L’opposant turc Ragıp Zarakolu reçu à Paris


Encore en libération conditionnelle, l’opposant turc Ragıp Zarakolu, qui avait été incarcéré du 28 octobre 2011 au 10 avril 2012 dans une prison de haute sécurité en Turquie et qui risque toujours de 7,5 à 15 ans d’emprisonnement, est en visite pour quelques jours à Paris. L’éditeur, journaliste et militant des droits de l’homme, encore très marqué par sa détention, a tenu à venir remercier son comité de soutien parisien qui s’était mobilisé pour que sa maison d’édition Belge puisse continuer à fonctionner à Istanbul. Il donnera une conférence organisée par le GIT ce mercredi à l’EHESS. La venue de Ragıp Zarakolu à Paris coïncide avec deux procès politiques qui se tiendront les 12 et 13 décembre à Istanbul : celui d’Aziz Tunç, auteur publié par les Editions Belge, arrêté le 7 octobre 2011 en même temps que Deniz Zarakolu, le fils de Ragıp Zarakolu. Et le énième procès de la sociologue turque Pınar Selek, en exil à Strasbourg, jugée in absentia dans une procédure kafkaïenne qui se prolonge depuis 14 ans.

Le GIT, Groupe International de Travail en faveur de la « Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie », s’est créé il y a un an pour faire obstacle aux accusations ubuesques de la justice turque. Celles-ci ont « pour seul objectif de faire taire les intellectuels indépendants et de menacer les chercheurs, les universitaires, les étudiants de Turquie. La justice collabore en Turquie à ce processus de persécution en généralisant la détention préventive des gardés-à-vues, en ordonnant pour certains d’entre eux leur incarcération dans des prisons de haute sécurité, en réduisant les droits de la défense, en s’acharnant sur les prévenus, en organisant des procès d’Etat. »

Ragıp Zarakolu, fondateur et directeur des Editions Belge, s’exprimera à Paris dans le cadre d’un atelier du GIT lors d’une conférence intitulée « L’enjeu des sciences sociales et de leur publication dans la Turquie d’aujourd’hui ». Sa communication en anglais sera suivie de celle en français d’Erol Özkoray, journaliste turc et éditeur en sciences politiques.

La conférence, organisée en association avec les Editions de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et le Conseil de Coordination des Organisations Arméniennes de France (CCAF), se tiendra ce mercredi 12 décembre 2012 de 13h à 15h à l’EHESS, à l’amphithéâtre François-Furet, 105 boulevard Raspail, 75006 Paris*.

Avec 76 journalistes sous les verrous, la Turquie détient le record mondial du nombre de journalistes emprisonnés. « Aucun pour leurs écrits, tous pour des dossiers de terrorisme », se justifie Egemen Bagis, le ministre turc des affaires européennes… Dans les années 80, les opposants turcs étaient incarcérés pour « communisme ». Désormais, c’est l’épouvantail du « terrorisme » qui est dressé pour justifier les arrestations arbitraires. Dans le cas de Ragıp Zarakolu, il est fort probable que les ouvrages qu’il a publiés en turc sur le génocide arménien aient contribué à le désigner comme cible d’un Etat négationniste qui peine de plus en plus à masquer ses tendances totalitaires.

Le Collectif VAN soutient Ragıp Zarakolu, partenaire depuis plusieurs années – via l’IHD [İnsan Hakları Derneği, Association des droits de l’Homme de Turquie, affiliée à la FIDH] – des actions annuelles de sensibilisation aux génocides et à leur négation, menées en France par notre association.

*Plus de renseignements sur : http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=69598


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