Petites assurances : De gros défauts à corriger !


Alors que les plaintes de consommateurs sur les assurances affinitaires se multiplient, et à l’approche de la discussion à l’Assemblée nationale du projet de loi « consommation », comprenant notamment un volet sur ces assurances « accessoires », l’UFC-Que Choisir présente aujourd’hui les résultats effarants de son analyse de deux exemples emblématiques de ces assurances : les assurances moyens de paiement (AMP) et les assurances « fuites d’eau ». Face aux défauts criants des assurances accessoires et à leur impact financier, l’association en appelle à une action résolue des parlementaires.

Assurance moyens de paiement : tout baisse… sauf les prix

Si depuis 2009, l’UFC-Que Choisir ne cesse de dénoncer la perte d’intérêt des AMP en raison de la loi obligeant les banques à rembourser les clients pour la plupart des fraudes, l’analyse des taux 2012 de plaintes pour fraude aux moyens de paiement devrait sonner le glas de telles « assurances ». En effet, ce taux a baissé de 19% entre 2009 et 2012, chiffre impactant car les AMP ne remboursent pas sans plainte. Et le montant moyen fraudé est également en baisse. Malgré cela, le prix de ces assurances n’a diminué que de 0,8% entre 2009 et 2013. L’échelle départementale confirme cette carte de France de l’incohérence des AMP : il y a 266% d’écart entre les taux de plaintes les plus hauts et les plus bas… mais seulement 5,6% d’écart sur les tarifs ! Comment ne pas dénoncer le fait que l’AMP ne suive pas la logique assurantielle, où le prix est lié à l’étendue de la garantie et au risque réel de sinistre ? Comment par ailleurs ne pas s’indigner du fait que les banques via leurs packages équipent encore et toujours 55% de leur clients d’AMP ? Bref, l’AMP n’est que l’assurance… de revenus massifs pour les banques : en 2007 (soit avant le passage de la loi), la manne s’élevait à 940 millions d’euros de marges.

L’assurance fuites d’eau : une cascade de sollicitations pour une couverture « goutte d’eau »

Censées couvrir les pertes d’eau du compteur au domicile, ces contrats font l’objet d’un démarchage très agressif : plusieurs dizaines de millions de courriers adressés aux locataires comme aux propriétaires d’appartements ou de maisons alors même qu’ils ne présentent d’intérêt que pour les propriétaires, minoritaires, de maisons avec un compteur extérieur. Sur la couverture, comme les AMP, ces assurances ont perdu de leur intérêt depuis le passage d’une loi de mai 2011 obligeant les distributeurs d’eau à prendre en charge une large part du coût des fuites. Au final, comme souvent sur les assurances « accessoires », le reversement à l’assuré est faible : moins de 16% des primes encaissées !

Assurances affinitaires : un impact loin d’être « accessoire »

Ces deux exemples sont représentatifs de ce que l’UFC-Que Choisir déplore sur la globalité du marché des assurances accessoires, aussi divers qu’en pleine expansion et qui représente déjà, au bas mot, 3 milliards d’euros :

– Des méthodes de vente contestables, en face à face comme à distance : De ce fait, beaucoup de client ignorent posséder ce type d’assurances, ou leur contenu exact, et ne les utilisent pas.

– Un intérêt plus que limité pour beaucoup de consommateurs : Soit du fait des doublons, soit des exclusions, soit des limitations pratiques à l’enclenchement de leur indemnisation.

– Un tarif décorrélé du risque réel, loin de toute logique assurantielle.

– Une redistribution infinitésimale : Les professionnels des assurances accessoires conservent entre 80% et 95% de la prime. Un chiffre très éloigné des assurances classiques (environ 30%).

– Un fléau de longue durée : Les assurances accessoires sont très souvent des assurances de groupe non soumises à la loi Châtel, le professionnel n’est donc pas tenu d’informer son client de la possible résiliation à date anniversaire. Résultat : quand le consommateur veut se libérer, il est souvent trop tard, et il doit encore payer pendant des mois.

Afin que le marché ne se développe pas au détriment du consommateur et dans la perspective de la discussion du projet de loi consommation, l’UFC-Que Choisir demande aux parlementaires :

– Pour garantir le consentement éclairé du consommateur :

La mention des exclusions de manière aussi explicite que les garanties dans toute communication commerciale d’un produit d’assurance ;
L’obligation pour le vendeur d’indiquer au client son commissionnement sur l’assurance vendue.

– Pour rétablir la liberté du consommateur :

La mise en place d’un droit de rétractation ;
L’établissement d’une résiliation à tout moment à partir d’un an dans le contrat d’assurance.


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