Vendredi 1er juillet, le ministère de l’Environnement et de l’Énergie a publié un document de politique nucléaire incohérente avec les objectifs de la loi de transition énergétique. Greenpeace publie aujourd’hui le volet nucléaire revu et corrigé de cette programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).
Dans cette note s’appuyant sur le code de l’énergie et les prévisions de RTE, l’organisation souligne les erreurs de la PPE et établit la trajectoire correcte de réduction de la part du nucléaire. Pour Greenpeace, François Hollande doit demander à son gouvernement de signer un décret qui fixe la PPE complète et de ne pas retarder davantage l’application de la loi de transition énergétique.
La PPE comporte des erreurs de calculs et de prévisions
La PPE ne respecte pas la loi de transition énergétique : elle prévoit une part du nucléaire stable, comprise entre 65 et 75% de la production d’électricité en 2023, contre 50 % prévus en 2025 par la loi de transition énergétique.
Selon l’analyse des données de RTE, les besoins d’électricité devraient rester stables d’ici à 2025. Or le gouvernement, qui n’a pas publié ses hypothèses d’évolution de la consommation d’énergie, mise sur des prévisions surestimées, gonflant artificiellement les besoins en production nucléaire.
De plus, l’hypothèse du gouvernement est que la France continuera à exporter massivement son électricité en Europe, jusqu’à 65 TWh, le plus haut niveau d’export depuis 2002. Or non seulement l’exportation rapporte de moins en moins, mais elle est de plus en plus concurrencée par les pays européens.
«La PPE en l’état n’envisage la fermeture que de 2 à 12 réacteurs. Pourtant le calcul n’est pas sorcier : en fonction des besoins en production d’électricité en 2025, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) doit imposer la fermeture de 21 à 23 réacteurs d’ici son échéance la plus lointaine en 2023.» explique Cyrille Cormier, chargé de campagne énergie pour Greenpeace France.
La fermeture de réacteurs est possible puisque leur prolongation est improbable
Les réacteurs français présentent de forts risques pour la sûreté, comme l’illustrent les affaires d’anomalies qui concernent déjà 27 réacteurs, et demandent des investissements financiers et humains colossaux.
Nombre d’indicateurs témoignent de l’effondrement de l’industrie nucléaire française : la perte inquiétante de savoir-faire d’Areva et d’EDF, leurs grandes difficultés financières, les échecs à l’export, etc.
« Il faut que l’Etat donne un cap, lisible et applicable, pour sortir de l’impasse industrielle d’EDF et Areva. Plus que jamais, la fermeture de réacteurs, à l’approche des 40 années d’exploitation, est la réponse la plus raisonnable », affirme Cyrille Cormier.
La PPE doit être corrigée et signée au plus vite
Sur l’application de la loi de transition énergétique, le gouvernement a déjà six mois de retard.
Pour Cyrille Cormier, « On perd un temps fou alors que la France est déjà à la traîne dans le développement des énergies renouvelables en comparaison aux autres pays européens ! On l’a déjà constaté par le passé, en l’absence de plan de réduction du nucléaire, le déploiement des renouvelables stagne ».
Greenpeace demande au président de la République de s’assurer que son gouvernement corrige ces erreurs et signe le plus rapidement possible une PPE complète et cohérente. C’est la condition sine qua non pour que la France respecte ses engagements tant nationaux qu’internationaux, en matière de transition énergétique.