Cela fait précisément 20 ans que le loup recolonise le territoire helvétique. Si sa présence est encore mal tolérée par de nombreux éleveurs, le programme de protection des troupeaux a toutefois fait ses preuves depuis longtemps, pour le bénéfice de l’environnement.
Quatre chèvres et autant de moutons tués, un troupeau entier dispersé dans le Val Ferret, près du Grand-Saint-Bernard: le loup a effectué un retour remarqué en Suisse il y a 20 ans. A l’époque, il avait même été affublé du surnom de «bête du Val Ferret».
Aujourd’hui, notre pays recense 25 à 30 de ces prédateurs. Un chiffre qui pourrait toutefois être bien plus élevé: en effet, huit animaux ont officiellement été abattus – ce qui a potentiellement empêché la constitution de deux autres meutes – et les cantons d’Uri et de Nidwald ont récemment émis une autorisation de tir pour un individu supplémentaire. Selon les statistiques, deux loups ont par ailleurs été victimes de braconnage, bien que le WWF soupçonne le bilan réel d’être encore plus sombre.
Un retour également bénéfique pour les moutons
La présence du loup incite les bergers à assurer une meilleure surveillance des troupeaux et à davantage contrôler leurs pâturages. Cela présente un avantage substantiel pour la protection de l’écosystème montagnard, car la surexploitation des prairies alpines favorise l’érosion, tandis que leur sous-exploitation provoque un développement anarchique des broussailles. Le libre pâturage – c’est-à-dire le fait de laisser tout l’été le bétail sans surveillance dans les montagnes – est un phénomène relativement récent, qui n’a pas que des avantages pour les troupeaux: sur les quelque 200 000 animaux estivés, près de 4000 meurent chaque année, principalement à la suite de maladies et de chutes. Moins de 10% des pertes sont imputables aux grands prédateurs. Le retour du loup encourage les agriculteurs à repenser leur approche et contribue ainsi à un élevage plus durable. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il permet ainsi d’épargner la vie de centaines de moutons.