Dix mois après le scandale des lasagnes à la viande de cheval, alors que l’on attend toujours une décision de Bruxelles sur l’obligation d’étiqueter l’origine de la viande dans les produits transformés, l’Assemblée Nationale s’apprête à voter aujourd’hui sur cette mesure dans le cadre du projet de Loi relatif à la Consommation. A cette occasion, sur la base d’une étude exclusive révélant les résultats mitigés des engagements volontaires des professionnels pour mettre en place cette information, l’UFC – Que Choisir presse les autorités nationales et européennes de légiférer pour garantir aux consommateurs une information essentielle à la traçabilité et à la sécurité sanitaire.
La publication officielle des recommandations de la Commission Européenne en matière d’étiquetage, initialement attendue cet été, puis reportée en octobre, vient à nouveau d’être repoussée à la fin de l’année, sous la pression des gouvernements nationaux, insatisfaits du projet Bruxellois. Sans attendre l’issue de ces débats, certains professionnels conscients de la nécessité de rassurer rapidement les consommateurs ont pris lors de la crise, l’engagement d’indiquer l’origine de la viande utilisée dans leurs produits. L’UFC – Que Choisir a mené l’enquête en rayon pour vérifier la mise en œuvre de ces engagements sur 91 produits de consommation courante à base de viande de bœuf (1).
Étiquetage volontaire, pas d’effet bœuf : 2 produits sur 3 sans mentions d’origine !
Dans presque tous les rayons, les produits restent majoritairement muets sur la provenance de la viande. Le bilan est donc très mitigé sur cette mesure d’autorégulation, puisque au global seulement 38 % des produits portent la mention recherchée. Seul le rayon frais se distingue avec la présence de l’origine sur près de 3/4 des produits. Quant aux mentions valorisantes, telles que ‘’Pur bœuf’’, ‘’Transformé en France’’ ou ‘‘Viande contrôlée avec soin’’, dans 70 % des cas, ce ne sont que des accroches marketing utilisées comme ‘caches misères’ afin de faire oublier aux consommateurs l’opacité sur l’origine de la viande.
Grande distribution : des engagements en trompe l’œil.
Bien que sur les neuf enseignes de distribution étudiées, sept se soient engagées en faveur de l’étiquetage de l’origine, en pratique seulement deux d’entre elles, Picard et Auchan, réussissent à mentionner l’origine sur un grand nombre de produits (respectivement 83 % et 78 % des produits étudiés). En queue du peloton, on relève la présence de Leclerc (seulement 18 % des produits portent la mention d’origine) et enfin Monoprix et Leader Price pour lesquels aucun produit étudié ne donne l’origine de la viande !
Marques nationales : information ‘low cost’.
Globalement, les marques nationales ne brillent pas par leur transparence : six marques nationales sur dix ne donnent aucune origine de la viande pour les produits étudiés : Zapetti, William Saurin, Barilla, Charal, Maggi, Louis Martin ! Quatre marques seulement informent correctement les consommateurs : Panzani, Marie, Findus et Fleury Michon.
Impact de la transparence sur les prix : nos chiffres font mentir les Cassandres.
Alors que les professionnels annonçaient des hausses de prix faramineuses dues à l’étiquetage de l’origine, notre étude montre que le surcoût n’est que de 0,7 % en moyenne. Cette hausse minime ne représente, par exemple pour des lasagnes, que + 1,5 centimes d’euros, soit bien moins que la différence de prix entre enseigne qui peut être 20 fois supérieure !
Au vu de l’échec de l’autorégulation pour une pleine information des consommateurs et au moment où l’Assemblée nationale s’apprête à voter sur l’étiquetage de l’origine, l’UFC – Que Choisir soucieuse que soit assurée la transparence due aux consommateurs :
– Demande au gouvernement français d’intervenir auprès de la Commission Européenne pour que celle-ci confirme la validité de l’initiative française avec le droit communautaire,
– Enjoint la Commission d’élaborer sans délais une proposition réglementaire rendant obligatoire l’étiquetage de l’origine nationale dans les produits transformés.
(1) Produits de grande consommation à base de viande de bœuf (lasagnes, raviolis, hachis Parmentier, bœuf bourguignon etc … ) de marques nationales et de marques de distributeurs, proposés au rayons frais, surgelés, conserves, barquettes plastiques et sauces bolognaises.
Retrouvez l’étude et les propositions de l’UFC-Que Choisir sur « Indication de l’origine de la viande de bœuf dans les produits transformés »
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