprit des Français en 2018 !
Focus sur 3 tendances structurantes du Baromètre des Valeurs des Français édition 2018 – 2020
L’Anti-positivisme :
Positiver toute chose est devenu au fil du temps une forme d’injonction faite aux instances dirigeantes de toutes sortes, et notamment aux entreprises. On constate aujourd’hui un ras le bol collectif face à ce « positivisme » naïf, incantatoire ou manipulateur, vécu comme une façon de nier les difficultés rencontrées. Or les Français sont de plus en plus confrontés à des problèmes ou à des difficultés qu’il est inutile voire dangereux de nier ou d’ignorer.
« Cet anti-positivisme n’implique pas de se désimpliquer, de rester inactif ou de baisser les bras. Au contraire, il signifie adopter un regard clairvoyant et informé, offrant la plus sûre garantie de pouvoir se sortir des situations les plus délicates », ajoute Thierry Millon, Directeur Expertise Quali / Market Intelligence de Kantar TNS.
Activisme et « légitimes » violences :
L’une des fonctions essentielles de la Société, suscitant des attentes légitimes de la part des citoyens, est d’éviter les débordements de violence, de les maîtriser, de prévenir et réguler les conflits.
Aujourd’hui, la violence constitue bien un point de cristallisation de la réflexion sur nos sociétés contemporaines. Dans un contexte de durcissement général des échanges, elle semble représenter pour les Français une forme d’expression possible de leur exaspération ou de l’égarement qu’ils ressentent au quotidien, qu’ils s’agisse de leur vie de famille (vie de couple, éducation des enfants, gestion des transports, des temps libres…), de leurs convictions profondes (remise en question des schémas familiaux, principes alimentaires…) ou de leur travail (lourdeur du contrôle, des process, de la bureaucratie et de la centralisation).
« La remise en cause des principes et des modalités même de fonctionnement du système dans son ensemble conduit logiquement à la radicalisation des activismes. Ceci s’exprime au travers d’actions spectaculaires et jusqu’au-boutistes, à la limite de la légalité, et pouvant aller jusqu’à une certaine violence. Une forme d’activisme sous-tendue par la conviction que la fin – forcément légitime – justifie pleinement les moyens », commente Thierry Millon.
S’engager, c’est choisir !
L’évaluation de toute chose publique passe désormais par le prisme de la sincérité et de la responsabilité. Le temps est venu non seulement de s’engager, en économie comme en politique, dans ses habitudes et son mode de vie, mais également de tenir ses engagements et de les prouver par des actions concrètes… Pour les institutions comme pour les entreprises, cela passe par des choix nets, clairs, engagés, immédiats et pas seulement par des intentions ou des orientations à long terme. Quitte à modifier radicalement les pratiques convenues et collectivement adoptées jusque-là, ou encore à repenser en profondeur leurs modes de production et de distribution des produits et services.
Thierry Millon précise : « Lorsque la certitude que tout va mal s’installe et qu’il n’y a certainement « plus rien à perdre », se libèrent également les énergies les plus authentiques pour agir avec détermination et sincérité, que ce soit pour les marques, les institutions, les consommateurs et les citoyens en général. La période est vécue comme violente, compliquée et incertaine mais elle peut engendrer le meilleur ».
Pour tout savoir sur le Baromètre des Valeurs des Français 2018 – 20120