Récif de l’Amazone : Greenpeace souligne les lacunes du dossier de Total



Dans un rapport publié aujourd’hui, à quelques jours de l’Assemblée générale de Total, Greenpeace France souligne que la compagnie pétrolière a sous-estimé les risques et impacts de son projet de forage dans l’embouchure de l’Amazone.

Le rapport comprend une analyse critique détaillée qui souligne les lacunes des Etudes d’Impact Environnemental (EIE) présentées par Total aux autorités brésiliennes. Total sous-estime les impacts potentiels des forages qu’il envisage dans cette région. Cela va des activités quotidiennes de forage aux risques liés aux bateaux supports, accidents ou fuites pouvant aller jusqu’à la marée noire.

D’après les scientifiques indépendants consultés par Greenpeace, les modèles hydrologiques et de dispersion de marée noire utilisés dans le cadre de l’EIE ne prennent pas suffisamment en compte les caractéristiques de la région. Ainsi, Total a sous-estimé les dommages qui pourraient découler des activités de forage ou d’une éventuelle marée noire. De plus, ces modèles ne tiennent pas compte de l’importante étendue du récif, ni de la possibilité qu’une marée noire puisse atteindre les mangroves côtières.

« Total est en attente des licences environnementales afin de commencer ses explorations pétrolières dans l’embouchure de l’Amazone mais le Récif de l’Amazone n’apparaît même pas dans son étude de vulnérabilité ! », souligne Edina Ifticène, chargée de campagne pour Greenpeace France. « Que Total ait choisi délibérément de passer sous silence certaines informations cruciales ou qu’elle n’ait pas consacré assez de temps à étudier l’impact de son projet sur l’environnement, les failles de son étude sont inquiétantes ».

Total a déjà rassemblé une partie de l’équipement nécessaire au forage exploratoire dans le port de Belem dans l’attente des licences environnementales qui doivent être délivrées par le ministère brésilien de l’environnement.

Des activités de forage régulières pourraient à la longue avoir un effet préjudiciable sur la vie marine, par exemple en perturbant les routes de migration des cétacés et tortues, ou en endommageant le récif avec les gravats ou autres effluents des forages.
La charge de sédiments présente dans l’embouchure augmente les risques de voir le pétrole entraîné vers le fond marin, ce qui pourrait s’avérer fatal pour les coraux du Récif de l’Amazone et toutes les autres espèces qui y vivent.

« Cette région est exceptionnelle sur le plan écologique. Les activités de forage dans un tel écosystème sont extrêmement risquées et une marée noire serait catastrophique pour l’environnement et les communautés locales », ajoute Edina Ifticène. « Face aux impacts potentiels, les mesures proposées par Total en cas d’urgence sont loin d’être suffisantes ! »

Les blocs exploratoires du bassin de l’embouchure de l’Amazone se trouvent en eaux profondes, c’est-à-dire dans une zone techniquement délicate où des méthodes de forage à hauts risques devront être utilisées. Total se présente comme une grande spécialiste des forages en eaux ultra profondes. Toutefois, les conditions particulières du bassin de l’embouchure de l’Amazone augmentent le risque de marée noire et sont susceptibles d’aggraver les conséquences d’une fuite et de la rendre difficile à contenir.
« Total envisage d’utiliser les mêmes méthodes de forage non conventionnelles en eaux ultra profondes que celles à l’origine de l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon en 2010, qui avait entraîné une marée noire catastrophique dans le golfe du Mexique » rappelle Edina Ifticène.

L’EIE ne mentionne pas non plus l’impact des importants volumes de gravats de forage, des fluides synthétiques et des boues aqueuses déversés sur le récif, ni la façon dont ils affectent la structure des sédiments.

L’Agence environnementale brésilienne, l’IBAMA, avait déjà identifié des lacunes dans l’étude d’impact environnemental de Total et a rejeté la modélisation de dispersion des hydrocarbures soumise.
Le 3 mai dernier, le procureur a recommandé à l’IBAMA de suspendre les licences environnementales de Total, en précisant que les EIE « n’ont pas tenu compte du récif corallien, un important écosystème existant dans l’embouchure de l’Amazone. Ainsi, l’exploration dans une zone proche du récif, sans étude d’impact environnemental adéquate, peut causer des dommages irréparables à ce biome unique et peu connu ».

Pour Greenpeace, Total doit renoncer à ces projets de forage dans l’embouchure de l’Amazone.



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