Déchets nucléaires : Implosion du ‘débat public’, et maintenant on fait quoi ?


Du jamais vu ! Un « débat public » qui implose dès la première réunion et une contestation qui enfle au point d’annuler toutes les réunions suivantes. Voilà qui interpelle, et si la Commission nationale du débat public annonce se réunir ce mercredi 3 juillet, à ce stade la situation contraint à un vrai choix sur la gestion des déchets du nucléaire : s’entêter ou regarder la réalité en face. Analyse et propositions concrètes

La stratégie de l’entonnoir

Quel passif ! La longue histoire de la gestion des déchets nucléaires est fondée sur un brouet qui se répète : escamotage de la vérité (avec pour fondement « le nucléaire propre »), opacité, achat du silence et des consciences, démocratie bafouée et pipée. Difficile à concevoir, au pays des droits de l’Homme, mais les faits sont là, patents. Le récent document « Réflexion et questions sur les enjeux éthiques de la gestion des déchets nucléaires », par exemple, décrit en détail ce processus.

Quant aux lois (de 1991 et 2006), présentées comme exercice typiquement démocratique, ne faut-il pas les voir, plutôt, comme éléments d’une stratégie délibérée, une « stratégie de l’entonnoir » conduisant à l’enfouissement des déchets ? Dès les années 1980 la volonté d’enfouir ces poisons fut mise en application sur le terrain. Les jacqueries successives des populations concernées amenèrent la loi de 1991, amorce de l’entonnoir : il y aurait plusieurs voies de recherche et il y aurait « des » laboratoires ». Puis le cône de l’entonnoir se resserra : il n’y eut qu’un laboratoire. Puis le cône se rétrécit encore : la loi de 2006 imposa l’enfouissement comme « solution de référence », adieu les autres voies de recherche… tout en faisant croire que l’avenir n’était pas écrit puisque que d’ici 2025 (date annoncée pour l’enfouissement) il y aurait enquête publique, débat parlementaire, débat public, etc

Qui sème l’exaspération récolte la révolte

L’ennui, avec les populations, c’est qu’on a beau leur expliquer que le démocratie représentative est un outil merveilleux, qu’ainsi elles n’ont à s’occuper de rien, qu’une poignée d’individus décident pour elles et pour leur bonheur, l’ennui donc avec les populations c’est qu’après avoir délégué il arrive qu’elles s’éveillent, et que non seulement elles demandent des comptes mais qu’elles veuillent décider. En un mot, elles exigent voir et vivre une réelle démocratie. Voilà ce qui se passe à BURE. Manifestement les gouvernants sont sourds à ces exigences de base, ce qui a poussé le CEDRA ces derniers mois a porter un message fort dans les couloirs du pouvoir (IRSN, ASN, CNE, ANCCLI, ministères, DGEC, présidence, AIEA…) : à présenter le « débat public » de 2013 comme un superbe outil démocratique et au vu du passif massif, ne vous étonnez pas d’être reçus « par des fourches » (sic). Pas une menace, un message, pour faire ouvrir les yeux, pour faire voir la réalité.

Prévenus, les décideurs. Prévenue la Commission du débat public. Résultat : un calendrier inepte ne tenant par exemple pas compte du débat sur la transition énergétique et ses conséquences sur les déchets du nucléaire. Un calendrier dénoncé par plusieurs dizaines d’associations, le Clis de Bure, des partis politiques. Rien n’y fit. La suite est connue. A nourrir continuellement l’exaspération, dont les pitoyables saillies de la ministre D.Batho (cf ses 2 communiqués), les mêmes ont récolté la révolte.

Et maintenant, on fait quoi ?

Dans le but de se conforter, la commission du débat public a commandité un sondage dans la région de Bure. Ses enseignements ? Ce que tout le monde ici savait déjà : les gens veulent débattre mais ils ne font pas confiance à l’exercice « débat public ». Dit autrement : oui pour discuter, non pour se faire posséder. On a là le terreau exact pour sortir du bourbier « déchets nucléaires ». Aujourd’hui, enfin, s’offre le choix : s’entêter dans la voie sans issue et explosive jusqu’alors retenue, ou regarder la réalité en face en remettant à plat tout le problème des déchets nucléaires, en reconnaissant :

  • ·         que ce projet comporte des risques et des nuisances qui ont été escamotés
  • ·         qu’il est à présent acté, avec les manifestations contre ce débat, que la population ne veut pas de ce projet
  • ·         qu’il est nécessaire de déclarer un moratoire dans le projet d’enfouissement et la suspension du calendrier du projet
  • ·         d’étudier réellement toutes les alternatives, et avec toutes les parties prenantes, en intégrant que l’on n’a pas d’autre choix que de trouver vraie solution
  • ·         dans cette attente, tirer toutes les conclusions qui s’imposent : gestion temporaire des déchets, fermeture du robinet de production (car chaque jour qui passe alimente la piscine…), etc

S’entêter ou regarder la vérité en face, nous sommes à l’heure des choix

Nota : pour aider les ‘responsables’ à s’engager sur une voie de sagesse, le CEDRA travaille à une « opération désintox ». Celle-ci reprendra et décortiquera les principaux leviers ‘psychologiques’ utilisés par les tenants du statut-quo, ceux du « on produit et on enfouit »

Contrairement aux lamentations des pseudo-démocrates, jamais le DEBAT n’a été aussi actif

Ø  sur www.cigeout.com

Ø  sur la tournée des ‘Hâleurs du débat’ > www.lehalagedudebat.wordpress.com

Ø  par un cycle de débats, à destination des populations de la région de Bure :

  • ·          Jeudi 4 Juillet : Bar-le-Duc / Cinéma Le Colisée / 20H
  • ·         Mercredi 10 Juillet : Chaumont / Salle des fêtes / 20H

Ø  par le « Petit festival contre grosse poubelle » à BONNET dernier w-end d’août


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