Le Conseil fédéral enterre la politique climatique suisse


Le Conseil fédéral a décidé aujourd’hui que la Suisse ne tiendrait pas ses engagements en matière de protection du climat. Rassemblant plus de 60 organisations, l’Alliance pour une politique climatique responsable condamne cette décision. Mauvaise pour la Suisse, elle est aussi injuste à l’égard du reste de la planète. L’Alliance exige un scénario de protection du climat, un objectif de réduction des émissions de 60% d’ici 2030 et un financement des engagements internationaux basé sur le principe du pollueur-payeur.

Si le réchauffement mondial dépasse la barre des 2 degrés, voire même de 1,5 degré, il faut s’attendre à ce que les bouleversements climatiques nuisent à l’homme comme à la nature. Raison pour laquelle la Suisse s’est engagée, au niveau international, à viser un objectif de 2 degrés et qu’elle a adopté une loi sur le CO2, exigeant du Conseil fédéral une politique climatique compatible avec ce même objectif. Si elle veut le réaliser, la Suisse doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% (par rapport à 1990) d’ici 2020, comme le prévoit la loi. Or, le Conseil fédéral a décidé aujourd’hui de se contenter de la moitié. «Le Conseil fédéral met ainsi un terme à une politique climatique active et équitable», affirme Patrick Hofstetter, porte-parole de l’Alliance et responsable Climat & Energie au WWF Suisse.

Des pays comparables comme l’Allemagne, la Suède ou le Danemark visent un objectif de réduction de 40%. Ils ont reconnu que la protection du climat était une opportunité économique. Protéger le climat, c’est en effet dépenser moins pour les énergies fossiles. Mais surtout, les coûts consécutifs aux changements climatiques seront bien plus élevés que les investissements dans la protection du climat.

La décision actuelle confirme le fait que le Conseil fédéral vole à vue dans ce domaine. Pour l’Alliance, il ne fait aucun doute que la Confédération doit enfin présenter le scénario désiré pour la protection du climat et indiquer comment la Suisse assumera ses responsabilités. Un tel scénario doit prendre en compte les données scientifiques que le Conseil fédéral a visiblement ignorées à ce jour et qui suggèrent un objectif de réduction de 60% d’ici à 2030 (base 1990).

Le Conseil fédéral a également esquivé la question de savoir quels moyens il compte engager pour financer les engagements internationaux en matière de protection climatique et de mesures d’adaptation. Une taxe sur les énergies fossiles, le trafic aérien international ou les transactions financières aurait l’avantage de faire passer les pollueurs à la caisse et mériterait un examen plus approfondi. Continuer à rogner les fonds alloués à la lutte contre la pauvreté n’entre pas en ligne de compte.


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