Pesticides : le WWF critique l’assouplissement des valeurs limites par la Confédération



Dans le cadre d’une adaptation d’ordonnance, la Confédération projette d’augmenter les valeurs limites s’appliquant aux ruisseaux, rivières et lacs pour 26 pesticides sur 38. De l’avis du WWF Suisse, il s’agit d’une attaque en règle contre la protection des eaux et le principe de précaution. L’homme, les organismes aquatiques et les écosystèmes ont tout à y perdre.

Les pesticides utilisés dans l’agriculture se retrouvent en concentration parfois importante dans les cours d’eau suisses, où ils portent préjudice à l’habitat aquatique. Le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) semble l’ignorer et prévoit de continuer à tolérer la dégradation de la qualité des eaux dans le cadre d’une adaptation d’ordonnance. Sur les 38 pesticides pour lesquels de nouvelles valeurs limites sont définies, la Confédération propose un assouplissement pour 26 d’entre eux. Pour Daniela Hoffmann, spécialiste en agriculture au WWF Suisse, cette adaptation contredit clairement les objectifs supérieurs de la loi sur la protection des eaux et le principe de précaution.

Le WWF s’engage pour des valeurs limites strictes
«Dans le cas du glyphosate, par exemple, la valeur limite doit être augmentée 3600 fois», explique l’experte du WWF. Actuellement, la valeur limite pour les pesticides est de 0,1 microgramme par litre d’eau. Pour le glyphosate, cette valeur grimperait ainsi à 360. «Pour les produits chimiques toxiques, le WWF exige un plafonnement des valeurs limites pour la qualité chimique de l’eau à 0,1 microgramme maximum par litre», indique Daniela Hoffmann.

Ne pas ignorer les enseignements du passé
Il est apparu, par le passé, que les risques avaient souvent été mal évalués: «la majeure partie de ces erreurs de jugement a eu lieu au détriment de l’environnement et de la santé des personnes. Prenons le DDT, un insecticide répandu dans les années 1940: considéré comme inoffensif, il a été utilisé de manière tellement intensive qu’il est aujourd’hui encore décelable dans les organismes vivants du monde entier.» Daniela Hoffmann ne s’arrête pas là: «actuellement, l’UE doit aussi reconnaître que les néonicotinoïdes occasionnent des dommages à l’environnement bien plus importants que ce que laissait supposer l’évaluation des risques.»

Pour la spécialiste, le relèvement de certaines valeurs limites constitue un danger important pour la nature. «Ces valeurs limites reposent sur des bases scientifiques; elles doivent faciliter l’application de l’ordonnance et garantir que les mesures destinées à protéger les cours d’eau peuvent être prises. En théorie, on pourrait penser qu’il s’agit d’une amélioration. Dans la pratique toutefois, c’est un assouplissement de la protection des eaux» affirme Daniela Hoffmann. «L’administration n’a visiblement rien appris de l’histoire», constate-t-elle.
L’audition pour l’adaptation de l’ordonnance se termine aujourd’hui.



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