Greenpeace révèle un scandale de pollution au nord de la Patagonie argentine [1]. Cinq compagnies pétrolières [2], dont Total, sont poursuivies en justice par les populations locales pour des cas de déversements toxiques illégaux.
Des membres de la communauté autochtone des Mapuche ont déposé une plainte au pénal [3] contre Total et 4 autres pétroliers opérant dans la région de Neuquen, au sud de l’Argentine. Cette zone concentre de nombreuses activités de forages, dont du gaz et du pétrole de schiste. Ces activités génèrent des résidus et des déchets toxiques que les pétroliers sont supposés traiter.
Mais, près du village de Anelo où vivent les Mapuche, les compagnies pétrolières préfèrent déverser ces résidus toxiques à l’air libre, dans de gigantesques piscines creusées sans aucune protection entre les déchets et le sol [4]. Le tout, à moins de 5 km des habitations. Alertées de ces agissements, les équipes de Greenpeace ont suivi les camions sortant du site de déversement jusqu’à des concessions de Shell et de Total.
« Total ne peut nier sa responsabilité dans cette affaire, explique François Chartier, chargé de campagne à Greenpeace France. Le pétrolier aime vanter son respect des législations nationales et prône à qui veut l’entendre ses standards environnementaux élevés. Mais sur le terrain, dans des régions reculées, la “major de l’énergie responsable” ne semble pas s’embarrasser de l’environnement ni de la santé des populations locales. »
Aux environs des déversements, Greenpeace a recueilli et analysé des échantillons de sol et d’eau [5]. Ces prélèvements sont chargés en résidus pétroliers toxiques qui font craindre des conséquences pour les nappes phréatiques et pour les Mapuche d’autant que le site ne cesse de croître depuis deux ans, passant de 6 à 13,6 hectares. Les populations locales demandent à la justice de poursuivre les responsables de ces déversements illégaux, parmi lesquels Total.
« Il est impératif que les autorités et les entreprises pétrolières responsables de ces pollutions répondent de leurs actes. Nous avons le droit à vivre dans un environnement sain » témoigne Héctor Jorge Nawel, porte-parole de la confédération Mapuche de Neuquen.
« Ce scandale apporte la preuve qu’il n’y a pas de fracturation hydraulique propre. En Argentine comme ailleurs, Total doit accélérer sa sortie des énergies fossiles pour répondre à l’urgence climatique. Et cela commence par se retirer, sans plus attendre, des activités à risque : pétrole et gaz de schiste, sables bitumineux ou forages ultra-profonds comme en Guyane.» réclame François Chartier.
[1] Résumé de l’investigation menée par Greenpeace (en anglais) : https://greenpeace.org.ar/ph/Our-Investigations.pdf
[2] Les 5 entreprises poursuivies en justice par les Mapuche sont Y.P.F, Total, Exxon, Pan American Energy, Pampa Energia. La plainte est disponible (en espagnol) ici : https://greenpeace.org.ar/vacamuerta/Denuncia-Penal-TREATER.pdf
[3] Deux irrégularités sont soumises à la justice :
– Les déchets toxiques sont déversés à 5 km d’un village quand il est prévu par le droit argentin que ce soit à au moins 8 km http://boficial.neuquen.gov.ar/pdf/bo15112003496a.pdf
– Les piscines de déversement sont creusées à même le sol sans aucune mesure prise pour isoler les résidus pétroliers de la terre, en contravention avec le droit argentin : http://servicios.infoleg.gob.ar/infolegInternet/anexos/0-4999/450/texact.htm
[4] Voir les photos du site de déversement : https://media.greenpeace.org/shoot/27MZIFJWYEBO3 et la vidéo : https://media.greenpeace.org/archive/Greenpeace-reveals-a-new-fracking-scandal-in-Patagonia-(Vaca-Muerta)—Clean-Video-27MZIFJW833WW.html
[5] Les résultats des analyses d’échantillon d’eau et de sol sont ici (en anglais) : https://greenpeace.org.ar/ph/Analysis-brief-final-PH.pdf