Mercedes-Benz entretient depuis toujours une relation très privilégiée avec la France. Le constructeur de Stuttgart est resté fidèle au Salon Mondial de l’Automobile de Paris depuis sa première édition en 1898 auquel il a réservé à maintes reprises de grands lancements, notamment de modèles de luxe.
Cette présence constante souligne la part belle faite aux véhicules du segment du luxe de la marque allemande, bien avant que « Classe S » n’en devienne la désignation officielle :
Mercedes-Benz et les marques antérieures ont toujours été synonymes de luxe, de confort et de sécurité. C’est également à Paris en 1972 qu’a eu lieu le lancement officiel de la classe de luxe de la marque mondialement connue. Alors que le « S » apparaissait déjà depuis de nombreuses années dans la désignation des modèles haut de gamme de Mercedes-Benz, c’est au Salon de l’Automobile de Paris de 1972 que le constructeur allemand a pour la première fois présenté officiellement une « Classe S » au public. En interne, ce véhicule était appelé série W116.
Percée en France
Dès le début, la France a joué un rôle déterminant pour Mercedes-Benz. En 1886, Carl Benz et Gottlieb Daimler ont presque en même temps inventé l’automobile en Allemagne. Cette nouvelle forme de transport a toutefois connu ses premiers succès et réussi sa percée en France : reçue au départ avec scepticisme par les Allemands, l’automobile a été favorablement accueillie par la très chic société parisienne qui raffolait de technologie. À juste titre, un document interne de la Daimler-Motoren-Gesellschaft (DMG) de 1902 désignait la France comme le « premier pays des automobiles », car « dans aucun autre pays l’automobile n’a même de loin gagné autant de terrain ». Dès 1898, l’Automobile Club de France, fondé en novembre 1895, organise le premier salon de l’automobile international à Paris sur la terrasse du Jardin des Tuileries, du 15 juin au 3 juillet. Il attire près de 140 000 visiteurs venus admirer les 232 véhicules exposés. Dans le but de convaincre ces derniers de l’efficacité du nouveau moyen de transport, les constructeurs les invitent à essayer les nouveaux véhicules à Versailles.
En janvier 1899, le magazine Der Motorwagen écrivait à propos de cet événement : « À l’occasion de cette exposition exceptionnelle de voitures à moteur alimentées à l’essence, nous devons reconnaître le mérite des ingénieurs allemands Benz de Mannheim et Daimler de Cannstatt qui ont introduit ces véhicules et contribué à leur diffusion en France, comme le reconnaissent ici sans hésitation la presse spécialisée et les industriels concernés eux-mêmes ».Les deux ingénieurs peuvent en effet être considérés comme les pères fondateurs de l’industrie automobile française, tous deux ayant déjà présenté leurs véhicules avec l’aide de partenaires français lors de l’Exposition Universelle de Paris de 1889.
Alors que l’agent Émile Roger a considérablement contribué à la diffusion de l’automobile Benz avant le tournant du siècle, les sociétés françaises Panhard & Levassor et Peugeot montaient des moteurs Daimler fabriqués sous licence chez Panhard & Levassor sur leurs propres véhicules, de sorte que les deux sociétés sont considérées comme les premiers constructeurs de voitures à moteur en France. « La Daimler-Motoren-Gesellschaft est venue au salon avec deux voitures Victoria et un poids lourd de cinq tonnes », rapporte Der Motorwagen dans son édition de février 1899 couvrant le premier Salon de l’Automobile de 1898 à Paris. « On peut dire que ces véhicules puissants au fonctionnement impeccable éclipsent dans une large mesure les produits français ». Les automobiles Benz étaient également présentes au premier Salon de l’Automobile de Paris : « Maison Parisienne à Paris a exposé un certain nombre d’assez jolies voitures de deux à douze places. Cette société se consacre essentiellement à la vente et à l’installation de moteurs de Rheinische Gasmotorenfabrik Benz & Co. (Mannheim) en France et a permis à la société mère de connaître le même succès considérable ».Au tournant du siècle, c’est à nouveau en France que l’automobile, qui révolutionnait déjà la mobilité individuelle, s’est revêtue de glamour grâce au travail de l’homme d’affaires autrichien Emil Jellinek qui fit connaître aux Français les voitures allemandes de classe de luxe sous le nom de marque « Mercedes ».
En tant qu’entrepreneur bien connu à Nice, il a commencé à promouvoir les véhicules Daimler auprès des couches les plus aisées de la société en 1898. Le baron de Rothschild ainsi que d’autres personnalités lui ont acheté des voitures. À la mort de Gottlieb Daimler en 1900, Jellinek avait ainsi vendu le nombre considérable de 34 voitures et réclamait à la Daimler-Motoren-Gesellschaft et à son concepteur en chef Wilhelm Maybach des niveaux encore plus élevés de performance technique.
La naissance de la marque Mercedes
Habile dans le marketing et la vente, Jellinek a réussi finalement à convaincre DMG que le futur de l’automobile résidait dans la vitesse et l’élégance. « Lorsque je suis né, les voitures Daimler étaient solides, utilisables et sûres, mais ce n’était que des véhicules théoriques », se rappelle le fils de Jellinek, Guy. Pour lui, la vitesse n’était pas une incitation à l’imprudence, mais plutôt le véritable intérêt de conduire un véhicule à moteur : « Si une automobile ne m’apporte rien de plus qu’un attelage de chevaux, alors je peux tout aussi bien utiliser des chevaux ! ».En avril 1900, Jellinek et DMG conclurent un accord sur la vente de véhicules et le développement d’un nouveau moteur sous la désignation de « Mercedes », du nom de la fille de Jellinek née en 1889. Peu de temps après, au bout de quelques semaines, Jellinek commande à DMG 72 véhicules de divers niveaux de performance, ce qui en 1900 peut être qualifié de grosse commande.
Le 22 décembre 1900, la société basée à Stuttgart livre à Jellinek le premier véhicule équipé du nouveau moteur, une Mercedes 35 CV. Cette nouvelle « Mercedes » développée par Wilhelm Maybach a provoqué un tollé au début du 20e siècle. Il s’agissait à l’époque du modèle le plus avancé au monde que l’on considère encore aujourd’hui comme l’une des premières automobiles modernes. Dès le 4 janvier 1901, L’automobile-Revue du Littoral publie un article indiquant : « Il y a quelque chose de nouveau à voir actuellement, pas à Paris, mais à Nice. Le premier véhicule Mercedes fabriqué dans les ateliers de Cannstatt est arrivé à Nice et a été montré à tous les conducteurs grâce à la générosité de son propriétaire, M. Jellinek. Nous devons reconnaître que la voiture Mercedes est très, très intéressante. Ce véhicule remarquable sera un redoutable concurrent à l’occasion des courses de 1901 ».Il s’est avéré que le journaliste avait vu juste : les voitures allemandes ont montré ce dont elles étaient capables avec de nombreuses victoires au cours de la semaine de courses à Nice fin mars 1901. Jellinek a pris lui-même part à la compétition sous le pseudonyme de « Monsieur Mercedes ». Les succès de la nouvelle voiture ont impressionné aussi bien le public que les experts.
Paul Meyan, Secrétaire général de l’Automobile Club de France, a également reconnu la nouvelle suprématie de la marque automobile allemande Mercedes sur les pistes de course où régnaient les marques françaises depuis si longtemps : « Nous sommes entrés dans l’ère Mercedes », écrit-il après la Semaine de Nice de 1901. Salué par les Français comme le « Roi des concepteurs », Wilhelm Maybach, que Jellinek estimait capable d’« inventer sur commande », a continué à développer des conceptions automobiles ; la production et les ventes augmentaient alors au même rythme que la puissance des moteurs et les vitesses maximales. Parmi les modèles améliorés, appelés Mercedes Simplex dès 1902, 232 voitures étaient déjà produites en 1903, 698 l’année suivante et même 863 en 1905. La collection Mercedes-Benz Classic renferme des pièces particulièrement remarquables du meilleur modèle de la marque à l’époque et un exemple impressionnant de la longue tradition dont la Classe S actuelle est l’héritière : l’élégante et luxueuse berline de tourisme de 1904 provenant de la collection personnelle d’Emil Jellinek.
Un « goût pour Mercedes » en France
Il y existait en France un tel engouement pour l’automobile au tournant du siècle que l’ancien site d’exposition n’offrait plus suffisamment d’espace. Fin 1901, le Salon de l’Automobile de Paris a donc été transféré au Grand Palais sur les Champs-Élysées. Le plus grand palais de verre, qui existe encore d’aujourd’hui, avait été construit en 1900 pour l’Exposition Universelle de Paris et offrait à l’industrie automobile naissante un cadre majestueux : le hall principal de style Art Nouveau mesure 240 mètres de long et 40 mètres de haut et est recouvert d’une verrière de 15 000 m². Avec l’arrivée de la lumière électrique, le Salon de l’automobile de 1902 brillait de mille feux et a attiré 230 000 visiteurs émerveillés par les éclairages et les démonstrations cinématographiques.
Parmi les véhicules exposés, des marques étrangères comme Mercedes ont notamment fait impression et suscité l’intérêt du public. « Depuis la première fois que les Français organisent leur salon de l’automobile annuel, ils ont dû faire face à une forte concurrence étrangère », rapportait l’Allgemeine Automobil Zeitung à propos du Salon de l’Automobile de Paris de 1902. « La bête noire des Français était surtout les véhicules Mercedes, suivis par Benz avec son nouveau modèle ». Le magazine Der Motorwagen estimait même que la Salon de l’Automobile de Paris révélait un « goût pour Mercedes prévalant absolument désormais en France ».Dans une rétrospective en 1933, l’Automobil-Rundschau rappelait une fois de plus le statut particulier à Paris des automobiles haut de gamme venues d’Allemagne. « Pour le secteur automobile allemand, le salon a en tout cas marqué un tournant décisif : un produit allemand a maintenant pris la tête du marché automobile international », écrivait le magazine à propos du Salon de l’Automobile de 1903. « On copie Mercedes. Il n’existe pratiquement aucune voiture sans un attribut Mercedes, aucun moteur sans soupape d’échappement contrôlée, sans allumage électromagnétique, sans refroidissement Mercedes. Tout bien considéré : un Salon de Mercedes, comme un magazine spécialisé français l’a justement fait remarquer ».
Et le dithyrambe de continuer : « Les automobiles Mercedes de l’usine de Cannstatt sont de loin le clou du salon et leur impact sur l’ensemble de l’industrie française ne peut être nié. Elles sont suivies par Benz de Mannheim avec ses propres automobiles à succès qui n’ont absolument rien à envier aux meilleurs produits français ».Dans les années qui ont suivi, le stand Mercedes-Benz au Salon de l’Automobile de Paris est resté le lieu d’importants lancements : en 1928, le premier modèle 8 cylindres de la marque bien établie a été présenté au public sur la Mercedes-Benz Nürburg 460, et en 1930 le modèle 770, ou « grand Mercedes », a été présenté en exclusivité mondiale. Le nouveau modèle haut de gamme de Mercedes-Benz est rapidement devenu le véhicule officiel préféré des têtes couronnées et des chefs d’État ainsi que de l’élite de l’industrie et de la finance.
Présentation de la première Classe S à Paris en 1972
Alors que les prédécesseurs de la Classe S d’aujourd’hui n’ont jamais manqué d’impressionner le public au Salon de l’Automobile de Paris, la première gamme de modèles portant officiellement le nom de « Classe S » a fait de même il y a 40 ans. En octobre 1972, Mercedes-Benz a réservé une double primeur au 59e Salon de l’Automobile de Paris avec la série 116 : en plus de présenter sa nouvelle gamme, la marque de Stuttgart a lancé un nouveau nom. Les berlines de luxe sont depuis officiellement désignées « Mercedes-Benz Classe S ». Bien que la lettre « S » apparaissait déjà dans la désignation des modèles de la classe de luxe Mercedes-Benz depuis 1949, « Classe S » est maintenant devenu le qualificatif percutant de toute une famille de modèles. « La nouvelle Classe S est le fruit de nombreuses années de travaux de développement théoriques et pratiques qui, s’appuyant sur les résultats éprouvés des séries précédentes ainsi que sur les dernières innovations technologiques de pointe, a révélé de nouvelles dimensions dans le secteur automobile », d’après le dossier de presse du Salon de l’Automobile de Paris de 1972 sur la page de garde duquel on pouvait simplement lire : « Mercedes-Benz présente la nouvelle Classe S ». « Les véhicules qui, outre une performance supérieure, des caractéristiques de conduite bien équilibrées et un luxe confortable, offrent le niveau de sécurité active et passive le plus élevé, ont adopté de nombreux éléments des analyses de projet poussées C 111, ESF 5 et ESF 13 (Experimental-Sicherheits-Fahrzeug).
Une nouvelle classe définit par conséquent de nouvelles normes qui continueront de s’appliquer dans les années à venir », affirmait Mercedes-Benz à cette occasion en soulignant sa tradition en tant que constructeur inégalé de véhicules de luxe. À travers sa Classe S, Mercedes-Benz a gardé un lien étroit avec le Salon de l’Automobile de Paris dans les années qui ont suivi également. Par exemple, en octobre 1992, parmi d’autres modèles, le constructeur de Stuttgart a présenté la 300 SE 2.8 et la 300 SD turbo diesel au salon, ajoutant deux autres variantes moins onéreuses et particulièrement économiques à la gamme de Classe S. La 300 SD a également suscité l’intérêt ; bien que déjà exportée vers les États-Unis depuis octobre 1991, elle devenait alors le premier modèle diesel de la Classe S également disponible en Europe. Outre les deux nouveaux modèles, les versions huit et douze cylindres avec un moteur de nouvelle conception ont également été présentés à Paris. Toutes ces motorisations se passent de l’enrichissement du mélange lorsque le papillon est grand ouvert, ce qui a entraîné une légère réduction de la puissance au profit toutefois de meilleures caractéristiques d’émissions.
Nouvelle Classe S pour le centenaire du Salon de l’automobile
Pour le 100e anniversaire du Salon de l’automobile de Paris si riche en tradition, Mercedes-Benz ne pouvait pas laisser passer l’occasion une fois de plus d’y présenter en avant-première au public mondial la nouvelle Classe S de la série 220 en 1998 ; celle-ci a succédé à la série 140 au bout de sept ans et demi de production. « Tout compte fait, la nouvelle Classe S tient son attractivité des vertus classiques de la Mercedes-Benz, c’est-à-dire de l’alliance de la raison et de l’émotion. Elle garantit la sérénité grâce à un confort et à un niveau de sécurité inégalés, et le plaisir à travers une conception élégante et des caractéristiques de conduite équilibrées », expliquait Dieter Zetsche, alors membre du Conseil d’administration de Daimler-Benz AG responsable des Ventes, à l’occasion de la présentation du nouveau membre de la classe de luxe à Paris. « Avec son élégante apparence et ses nombreuses innovations techniques, la nouvelle berline confirmera le succès du modèle précédent qui a été fabriqué en plus de 407 000 exemplaires et qui ces dernières années a atteint une part de marché mondiale moyenne de 42 % sur son segment », faisait valoir le communiqué de presse pour le Salon à Paris. « À l’instar du modèle précédent, la nouvelle Classe S donnera également le ton dans tout le domaine des technologies destinées aux voitures particulières.
La nouvelle berline Mercedes intègre plus de 30 innovations techniques pour lesquelles les ingénieurs de Daimler ont déposé au total 340 brevets. Une grande partie des innovations proposées par Daimler-Benz en tant que premier constructeur automobile mondial sont standard sur la Classe S ».Parmi les nouvelles fonctionnalités, citons par exemple COMAND et l’innovant régulateur de vitesse intelligent autonome DISTRONIC. Mais l’accès sans clé et le système d’autorisation à la conduite, KEYLESS-GO et AIRMATC, un système de suspension pneumatique qui adapte automatiquement l’action des amortisseurs des quatre roues aux conditions de la route et de charge données ainsi qu’au style de conduite à travers un amortissement actif et un niveau de contrôle à l’avant et à l’arrière, font également partie des innovations phares de cette série.Au centenaire du Salon de l’Automobile de Paris, la devise de la nouvelle Classe S, « Sense and Sensibility », s’appliquait également à la présentation architecturale et technique de la marque Mercedes-Benz : en plus des véhicules, le stand du constructeur de Stuttgart présentait également des spectacles fascinants et des travaux d’artistes des onze plus grandes écoles d’art qui avaient travaillé autour de la nouvelle Classe S.
Une nouvelle ère en matière de sécurité automobile
Mercedes-Benz a également mis à l’honneur les innovations techniques de la Classe S reliftée qui suit au Salon de l’Automobile de Paris de 2002. « Le modèle de l’année 2003 de la berline de luxe numéro un mondial conserve une longueur d’avance du point de vue de la technologie et du style : au Salon de l’Automobile de Paris, Mercedes-Benz présente une Classe S encore plus séduisante et innovante grâce aux modifications apportées à de nombreux détails », comme le soulignait le dossier de presse du constructeur. « En tête des dernières innovations high-tech, qui fera des émules, se trouve le système de protection préventive des passagers PRE-SAFE, avec lequel Mercedes-Benz a initié une nouvelle ère en matière de sécurité automobile ». Le système peut détecter un accident potentiel à l’avance et préparer les passagers et le véhicule de manière préventive en quelques secondes en corrigeant automatiquement la position des sièges et en tendant les ceintures, par exemple, pour un fonctionnement optimal de l’airbag.
La relation très particulière entre Mercedes-Benz et le Salon Mondial de l’Automobile de Paris ne s’est jamais démentie jusqu’à ce jour. 115 ans après la première édition et 40 ans après la présentation de la Classe S de la série 116 à Paris, Mercedes-Benz a présenté la sculpture « Aesthetics S » au Salon de 2012 : animée par une technologie d’éclairage de pointe, l’œuvre d’art offrait aux spectateurs un avant-goût de la nouvelle édition du modèle haut de gamme de Mercedes-Benz. L’icône stylistique présentée à Paris annonce déjà clairement ce qui distinguera la conception de la nouvelle Classe S : « son intemporalité et sa modernité permanente » selon les mots du concepteur en chef de Mercedes-Benz, Gorden Wagener, s’exprimant à Paris.
Le saviez-vous ?
L’histoire de la Classe S est la thématique d’une exposition spéciale au Musée Mercedes-Benz. Elle commencera le 18 juin 2013 et devrait durer jusqu’à l’automne.