Interview Sébastien Ogier – « L’objectif n° 1 est de défendre le titre »


• Sébastien Ogier retrouvera la semaine prochaine le Rallye de Suède, où il a remporté sa première victoire pour Volkswagen en 2013
• Il déclare qu’il n’échangerait sa Polo R WRC « pour rien au monde »
• Le Champion du monde inclut Robert Kubiça parmi ses principaux adversaires

Avec sa victoire au Monte-Carlo, le pilote Volkswagen a signé son 5e succès d’affilée. Série en cours, entamée en 2013 : Australie – France – Espagne – Grande-Bretagne. Interview exclusive du Champion du monde avant la Suède (5-9 février), où il a remporté l’an dernier, avec Julien Ingrassia, « sa plus belle victoire à ce jour ». Bilan et perspectives.

– Sébastien, félicitations pour votre victoire au Monte Carlo !

– « Merci… je ne pouvais pas mieux débuter la saison ! Gagner le Monte Carlo dans les conditions où il s’est déroulé – et sachant qu’il compte à nouveau pour le Championnat du Monde – procure une sensation extraordinaire. En particulier lorsque je me remémore les deux derniers jours, avec ma remontée sous des trombes d’eau, et la pagaille provoquée par la neige dans le Turini.

– Vous aurez encore plus de neige en Suède. Vous aimez ce rallye ?

– C’est l’un de mes préférés. Tout spécialement parce que j’y ai remporté ma première victoire l’an dernier avec Volkswagen, à l’issue d’une belle bagarre avec Sébastien Loeb. Je pense que c’est la meilleure performance de ma carrière à ce jour. Avec Sébastien, nous étions tous les deux à fond à 100%, c’était maximum attaque partout et j’ai fini par l’emporter.

– Que ressent-on au volant d’une WRC sur la neige ?

– Si la neige est bonne, c’est le pied de piloter en Suède. Les vitesses moyennes sont très élevées, l’adhérence des pneus cloutés est formidable. J’adore balancer la Polo R WRC dans de grands travers sur la glace !

– Avec Volkswagen, vous avez réussi à gagner tous les championnats dès votre première saison. Pensiez-vous que cela pouvait arriver ?

– Non ! Si quelqu’un nous avait dit, à Julien et à moi, que nous gagnerions le championnat en remportant neuf rallyes sur treize, nous lui aurions conseillé d’aller consulter un médecin ! Impossible de prévoir la valeur d’une voiture en début de saison, surtout s’il s’agit d’une toute nouvelle machine, comme la Polo R WRC. Ensuite, après les victoires en Suède, au Mexique et au Portugal, nous avons su plus précisément à quoi nous en tenir sur la valeur de notre matériel. Et il semblerait que nous soyons toujours dans le coup !

– Champion du Monde, ressentez-vous plus de pression désormais ?

– J’en suis surtout très fier. Ce premier titre mondial, personne ne pourra nous le retirer à Julien, à moi et au Team. Naturellement, notre objectif, maintenant, c’est de le défendre. L’an dernier, Volkswagen a gagné 10 rallyes sur 13, ce sera difficile de faire mieux… mais soyez certains que nous allons essayer !

« Robert Kubiça est un plus pour le Championnat »

– Avec le recul, quel a été le moment plus intense l’an dernier ?

– Clairement, lorsque nous avons décroché le titre mondial en Alsace, au Rallye de France. A l’instant où Julien et moi avons franchi la ligne d’arrivée de la Powerstage, et réalisé que nous étions champions du monde. Un moment incroyable ! Celui où le rêve devient réalité après tant d’efforts. Tout le monde était là pour me féliciter, j’étais submergé par l’émotion.

– Y a-t-il eu une émotion particulière au cours d’un rallye, du genre de celles que l’on n’oublie jamais ?

– Oui, au Mexique, au km 32 de la 18e spéciale (Otates II), lorsque nous nous sommes retrouvés, à pleine vitesse, face à une grille de clôture fermée ! Je me souviendrai toujours de notre freinage en catastrophe, et de Julien bondissant de la voiture pour ouvrir cette satanée barrière ! Après coup, l’organisation nous a crédités des 37 secondes perdues dans l’affaire…

– Qui sera votre plus coriace adversaire en 2014 ?

– En premier lieu mon compagnon d’écurie, Jari-Matti Latvala. Ensuite, il sera intéressant d’observer Thierry Neuville en Suède avec Hyundai, après leur déconvenue du Monte Carlo. N’oublions pas Citroën, qui a une énorme expérience et de solides atouts comme Mads Østberg et Kris Meeke. Robert Kubiça figure aussi sur ma liste au vu de ses deux premières spéciales du Monte Carlo. Il possède une incroyable pointe de vitesse, sur asphalte en particulier : c’est un pilote de Formule 1 ! Je regrette beaucoup qu’il n’ait pas pu terminer le Monte, comme il l’aurait mérité.

– Il n’est pas le premier pilote de F1 à se reconvertir au Rallye. Que pensez-vous de lui ?

– C’est une bonne chose pour notre discipline qu’il ait eu envie d’y rester, c’est clairement un atout, un plus pour le Championnat du Monde. Robert est un grand Monsieur doté d’un immense talent, comme il vient de nous le démontrer encore une fois. Aussi suis-je impatient de voir ce que cela va donner sur les douze autres manches du Championnat. Nous connaissons sa valeur sur le bitume, nous allons maintenant pouvoir l’évaluer sur la neige et la glace en Suède.

– Qu’est-ce qui vous motive le plus, en dehors du désir de l’emporter ?

– J’ai toujours aimé la nature et l’aventure. L’un des attraits du Rallye est de vous envoyer dans des coins du globe tous plus fantastiques les uns que les autres. Vous êtes soutenu par les fans et entouré par cette équipe formidable qu’est le Team Volkswagen. Le Rallye est vraiment une grande aventure sportive. La course en circuit aussi, bien sûr, mais pour l’instant je n’échangerais ma Polo R WRC contre aucune autre voiture de course !

– Quel est votre secret, si les choses deviennent ennuyeuses, pour conserver votre motivation quoi qu’il arrive ?

– Le Championnat, c’est 13 Rallyes aux quatre coins du monde, de l’Australie à la Suède en passant par le Mexique et l’Argentine. Et entre les épreuves, il y a les tests. Je voyage donc 250 jours par an. Le secret, c’est de me relaxer et de faire du sport lorsque je me retrouve enfin chez moi. Je fais des courses en montagne, du jogging, du vélo… En fait, je n’ai jamais le temps de m’ennuyer… » (rire).


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