· Koen Andries et son équipe reçoivent l’« Oscar » européen de l’innovation et de la technologie dans la catégorie « Industrie »
· La bédaquiline, le premier nouveau médicament contre la tuberculose en plus de 40 ans, empêche l’approvisionnement énergétique de la bactérie de la tuberculose
· M. Andries : « J’ai toujours rêvé de contribuer de manière importante au progrès médical »
· M. Battistelli, Président de l’OEB : « Ce médicament est un cadeau pour l’humanité »
Un tiers de la population mondiale est porteur de la tuberculose (TB) et près de deux millions de personnes en meurent chaque année. Une équipe de recherche, dirigée par le scientifique belge Koen Andries et son collègue français Jérôme Guillemont[1], a mis au point un médicament qui paralyse rapidement l’approvisionnement énergétique des cellules de la tuberculose, détruisant ainsi efficacement la bactérie et réduisant fortement la progression de la maladie. Ce médicament innovant s’est même avéré efficace contre les formes multirésistantes de la tuberculose. Grâce à leur nouveau composé, Koen Andries, Jérôme Guillemont et leur équipe ont convaincu non seulement leurs pairs, mais aussi le jury indépendant, chargé de la sélection des lauréats du Prix de l’inventeur européen : l’équipe de recherche s’est aujourd’hui vu décerner le prix 2014 dans la catégorie « Industrie » et est ainsi devenue l’un des cinq lauréats des « Oscars européens de la technologie et de l’innovation », présentés chaque année par l’Office européen des brevets.
« Je suis extrêmement heureux de remettre ce prix à Koen Andries, Jérôme Guillemont et leur équipe »a déclaré le Président de l’OEB Benoît Battistelli lors de la cérémonie de remise des prix organisée dans l’ancien Kaiserliches Telegrafenamt (« Bureau télégraphique impérial ») de Berlin. « Chaque année, un million de personnes meurent de la tuberculose dans le monde. Grâce aux longues années de recherche de cette équipe, même les souches multirésistantes de la maladie peuvent être traitées. Ce médicament a le potentiel de sauver la vie de millions de patients dans le monde. »
« Un cadeau pour l’humanité »
La tuberculose, autrefois appelée « phtisie », est un fléau pour l’humanité depuis plusieurs milliers d’années. Elle s’est révélée traitable vers le milieu du XXe siècle et la plupart des recherches ont porté leurs fruits. Par conséquent, l’effroi fut de mise lorsqu’un rapport de l’OMS publié au milieu des années 1980 indiqua que les infections augmentaient à un rythme inquiétant en raison du nombre croissant d’infections au VIH. Autre problème : des souches bactériennes largement ou entièrement résistantes aux antibiotiques étaient identifiées à une vitesse soutenue. La tuberculose est aujourd’hui la deuxième cause de décès des suites de la maladie infectieuse la plus fréquente après le SIDA.
Cette évolution dévastatrice a poussé le microbiologiste Koen Andries à abandonner sa carrière dans la médecine vétérinaire. « Pendant sept ans, j’ai mené des recherches sur une maladie virale chez les cochons dans le département de médecine vétérinaire et j’ai obtenu de très bons résultats. Mais au bout de sept ans, je me suis dit que je voulais contribuer de manière plus significative à la médecine par le biais d’une contribution médicale pour les hommes. En 1982, j’ai rejoint Janssen dans le but avoué de trouver un médicament qui serait efficace contre la tuberculose et en particulier contre ses formes multirésistantes », explique M. Andries au sujet de son engagement.
Avec le chimiste français Jérôme Guillemont, il a réussi à trouver un composé efficace. La découverte de l’équipe représente le premier nouveau médicament contre la tuberculose en 40 ans. Cependant, ce médicament ne constituera pas une source de profit important pour qui que ce soit : « Je considère les recherches réalisées dans notre entreprise comme un projet humanitaire, un cadeau pour l’humanité », poursuit le microbiologiste. Aussi, son employeur a également décidé de rendre le médicament particulièrement abordable pour les pays émergents. L’organisation « Médecins sans frontières » considère la bédaquiline comme une découverte marquante dans l’histoire de la médecine.
Patience et persévérance : des éléments primordiaux
Un chercheur de Janssen s’était déjà aventuré sur la même route, mais n’avait pas persévéré et avait finalement abandonné son idée de base d’étudier les effets du dérivé quinoléique. Par chance, il avait documenté ses conclusions. Le professeur Andries et son équipe ont passé plusieurs années à examiner la « collection de composés » de l’entreprise à Beerse, dans la région flamande de Belgique. Après de nombreux tests basés sur des milliers de combinaisons possibles, les chercheurs ont découvert par hasard le composé de la quinoléine étudié par leur prédécesseur. Plus tard rebaptisée bédaquiline, la molécule s’est avérée efficace pour inhiber la croissance de mycobactéries. Contrairement à tous les médicaments précédents, qui se contentaient de ralentir la reproduction des bactéries, la bédaquiline paralyse l’approvisionnement énergétique des cellules bactériennes et les tue ainsi progressivement. Puisqu’elle ne se rapporte pas aux médicaments auxquels la tuberculose devient résistante, la bédaquiline est également plus efficace pour détruire les formes multirésistantes de la maladie.
[1] En outre de Andries et Guillemont les autres membres de l’équipe de recherche chez Janssen Pharmaceutica sont Jozef F.E. Van Gestel, Marc Venet, Laurence F.F. Marconnet-Decrane, Daniel Vernier, Frank C. Odds and Imre Csoka .
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