Vers un coup d’arrêt des projets de Total dans l’embouchure de l’Amazone ?



Mauvaise nouvelle pour Total et BP. Le procureur de l’État d’Amapá, dans le nord du Brésil, vient de recommander officiellement à l’Agence environnementale brésilienne (IBAMA) de suspendre les licences environnementales des compagnies pétrolières dans le cadre de leur projet de forage exploratoire en eau profonde, à proximité du Récif de l’Amazone [1] . Sans ces autorisations, leur projet restera au point mort.

Le procureur s’inquiète particulièrement des risques qui pèsent sur le Récif de l’Amazone, écosystème encore peu documenté, et sur les pays voisins qui pourraient être exposés à une marée noire.

« Alors que l’IBAMA avait déjà identifié des lacunes dans l’étude d’impact environnemental présentée par Total, cette demande du procureur confirme que Total préfère minimiser les risques plutôt que de reconnaître que ce projet est dangereux. La seule décision sensée est de renoncer à toute exploration pétrolière dans l’embouchure de l’Amazone », souligne Edina Ifticène, chargée de campagne pour Greenpeace France.

Selon le procureur, Total et BP « n’ont pas tenu compte du récif corallien, un important écosystème existant dans l’embouchure de l’Amazone. Ainsi, l’exploration dans une zone proche du récif, sans étude d’impact environnemental adéquate, peut causer des dommages irréparables à ce biome unique et peu connu ».

Concernant les pays voisins, la déclaration du procureur souligne que « dans cette affaire, l’objectif principal du ministère public de l’État d’Amapá est d’éviter d’éventuels accidents et impacts sur l’environnement, ainsi que tout conflit international. Les informations de la compagnie d’exploration elle-même confirment qu’une éventuelle fuite de pétrole, au cours des activités exploratoires,[…] pourrait affecter l’environnement marin, [… ], non seulement au Brésil mais aussi dans les pays voisins, en particulier dans la région des Caraïbes ».

Si l’IBAMA répond positivement à cette demande de suspension, Total et BP se verraient dans l’obligation de lancer une nouvelle étude d’impact environnemental, ce qui remettrait en question tout l’argumentaire d’expertise mis en avant par la compagnie française. En cas de réponse non satisfaisante de l’IBAMA dans les 10 prochains jours, le procureur pourrait déposer un recours juridique.

Récemment, l’IBAMA a rejeté la modélisation de la dispersion de pétrole présentée par Total et BP, leur reprochant de ne pas représenter fidèlement la réalité des conditions environnementales de la région.

Depuis le lancement de la campagne de Greenpeace pour sauver le Récif de l’Amazone, un million de personnes ont déjà appelé Total et BP à abandonner leur projet [2].

[1] Le texte officiel en portugais est ici : http://www.mpf.mp.br/ap/sala-de-imprensa/noticias-ap/mpf-ap-quer-a-suspensao-da-exploracao-de-petroleo-na-foz-do-rio-amazonas
[2] https://www.greenpeace.fr/cartographie-projets-a-risques-de-total-pres-recif-de-lamazone/
https://www.greenpeace.fr/espace-presse/greenpeace-realise-les-premieres-images-du-recif-corallien-de-lamazone/



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