En Suisse, la branche de l’aviation est l’une de celles qui nuit le plus à l’environnement. Malgré cela, elle est fortement subventionnée par l’Etat. Il est grand temps de se mettre au diapason européen et d’introduire une taxe climatique sur les billets d’avion.
Les Suisses aiment emprunter la voie des airs: en moyenne, ils prennent deux fois plus souvent l’avion que leurs voisins allemands, français ou italiens. Dans quatre cas sur cinq, ils s’envolent pour les vacances ou les loisirs. Un comportement qui promet une fréquentation record des aéroports ces prochaines semaines. Et qui n’est pas sans conséquences: aujourd’hui déjà, 16% des émissions nuisibles pour le climat en Suisse sont à mettre sur le compte du trafic aérien. Dans sept ans, ce chiffre devrait passer à 22%. L’avion est donc l’un des principaux moteurs du changement climatique. Un vol Zurich-New York a le même effet sur le climat qu’une année au volant d’une voiture.
L’Etat subventionne pourtant cette pollution de l’environnement par le biais de nombreux privilèges fiscaux: le trafic aérien ne paie pas la taxe sur la valeur ajoutée ni celle sur le CO2 ou l’impôt sur les huiles minérales, contrairement aux automobilistes ou aux propriétaires fonciers. Au niveau fiscal, le trafic aérien est même privilégié par rapport au trafic ferroviaire. En guise de mesure à court terme, le WWF demande donc une taxe sur les billets d’avion, comme celle qui existe dans tous les pays limitrophes. Cette taxe doit se monter à au moins 20 francs pour les vols court-courriers (jusqu’à 2500 km), à au moins 50 francs pour les moyen-courriers et à 100 francs pour les long-courriers (à partir de 6000 km). Elle doit par ailleurs être doublée pour les billets de classe business. L’argent ainsi récolté peut être redistribué à la population ou utilisé pour financer la contribution suisse à la protection globale du climat dans les pays en développement, due depuis longtemps.
La Confédération a reconnu le problème il y a longtemps déjà, mais n’a pourtant rien entrepris de valable à ce jour. Au niveau global également, malgré 15 ans de discussions, aucun accord pour une plus grande équité des coûts dans le transport aérien n’est en vue. Nous ne pouvons cependant pas nous permettre d’attendre plus longtemps: «Le trafic aérien nuisible pour le climat va nous coûter cher. Il est grand temps que la collectivité n’ait plus à assumer tous les coûts et que les pollueurs passent à la caisse», affirme Patrick Hofstetter, responsable climat et énergie au WWF Suisse.