Travaux d’Hercule pour Volkswagen


Retour aux parcours sur terre, altitude élevée et positions de départ dues au classement flatteur de ses pilotes en tête du Championnat : telle est la problématique à laquelle Volkswagen se trouvera confronté au Rallye du Mexique, la semaine prochaine (du 6 au 9 mars). Après l’environnement hivernal du Monte-Carlo et de la Suède, changement de décor et de saison pour les équipages Volkswagen : spéciales sur pistes non revêtues et températures estivales. Et ce n’est pas tout : avec un parcours variant entre 1.832 et 2.781 mètres au-dessus du niveau de la mer, les leaders du Championnat du monde espèrent littéralement… s’envoler en tête du peloton.

Dans de telles conditions, les moteurs peuvent perdre jusqu’à 30% de leur rendement. Ce ne sera pas l’unique souci de Jari-Matti Latvala/Miikka Anttila, actuellement 1ers au classement général, Sébastien Ogier/Julien Ingrassia (2es) et Andreas Mikkelsen/Mikko Markkula (4es). Du fait de leurs positions respectives au Championnat, les trois équipages auront l’honneur – est-ce bien le terme adéquat ? – de s’élancer les premiers. Ils seront donc inévitablement condamnés à jouer les « voitures-balai » à León, nettoyant la piste pour ceux qui les suivent. Ce n’est pas précisément la position idéale pour signer les meilleurs chronos !

« Alors que dans les deux premières manches de la saison, Monte Carlo et la Suède, l’accent était mis sur l’habileté des pilotes, en Amérique du Sud, c’est plutôt le matériel qui va être sollicité en priorité  » prévoit Jost Capito, Directeur de Volkswagen Motorsport. « Ajuster au mieux le système de gestion du moteur à la problématique de l’altitude est toujours un casse-tête pour nos ingénieurs, qui doivent trouver le juste équilibre entre fiabilité et performance pour perdre le moins possible dans ce dernier domaine. De plus, nos équipages vont être soumis à de vrais travaux d’Hercule, en raison de leur position sur la route. Malgré cet énorme handicap, je suis persuadé que Jari-Matti Latvala, Sébastien Ogier et Andreas Mikkelsen nous sortiront quelques tours de magie dont ils ont le secret, et finiront, je l’espère, par surprendre leur monde ! »

 Plus vite que Speedy Gonzales ?
Il faudra un petit miracle le premier jour !

Plus les voitures se succèdent dans les spéciales, plus la couche de gravier qui recouvre la route se nettoie. Naturellement, le phénomène ne fait que s’amplifier lors du second passage dans les mêmes chronos ! C’est clairement un handicap pour ceux qui s’élancent les premiers, et cela met encore un peu plus de pression sur les épaules des équipages Volkswagen. Leur objectif, le premier jour, consistera donc à limiter les dégâts du mieux possible, évitant de commettre des fautes et en ne prenant que des risques calculés. Jari-Matti Latvala/Miikka Anttila, au commandement avec 40 points, seront les premiers sur la route vendredi 7 mars. Leurs camarades d’écurie, Sébastien Ogier/Julien Ingrassia, les suivront dans un intervalle de deux minutes. Avec 35 points au compteur, ces derniers occupent la deuxième place au Championnat. Quand à Andreas Mikkelsen/Mikko Markkula, leur quatrième place au général leur vaudra de rouler quatre minutes derrière la Polo R WRC d’Ogier/Ingrassia.

Le règlement concernant l’ordre des départs dans chaque rallye a été modifié pendant l’intersaison. Chaque première étape voit les concurrents rouler dans l’ordre des positions au Championnat du monde. Les jours suivants, l’ordre est celui du classement général au terme de l’étape précédente. Il n’y a donc plus de qualifications préalables, contrairement à ce qui se pratiquait auparavant.

 Comme faire son jogging avec un tuba…

Conformément au règlement technique du WRC, la puissance des moteurs 1.6 litre turbo est limitée par l’adjonction d’une bride à l’alimentation en air. Cela revient à faire son jogging en respirant à travers un tuba ! L’altitude -près de 2.800 mètres dans les Sierras de Lobos et de Guanajuato – aggrave encore le phénomène. Plus on monte, et plus l’oxygène contenu dans l’air se raréfie, affectant le rendement de la mécanique. En outre, la vitesse de rotation du turbo compresseur augmente d’autant plus que la résistance de l’air qu’il reçoit diminue, et ce n’est qu’en modifiant les réglages de la gestion-moteur que l’on peut éviter la casse. Ce qui implique une réduction de puissance de l’ordre de 28 à 30% par rapport à un rallye comme la Suède par exemple.

« Au Rallye du Mexique, l’altitude affecte le moteur plus que tout autre élément de la Polo R WRC », confirme le Dr Donatus Wichelhaus, Directeur du développement moteur chez Volkswagen Motorsport.

« D’un côté, la pression de l’air diminue au fur à mesure que l’on prend de l’altitude, avec pour conséquence la raréfaction de l’oxygène. De l’autre, la résistance de l’air dans le turbo compresseur est également réduite. Cela revient à accélérer le régime moteur beaucoup plus que dans les autres rallyes. Afin de le réguler – tout en ne perdant que le minimum de puissance possible – nous avons procédé à plusieurs simulations différentes, y compris avant même la précédente édition de ce rallye ».

 En plein cœur du Mexique : mines, lacets et… « Chocolate » !

Au Rallye du Mexique, les extrêmes offrent des contrastes saisissants aux pilotes, aux coéquipiers et… au public ! Ainsi passe-t-on de 80.000 spectateurs enthousiastes massés dans les rues de la spéciale de Guanajuato, à la solitude des hautes montagnes. D’un sprint d’à peine plus d’1 km à un exigeant marathon de 56 km. Au sein du calendrier du WRC, le Rallye du Mexique est sans doute celui qui présente le plus de variété. Trois épreuves spéciales méritent une mention toute particulière en raison de leur longueur : il s’agit d’El Chocolate (44 km) vendredi 7 mars, d’Otates (53 km) samedi 8 mars, et de Guanajuatito, avec ses 56 km contre la montre, dimanche 9 mars.

L’un des endroits les plus spectaculaires se situe incontestablement dans Derramadero (ES 21, l’avant-dernière du rallye). Ou encore dans la suivante, la fameuse Power Stage, dont le parcours propose un dénivelé de 200 mètres en tout juste 2,5 km, ainsi que le saut d’El Brinco, au cours duquel les machines décollent pour un vol plané à couper le souffle. Et tout cela à juste quatre kilomètres de Cerro del Cubilete, au sommet duquel une statue du Christ, haute de 30 mètres, marque le centre géographique du Mexique.

 Déclarations avant le Rallye du Mexique

Sébastien Ogier (Volkswagen Polo R WRC n° 1)

« J’aime le Rallye du Mexique. Cette année, il est évident que l’objectif est d’y confirmer la victoire de 2013. Ici, les épreuves spéciales, dont certaines sont très longues, constituent un sacré challenge. Nous partirons deuxième sur la route, en sachant que les conditions s’amélioreront à chaque passage. Je suis certes mieux loti que Jari-Matti (Latvala ouvrira la route), mais moins bien que ceux qui partiront derrière moi. Je devrai donc faire de mon mieux le premier jour, de façon à ne pas obérer mes chances de victoire trop vite. L’un de nos atouts, l’an dernier, résidait dans le moteur de la Polo R WRC. Nous avions rencontré moins de problèmes que nos concurrents concernant la perte de puissance en altitude. Mais nous repartons tous de zéro en 2014 ! »

Jari-Matti Latvala (Volkswagen Polo R WRC n° 2)

« La victoire en Suède a été un grand moment et m’a donné un surcroît de confiance. Nous avons effectué des tests en Espagne pour préparer méticuleusement ce premier rallye sur terre de la saison et faire face aux conditions difficiles qui nous attendent ici. La suppression des qualifications a pour effet de m’obliger à partir en premier, compte tenu de ma position de leader du Championnat du monde. C’est un handicap, cela va sans dire. Mais le règlement, c’est le règlement. Et cet aspect négatif est largement compensé par le plaisir de me présenter au Mexique en leader du classement. Je ferai donc preuve d’esprit sportif et agirai du mieux possible en fonction des circonstances. Et si tout marche comme prévu, une victoire n’est pas exclue. Mais ce n’est pas mon objectif prioritaire. L’important, c’est de terminer dans les points ; une place sur le podium serait déjà formidable. »

Andreas Mikkelsen (Volkswagen Polo R WRC n° 9)

« La Suède a été un week-end parfait. Nous avons été en lutte pour la victoire, et cette deuxième place a finalement été un super résultat pour Mikko (Markkula) et moi. Lorsque vous êtes monté sur le podium une fois, vous avez forcément envie de recommencer. Mais il ne faut pas perdre non plus le sens des réalités. C’est le Mexique qui nous attend, et donc un terrain totalement inédit pour nous. Ce ne sera pas facile, du fait que je n’ai encore jamais participé à cette épreuve. L’an dernier, j’ai effectué les reconnaissances, ce qui m’a permis de m’en faire une première idée. Mon objectif est de terminer dans les cinq premiers. Je suis frais physiquement et moralement. Après le Rallye de Suède, j’ai passé du temps à la maison, avec ma famille et mes amis. Et je me suis offert un petit week-end à New York. Maintenant, je suis fin prêt. »

 3 questions à… Martin Hassenpflug
– Vous êtes chef de voiture sur la Polo R WRC de Sébastien Ogier. Combien de temps a-t-il fallu pour que la confiance s’établisse entre vous et votre pilote ?

– « Cela s’est fait très rapidement, compte tenu que nous sommes à peu près du même âge. Le fait que nous soyons déjà ensemble en 2012 à l’époque de la Škoda Fabia a aussi beaucoup joué. Depuis lors, nous nous comprenons les yeux fermés et une totale confiance s’est établie entre nous. Cela compte en cas de coup dur ».

– Vous avez collaboré avec de nombreux pilotes. Qu’est-ce qui fait de Sébastien Ogier un pilote hors du commun, selon vous ?

– « Sébastien n’a qu’une idée en tête en permanence : gagner. D’accord, c’est le cas de presque tous les pilotes, mais dans celui de Séb, c’est une obsession (rire). Quand le rallye est lancé et qu’il faut jouer son va-tout, il se met en mode gagnant est c’est parti ! »

– Vous-même et votre équipe entourez la Polo d’Ogier de vos soins attentifs plusieurs fois par jour. Quand avez-vous lavé la voiture de votre épouse la dernière fois?

– « En fait, cela n’arrive qu’assez rarement. Il m’arrive parfois de passer au lavage automatique, ou de mettre un coup d’aspirateur dans l’habitacle, mais pas plus. Ma femme ne m’a jamais fait de crise de jalousie à ce sujet. Après tout, c’est mon boulot de m’occuper de la voiture de Séb, le reste est une affaire privée… »

 Le Chiffre du Rallye du Mexique : 3

Volkswagen lorgne sur sa troisième victoire en trois courses à l’occasion de la troisième manche du Championnat… L’équipe de Wolfsburg, et ses trois équipages, se présente à León et ses environs comme championne en titre, et leader dans les trois catégories (Pilotes, Coéquipiers, Constructeurs). En 2014, au Mexique, Sébastien Ogier ne s’est pas seulement imposé pour la troisième sortie de Volkswagen en Championnat du monde des Rallyes (WRC), mais il a aussi raflé… trois points de bonus, grâce à sa victoire dans la Power Stage.


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