A l’approche des fêtes de Noël, et alors que les pratiques des éditeurs de jeux vidéo relatives aux achats intégrés se multiplient ces derniers mois, l’UFC-Que Choisir met en garde les consommateurs contre ces dérives et demande à l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) de considérer les loteries payantes intégrées aux jeux vidéo comme des jeux d’argent, avec la régulation qui en découle.
Cherchant à monétiser toujours plus leurs jeux vidéo, leurs éditeurs tendent désormais à généraliser les achats de contenus à l’intérieur de jeux eux-mêmes déjà chèrement payés par les consommateurs (entre 50 € et 70 € à leur sortie). Si ces pratiques ont déjà plusieurs années, certains jeux sortis ces dernières semaines vont plus loin dans cette logique, soit en intégrant des achats avec gains aléatoires, soit en paramétrant le jeu de telle sorte que ces achats supplémentaires soient quasiment indispensables, le tout dans une opacité inacceptable vis-à-vis des acheteurs.
Les loteries payantes : le hasard provoque le désamour
L’une des grosses sorties de cette fin d’année, Star Wars Battlefront II, prévoyait un système de déblocage de contenus faisant appel au hasard à l’intérieur du jeu. En échange d’argent sonnant et trébuchant, les joueurs pourraient ainsi acquérir des bonus, notamment dans l’optique des modes multijoueurs via internet, sous la forme de coffres de butin (aussi appelés « loot boxes ») : le joueur paie pour un objet, sans savoir lequel à l’avance, et le gain est déterminé aléatoirement, après paiement. Si l’obtention d’un gain est systématique, la teneur de celui-ci est en revanche aléatoire.
Bien que l’éditeur Electronics Arts ait annoncé, sous la pression des joueurs, la désactivation temporaire de cette fonction, le problème de fond reste entier, d’autres l’appliquant. En effet, une référence à l’article L. 322-2 du Code de la sécurité intérieure met en évidence que les coffres de butin ont les caractéristiques des loteries, et qu’à ce titre leur strict encadrement est indispensable. En effet, il est inacceptable qu’un jeune public soit initié ainsi aux jeux de hasard, alors qu’il n’est plus à démontrer les méfaits de l’addiction qu’ils peuvent provoquer.
Payer pour gagner : sans transparence, ce n’est pas du jeu
Au-delà de cette logique de jeu d’argent, la généralisation des transactions payantes intégrées à des jeux déjà onéreux est en tant que telle problématique. Les éditeurs mettent en effet en place des mécaniques de jeux propices à la multiplication des achats intégrés, en créant volontairement de la frustration chez les joueurs qui souhaiteraient débloquer gratuitement ces bonus, au prix d’un nombre démesurément élevé d’heures de jeu.
Ceci est d’autant moins tolérable lorsque ces obstacles à une saine expérience de jeu ne sont pas connus des consommateurs avant l’achat. Or, ces jeux, qu’ils soient achetés en boîte ou en format dématérialisé, ne sont pas remboursables une fois qu’ils ont été commencés. Dès lors, les acheteurs qui se rendraient compte après l’achat que le jeu est déséquilibré pour pousser aux transactions intégrées se retrouveraient sans recours. Une information préalable sur la présence et l’ampleur de ces pratiques est donc indispensable.
Devant la progression non encadrée des transactions payantes dans les jeux vidéo, l’UFC-Que Choisir entend changer les règles du jeu pour permettre des achats éclairés, et dans cette optique :
– Saisit aujourd’hui l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) pour lui demander de considérer comme des jeux de hasard les jeux vidéo incluant des coffres de butin payants, ce qui aura notamment pour conséquence d’en interdire la vente aux mineurs ;
– Demande aux pouvoirs publics de rendre obligatoire une information avant l’achat (sur la boîte et les pages internet de vente) sur la présence de ces mécanismes (probabilités de gains pour les loteries, coût total des achats intégrés, etc…).