Fermes-usines : une menace pour l’élevage français

Greenpeace-logo1 % des fermes françaises produisent plus de la moitié des porcs, poulets et œufs produits en France. 1 % seulement ! Cette ultra concentration de l’élevage a une conséquence visible dans nos champs : la multiplication des fermes-usines, ces énormes bâtiments où s’entassent tant bien que mal des milliers d’animaux.

Afin de démontrer l’étendue de ces mastodontes de l’élevage sur le territoire français, Greenpeace France a mis au point une cartographie interactive de ces fermes-usines.

Le constat est accablant : selon la base de données du ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES), 4413 fermes usines sont réparties dans 2340 communes françaises, comprenant les Outre-mer. On retrouve des fermes-usines dans 90 % des départements français avec des régions plus ou moins impactées, la Bretagne étant la plus concernée.

“Trop, c’est trop ! déclare Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace France. La manière dont nous élevons les animaux aujourd’hui est insensée et dévastatrice. On importe du soja du bout du monde, en déforestant des pans entiers de forêts brésiliennes, pour nourrir des animaux entassés dans des conditions déplorables, gavés d’antibiotiques, le tout sans permettre de rémunérer correctement nos éleveurs. L’élevage industriel marche sur la tête, il faut stopper de toute urgence cette course à l’industrialisation et à l’agrandissement”.

Des impacts sur l’environnement, la santé et les éleveurs

A Landunvez, dans le Finistère Nord, où se trouve une ferme-usine de cochons, les plages ont dû être fermées à cause de la qualité de l’eau. A Lescout, dans le Sud de la France, une ferme-usine de 185 000 poules pondeuses est suspectée d’être à l’origine de maladies chez les habitants du village. A Escoubès, dans le Béarn, un projet de porcherie industrielle porterait la production annuelle locale à 37 000 porcs dans un village comptant 402 habitants !

“Le mécontentement, notamment des riverains, s’intensifie  contre ces projets, alors que l’on assiste impuissant à la disparition des paysans, continue Suzanne Dalle. De plus, au niveau global, l’élevage représente 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre, autant que les transports. Il ne faut pas que la filière laitière française s’engouffre dans cette marche forcée vers l’industrialisation dont ont été victimes les filières porcs et volailles”.

La Politique agricole commune pour changer de modèle

Selon les calculs de Greenpeace France, 1470 des 4413 fermes usines identifiées ont touché 48 millions d’euros de la Politique agricole commune pour les derniers paiements. Sans compter toutes les aides dont bénéficient les cultures destinées à l’alimentation animale et qui subventionnent donc indirectement l’élevage industriel.

Greenpeace France demande aujourd’hui au ministre de l’Agriculture de prendre ses responsabilités et de stopper tout nouveau projet de ferme-usine. Plus aucun argent public ne doit servir ces formes d’élevage et les moyens doivent être réattribués à la métamorphose du système agricole.

La prochaine PAC doit être mise en place en 2021, mais les négociations ont déjà commencé. Pour l’association, seule une réelle transition des moyens financiers vers un modèle d’agriculture à taille humaine, respectueuse de l’environnement et des animaux, permettra de lutter contre le changement climatique et de sortir de la crise de l’élevage.

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