Marisol Touraine : des « sanctions sévères » pour les médecins
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, s’engage à mettre fin aux dépassements d’honoraires d’ici la fin de l’année
Elle détaille son plan d’action à Metro
Le gouvernement a lancé hier en Conseil des ministres le coup d’envoi des négociations pour limiter les dépassements d’honoraires. D’ici l’automne, syndicats de médecins et assurance maladie devront trouver un accord. Mais le gouvernement a d’ores et déjà prévenu : les abus devront cesser avant la fin de l’année. Aujourd’hui, un quart des médecins serait concerné. Des dépassements généralisés, qui représentent 2,5 milliards d’euros de dépenses pour les patients. Le record revient aux chirurgiens, aux ORL et aux gynécologues.
Pourquoi vous attaquer aux dépassements d’honoraires ?
C’est un chantier essentiel. Nous constatons aujourd’hui que certains patients renoncent aux soins. En effet, dans certaines régions, 90% des médecins pratiquent des dépassements d’honoraires. Et les tarifs sont de plus en plus élevés. Du coup, quand certains Français vont chez le médecin, ils ne savent pas combien ils vont payer, ni combien ils vont être remboursés. Où est la liberté des patients dans ces conditions ?
Comment comptez-vous mettre fin aux abus ?
Il faut d’abord fixer des critères précis pour définir ce qu’est un tarif abusif. Ensuite, établir les sanctions à prendre à l’encontre de ces médecins. Elles doivent être sévères pour être dissuasives. C’est une question d’exemplarité mais aussi de moralisation de la profession. Mon deuxième objectif, plus large, sera de limiter progressivement les dépassements, même non abusifs. Que les médecins, via un contrat, s’engagent dans une démarche de responsabilité.
« Pas question d’augmenter la CSG »
N’avez vous pas peur de rentrer dans un bras de fer sans fin avec les médecins ?
Je pense que les médecins sont autant préoccupés que moi par cette question. Je n’engage pas une négociation contre eux, mais pour les patients. Il n’y aura pas d’enlisement de la négociation, car je resterai ferme sur mes objectifs. J’ai prévenu les syndicats de médecins. Si nous ne trouvons pas d’accord satisfaisant à l’automne, je ferai voter la loi par le parlement.
Que comptez-vous faire pour lutter contre les déserts médicaux?
Je présenterai des mesures cette année. Il faudra inciter les jeunes diplômés à s’installer dans les secteurs qui manquent de médecins. Il ne s’agit pas de les contraindre, mais plutôt de les accompagner. Aujourd’hui, les étudiants ne font pas assez de stages dans les cabinets médicaux. S’ils passent toutes leurs études en ville, comment peuvent-ils vouloir s’installer à la campagne après ? Ensuite, le temps où l’on était tout seul dans son cabinet, c’est fini. Aujourd’hui, les jeunes veulent travailler en équipe. Il faut donc permettre l’installation de pôles de santé dans ces territoires.
Un autre chantier vous attend, celui du déficit de la sécurité sociale…
Il faut d’abord modifier les financements de la sécurité sociale et élargir ses ressources, en mettant à contribution les revenus du capital. Ensuite, en faisant des économies sur des dépenses inutiles ou mal dosées, comme certains médicaments ou actes médicaux. Nous avons également constaté que les personnes âgées étaient trop souvent ou trop longtemps hospitalisées. Cela coûte des milliards. Il faut donc trouver un moyen de les soigner à domicile. Mais contrairement à ce que je lis ici ou là, il n’est absolument pas question d’augmenter la CSG (Contribution sociale généralisée, ndlr).
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