Lutte contre les déserts médicaux : Une politique vouée à l’ensablement


Après l’accord minimaliste sur les dépassements d’honoraires, l’UFC-Que Choisir s’alarme de la faiblesse des annonces ministérielles de ce jour concernant les déserts médicaux et s’interroge sur la volonté réelle du gouvernement de remédier à la grave fracture sanitaire subie par les Français.

Si l’UFC-Que Choisir partage le diagnostic dramatique établi par la Ministre de la Santé quant aux déserts médicaux, elle ne peut en revanche que regretter amèrement le caractère homéopathique des 12 réformes prescrites qui ne sont absolument pas en mesure de soigner le mal actuel.

Si certains engagements annoncés par Marisol Touraine peuvent constituer, pris individuellement, des avancées appréciables -notamment pour améliorer les conditions d’exercice médical en zone rurale ou pour offrir à tous les usagers un accès aux soins urgent- cette collection de mesures périphériques ne s’apparente pas à une politique résolue de lutte contre les déserts médicaux. Il est pour le moins paradoxal, de la part de la Ministre, de stigmatiser à juste titre dix ans d’inefficacité tout en s’inscrivant dans la plus parfaite continuité d’une logique exclusivement incitative.

En effet, les dispositifs incitatifs à destination des médecins n’ont pas empêché la progression des zones sous-dotées qui, de l’aveu même des pouvoirs publics, concernent 2 millions de Français supplémentaires par rapport à 2007. Les succès étrangers de stratégie plus contraignante ne manquent pourtant pas : l’Allemagne, l’Angleterre ou encore le Québec ont tous, à leur façon, réussi à inverser la tendance avec un point commun : une limitation de la liberté totale d’installation des médecins. Il ne faut pas opposer, comme le fait la Ministre dans une approche caricaturale, incitation et contrainte, mais les associer.
Bref, ce plan, ne comportant ni chiffrage financier ni objectif quantifié n’est pas à la hauteur de l’enjeu de la réduction de l’intolérable fracture sanitaire. Il reste enfermé, par manque de courage politique, dans des solutions dépassées.

L’UFC-Que Choisir qui n’a pas, malgré ses demandes répétées, été auditionnée sur le sujet, en appelle aujourd’hui aux parlementaires pour initier une politique ambitieuse de recul des déserts médicaux qui passe par :

– Un conventionnement sélectif des médecins, en limitant les installations de médecins de secteur 2 dans les zones sur-dotées, ce qui permettra de combler progressivement les zones sous-dotées ;
– Une réorientation des aides publiques accordées aux professionnels de santé sous forme de prise en charge de leurs cotisations sociales, pour bénéficier en priorité aux médecins exerçant dans des déserts médicaux.


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