Greenpeace publie aujourd’hui un rapport intitulé “les dessous toxiques de la mode” montrant comment une vingtaine de marques de prêt-à-porter commercialisent des vêtements contenant des substances chimiques dangereuses qui, lorsqu’elles sont rejetées dans l’environnement, se dégradent en composés toxiques, susceptibles d’agir comme perturbateurs endocriniens, déréglant le fonctionnement hormonal et impactant notamment les fonctions reproductives. Certains de ces composés sont par ailleurs cancérogènes.
Greenpeace demande à ces marques d’exclure l’ensemble des produits chimiques dangereux susceptibles d’entrer dans leurs chaînes de production d’ici à 2020 et de prendre des mesures plus rapides pour ceux qui peuvent être remplacés par des produits moins dangereux. Ces marques doivent également faire preuve d’une transparence totale sur les lieux où elles fabriquent leurs vêtements et sur les produits chimiques qui y sont utilisés.
Des composés toxiques persistants
Pour élaborer ce rapport, Greenpeace a acheté et testé plus de 140 produits textiles dans 27 pays. Résultats : 63% des articles analysés contenaient des éthoxylates de nonylphénols (NPE). Les concentrations les plus élevées ont été décelées dans des vêtements des marques C&A, Mango, Levi’s, Zara, Metersbonwe, Jack & Jones et Marks & Spencers. D’autres substances dangereuses ont également été retrouvées dans certains vêtements, tels que des colorants azoïques et des phtalates toxiques.
Une fois rejetées dans l’environnement, certaines de ces substances se dégradent en composés toxiques (nonylphénols, amines aromatiques). Or, ces composés sont persistants et bioaccumulables : ils s’accumulent dans les sédiments, se concentrent tout au long de la chaîne alimentaire (poissons) et peuvent se retrouver dans l’eau potable.
Une contamination sans frontière
Au début du cycle de fabrication, ces substances chimiques sont directement rejetées dans les cours d’eau situés à proximité des usines textiles, en Chine, au Mexique et ailleurs. Cette pollution menace durablement la santé des habitants vivant à proximité. Cette pollution ne s’arrête pas là mais voyage avec les vêtements jusque dans les pays de consommation comme la France. Là, lors de chaque lavage puis de leur éventuelle mise en décharge, ces substances sont rejetées et s’accumulent sous une forme toxique dans notre environnement.
“Les résultats des tests donnent à l’expression ‘fashion victim’ un sens particulièrement inquiétant“, déclare Jérôme Frignet, chargé de campagne pour Greenpeace. “Ces grandes marques contribuent à la pollution des eaux partout dans le monde et menacent à terme notre santé Il est grand temps que ces marques entament une cure de désintox en s’engageant à cesser d’utiliser ces produits toxiques. Les gens doivent pouvoir s’habiller sans être les des complices involontaires de cette contamination.”
Zara accroc aux produits chimiques dangereux
Outre la présence de NPE, deux articles de la marque Zara contenaient de colorants azoïques qui libèrent des amines cancérogènes. Même si les niveaux de concentrations demeurent faibles, ils n’existent pas de seuils sûrs pour ces produits toxiques.
“En tant que leader du marché de la vente de prêt-à-porter, Zara doit donner l’exemple en excluant les produits chimiques dangereux de sa chaîne de fabrication et de ses vêtements” insiste Jérôme Frignet.
Greenpeace propose aux internautes de rejoindre le mouvement pour mettre la pression sur Zara afin de l’inciter à renoncer aux substances toxiques : www.greenpeace.fr/zara