L’International Civil Aviation Organization (ICAO), un organisme dépendant des Nations Unies, a décidé cette semaine, lors de sa conférence à Montréal, de quelle manière le trafic aérien devait contribuer à la protection du climat. Cette réglementation est malheureusement bien trop faible et arrive trop tard. Par conséquent, la Suisse doit introduire sa propre mesure nationale pour le trafic aérien.
Selon la décision de l’International Civil Aviation Organization (ICAO), les compagnies aériennes devront à l’avenir compenser les émissions de gaz à effet de serre de certains vols par l’achat de certificats climatiques. L’accord adopté présente toutefois de nombreux défauts: seules les émissions supplémentaires à partir de 2020 sont concernées, alors que leur volume actuel est déjà trop élevé. La qualité des compensations n’est pas précisée et la participation des nations est facultative. Selon l’ICAO, les émissions ne diminueront pas. Cet accord ne livre donc qu’un résultat insuffisant, spécialement pour des pays comme la Suisse, dont les habitants font un usage fréquent de l’avion.
Les Helvètes empruntent en effet ce moyen de transport deux fois plus souvent que leurs voisins, occupant la tête du classement mondial. Actuellement, le trafic aérien représente 16% de la charge exercée par la Suisse sur le climat, une tendance en forte hausse. D’ici 2030, ce secteur devrait même devenir le plus nocif pour le climat. Et il ne verse aucune contribution à la protection du climat, contrairement à d’autres secteurs.
«Il n’est pas concevable que le trafic aérien soit le seul secteur du pays à ne rien entreprendre pour protéger le climat, alors qu’il est largement exonéré d’impôts», affirme Philip Gehri, chef de projet Climat et Energie au WWF Suisse. «Il est temps qu’une taxe sur les billets soit introduite, à l’exemple de nombreux pays européens. Ce n’est qu’ainsi que le principe du pollueur-payeur et que la véracité des coûts pourront être réalisés de manière efficace». En classe économique, la taxe devrait par exemple se monter entre 20 et 100 francs, suivant le trajet. Elle pourrait être redistribuée à la population ou servir à financer des projets climatiques internationaux. La CESAR – la nouvelle Coalition environnement et santé pour un transport aérien responsable – est aussi en faveur d’une taxe de ce genre. Cette coalition rassemble les forces du monde politique et de la société civile, pour éviter que les intérêts en matière d’environnement et de santé soient complètement ignorés.


