Comme annoncé par Greenpeace en février (http://bit.ly/XdrOPA), la France va faire partir depuis Cherbourg vingt assemblages de combustible Mox (combustible au plutonium) à destination de la centrale de Takahama dans la préfecture de Fukui. Greenpeace révélait hier la date et l’heure précise du convoi qui partira ce mardi 16 avril à 23h de l’usine de La Hague pour gagner le Port de Cherbourg.
« Cette expédition est une manière grossière et autoritaire pour la France de dire au Japon : « redémarrez vos centrales nucléaires ! »« , analyse Sébastien Blavier chargé de campagne énergie pour Greenpeace. »Le Japon est encore en situation très critique à Fukushima et est en train de complètement revoir son positionnement sur le nucléaire en soumettant ce choix au public. Mais la France lui met une intolérable pression en lui imposant la gestion d’un combustible nucléaire dangereux qui ne sera sûrement jamais utilisé puisque les réacteurs de la centrale de Takahama ne redémarreront peut-être pas. C’est inacceptable. »
Greenpeace demande au chef de l’Etat d’annuler l’envoi de Mox au Japon.
Le Japon ne veut pas de Mox en ce moment
« Kansai Electric a déclaré que la livraison (de Mox) aurait lieu à la demande de la France qui cherche à mettre fin au stockage prolongé du combustible […]. L’utilisation du combustible dans la centrale de la préfecture de Fukui est incertaine. » Kyodo news, 21 mars 2013.
« Ce transport est une nouvelle illustration de l’autisme nucléaire français« , commente Sébastien Blavier. « Le destinataire du Mox, Kansai Electric, le dit lui-même : il ne veut pas de cette cargaison ! Mais voilà, la France n’en a rien à faire. Même en plein débat sur la transition énergétique, le nucléaire est considéré comme une priorité nationale. Et cela même si c’est au détriment d’une démocratie, d’un pays qui souffre déjà beaucoup des conséquences dramatiques d’un accident nucléaire. »
Depuis Fukushima, la sûreté nucléaire est en pleine mutation au Japon. Aujourd’hui deux réacteurs (sur cinquante quatre) sont en fonctionnement. Pour les autres, les autorisations sont soumises à des travaux et à l’accord des populations locales.
Un transport ? Non, une opération militaire sous couvre-feu.
Entre 800 et 1000 hommes (militaires, forces de police, forces spéciales, etc.) sont censés escorter ce convoi le long des quelques dizaines de kilomètres qui séparent la Hague du Port de Cherbourg. Hier après-midi, alors que des dizaines de militants protestaient pacifiquement contre ce convoi à Cherbourg, on apprenait qu’Areva avait obtenu du Président du tribunal de grande instance de Cherbourg une ordonnance défendant à quiconque d’approcher à moins de 300 mètres du Mox sur terre et à moins de 500 mètres du navire assurant le transport en mer. C’est une première. Habituellement ce type d’interdiction concerne uniquement les opposants au nucléaire. Là c’est toute la population qui peut être condamnée pour s’être approchée d’un peu trop prés du chargement.
« Cherbourg sera ce soir en état de siège. En plus des moyens policiers et militaires démentiels déployés par l’Etat pour Areva, le groupe nucléaire et le gouvernement utilisent une arme judiciaire qui porte clairement atteinte à la liberté individuelle. Concrètement, une partie des Cherbourgeois n’auront pas le droit de sortir de chez eux pendant le passage du convoi. Sous quel genre de régime voit-on des situations semblables ? Il s’agit là d’une preuve supplémentaire que nucléaire et démocratie ne sont pas compatibles. » conclut Sébastien Blavier.
Pour en savoir plus sur le Mox : http://bit.ly/1090Lu4 (brief de 2011)