AGORIA Parrain de la TECHNO PARADE 2012


Contrairement à la première génération de producteurs de Techno, Sébastien Devaud aka Agoria est trop jeune pour avoir grandi avec les groupes de pop électronique comme Depeche Mode ou New Order. Son adolescence est plutôt marquée par l’explosion de la scène de Detroit et les grandes heures de la House américaine.

À douze ans, en 1988, la découverte sur une radio locale de “Good Life”, l’imparable classique de Kevin Saunderson, s’impose comme une véritable révélation. Il passera les après-midis suivants à laver les voitures de ses voisins pour pouvoir s’acheter le maxi d’Inner City. Quelques années plus tard, il assiste près de Lyon au dj set de Jeff Mills: « C’était la première fois que je voyais un dj utiliser trois platines et une boîte à rythmes. Il avait réellement réussi à créer quelque chose de nouveau, sans se contenter de juste passer des disques. Et la manière dont il bougeait, sa précision et sa vitesse m’ont vraiment impressionné ! »

Agoria se lance alors dans l’apprentissage du mix et il s’entoure de quelques amis pour organiser les soirées Agora (‘lieu de rencontre, de rassemblement’ en grec ancien), qui donnera également naissance à son nom d’artiste.

En 1999, il commence à produire ses propres titres et connaît ses premiers succès dès 2001 avec “La Onzième Marche”, suivi d’une série de maxis sortis chez Pias et d’un premier album, Blossom, en 2003 largement salué. Parfois musclé, ce premier opus lorgne vers l’Electro-House sur “Stereolove” ou “Spinach Girl”, quelques années avant l’explosion de la French Touch 2.0. Séduit par les expérimentations en studio du jeune producteur, Tricky finira même par poser ses vers sur le trip-hop habité de “2Thousand3”.

Trois ans plus tard, c’est au tour de The Green Armchair de voir le jour. Si la techno décomplexée de “Code 1026” enflamme les pistes de danse, Agoria réveille aussi les voix de Peter Murphy, leader charismatique de Bauhaus, et de Neneh Cherry. Avec des productions plus intimistes intégrant des textures classiques, il rencontrera un beau succès avec “Les Violons Ivres ”.

En 2008, Luc Besson et Olivier Van Hoofstadt lui confient la bande originale du film Go Fast. Il y décline une sensualité nouvelle teintée d’ambient, de musique expérimentale et de sonorités organiques. Il convoque Scalde sur “Dust” et “Solarized”, pour deux morceaux au confluent de la Pop et de la House Modern Classic.

En parallèle à ses propres productions et en l’espace de trois exercices, Agoria s’est imposé comme un nouvel expert des compilations mixées. Qui aurait osé mixer le thème de Mulholland Drive avec l’“Experimento” de Carl Craig, une pièce de Raymond Scott et un morceau d’Onur Ozer, le “Loud Loud Loud” des Aphrodite’s Child avec des samples de French Kiss et LCD Soundsystem ? Cette ouverture à toute épreuve et cette curiosité perpétuelle sont devenues la marque de fabrique de chacun des projets d’Agoria.

Agoria participe à la création et au développement du festival Nuits Sonores de Lyon.

En 2006, avec deux amis, Alexandre Cazac et Yannick Matray, il crée InFiné, un label ouvert à de nombreux genres musicaux et défricheur de tendances. Ayant pour vocation d’assurer le développement de nouveaux talents des quatre coins du monde, son catalogue englobe aussi bien le pianiste Francesco Tristano, Danton Eeprom, Rone et Bachar Mar-Khalifé. Par la même occasion, il s’impose comme le parrain d’une scène lyonnaise en plein développement en chapotant les projets des frères Spitzer, Scalde ou Manvoy de St Sadrill.

En novembre 2009, presque trois ans jour pour jour après sa création, Agoria arrive enfin sur son propre label avec un maxi “Magnolia/Libellules”. Il y signe alors son troisième album, Impermanence.

Selon Agoria, « c’est l’album qui me ressemble le plus ». Agoria emmène ses auditeurs aussi bien vers des pièces contemplatives qu’à travers des balades acoustiques sans renoncer à des rythmes beaucoup plus dancefloor.

Quelques notes de piano servent d’introduction à une belle découverte : Kid A, une jeune chanteuse originaire de l’état de Virginie qui a tout juste 20 ans. Avec “Kiss My Soul” elle donne le ton à un album intimiste et dénué d’artifice superflu. C’est ensuite au tour de Seth Troxler, trublion des pistes de danse de Detroit à Berlin, d’inviter les auditeurs à se « laisser partir à la dérive » sur le lyrisme déviant de “Souless Dreamer”.

Sur “Panta Rei”, un violon bouscule un son rave qui devrait embraser les pistes de danse. En revanche sur “Under The River”, le souffle feutré des cuivres nous invite à une promenade de sonorités nocturnes.

Carl Craig fait également une apparition en tant que chanteur sur “Speechless”. « J’avais demandé à Carl, quelque chose de romantique dans la veine des spoken words de « Angel ». Ce que j’ai finalement eu relève plutôt du pornographique », rapporte Sébastien Devaud en souriant eu égard aux fantaisies érotiques vocales de Carl Craig sur le titre.

« Avant, ma musique était souvent sombre et peut-être un peu forcée. Cette fois, j’ai juste laissé les choses venir à moi spontanément, et tout semble s’être harmonisé comme je le souhaitais.
Heiko Hoffmann.

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