Pınar Selek: exilée à perpétuité ?


La sociologue turque Pınar Selek est jugée in absentia ce jeudi 22 novembre 2012 à Istanbul pour « actes de terrorisme ». Une accusation avancée de manière récurrente depuis 2009 contre des centaines d’intellectuels et d’opposants turcs et kurdes. L’universitaire est connue pour son militantisme féministe et antimilitariste, et son engagement auprès des minorités de Turquie, essentiellement la minorité ethnique kurde et les minorités sexuelles. Sa liberté de ton et ses prises de position lui valent un procès kafkaïen qui s’éternise depuis 14 ans. Sous la menace d’une arrestation arbitraire et d’une mise en détention possible à tout moment, et après s’être réfugiée pendant deux années en Allemagne, elle est désormais en exil à Strasbourg où elle prépare une thèse de doctorat.

Pourquoi tant d’acharnement contre Pınar Selek? Le 11 juillet 1998, alors jeune sociologue de 27 ans, elle est interpellée à Istanbul pour avoir interviewé dans le cadre de ses travaux, des Kurdes en exil, réfugiés politiques à Paris et dans d’autres pays d’Europe. Arrêtée, puis torturée par la police turque, elle se refuse à livrer le nom des combattants kurdes qu’elle a rencontrés. Après un mois de détention, elle apprend qu’elle est accusée d’avoir commis un attentat à la bombe, au marché égyptien d’Istanbul, deux jours avant son arrestation.

Libérée en 2000, elle est acquittée trois fois en 2006, 2008 et le 9 février 2011 par la Cour d’Assises d’Istanbul. Mais Pınar Selek voit ensuite ce verdict cassé à trois reprises par la Cour de cassation. En mars 2009, la 9ème chambre pénale de la Cour de Cassation réclame une peine de prison à vie, annulant les décisions de la Haute cour criminelle d’Istanbul.

Risquant à tout moment d’être incarcérée, Pınar Selek quitte la Turquie pour l’Allemagne, puis se fixe en France à Strasbourg. Son affaire ubuesque est désormais examinée en son absence, à Istanbul. D’abord le 28 septembre 2011, puis le 7 mars 2012 : à cette occasion, le Procureur général requiert la condamnation à vie à son encontre. La nouvelle audience, prévue le 1er août 2012, est finalement repoussée à ce 22 novembre 2012.

Le procès de l’attentat présumé ne laisse aucun doute sur la nature politique de la procédure qui s’éternise depuis 14 ans. Et ce n’est pas un hasard si des extrémistes turcs viennent la traquer en France, pour lui faire subir menaces de mort et tentatives d’intimidations.

Pınar Selek est l’une de ces femmes rares, belles, fortes et courageuses qui symbolisent les luttes contre toutes les formes de pouvoir, de violence et d’exploitation.
En cherchant à la condamner à un exil à perpétuité, le gouvernement AKP tente de museler une icône de la liberté et des droits de l’homme.

Solaire et volontaire, Pınar Selek n’est pas femme à se laisser abattre. Et encore moins à se taire.

Chacun d’entre nous se doit d’être solidaire.

Plus d’informations : http://www.pinarselek.fr/

Séta Papazian
Présidente
Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]

BP 20083 – 92133 Issy-les-Moulineaux – France
Boîte vocale : +33 (0)1 77 62 70 77
Email: contact@collectifvan.org
http://www.collectifvan.org


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