La pression s’exerçant sur la nature s’est encore accrue avec l’évolution démographique et la consommation individuelle: désormais, la population mondiale utilise une fois et demi plus de ressources que la Terre n’est en mesure de fournir à long terme. C’est ce que révèle le nouveau Rapport Planète Vivante du WWF, l’étude la plus complète sur l’état de la planète. Problème majeur: ceux qui vivent dans l’abondance consomment beaucoup trop.
Combien d’habitants la Terre peut-elle supporter? Cette question est au cœur du Rapport Planète Vivante du WWF consacré à la conférence Rio +20 et qui paraît aujourd’hui. Sur une base scientifique, ce document illustre l’évolution de la consommation de ressources par l’humanité et l’état de l’environnement.
Deux facteurs sont déterminants pour l’équilibre entre l’homme et la nature. La population mondiale et l’empreinte écologique (ou footprint). L’empreinte de l’humanité est actuellement supérieure à 1,5 planète, ce qui signifie que la population mondiale consomme une fois et demie plus de ressources que la Terre n’est en mesure de fournir à long terme. Si tout le monde vivait comme les Suisses, il faudrait même 2,8 planètes. Un Américain consomme ainsi autant de ressources que 13 Afghans. Et aucune amélioration n’est en vue: les pays occidentaux ne réduisent pas leur train de vie, déjà bien trop élevé, tandis que l’empreinte écologique encore raisonnable des pays émergents ne cesse de croître.
Parallèlement, la population mondiale évolue constamment. Contrairement à l’empreinte écologique en revanche, elle se stabilise au fur et à mesure que le revenu augmente, comme le montrent les exemples de l’Indonésie, du Brésil ou d’autres nations émergentes. D’après les prévisions de l’ONU, la population mondiale sera d’environ 10 milliards d’individus à la fin du siècle. On est donc en droit de se montrer plus optimiste sur l’évolution démographique que sur la consommation de ressources par personne. «Nous pourrions également stabiliser ou même diminuer l’empreinte écologique», affirme Felix Gnehm, expert en développement au WWF Suisse. «Mais cela ne se fera pas tout seul. Ce ne sont que des consommateurs plus économes et plus soucieux de l’environnement et de la qualité qui peuvent sauver la planète.» L’approvisionnement en énergie, la mobilité et l’alimentation jouent ici un rôle décisif. Si nous continuons de vivre comme aujourd’hui, l’empreinte écologique va presque doubler d’ici 2050. Pour Felix Gnehm, «le Rapport Planète Vivante montre comment un monde comptant 10 milliards d’individus peut fonctionner. A l’avenir, nous devrons produire davantage de qualité de vie avec moins de matières premières. Il n’y a pas de scénario alternatif puisque nous n’avons pas de planète de rechange.»
Tous les deux ans, le WWF publie le Rapport Planète Vivante sur l’état de la planète en collaboration avec le Global Footprint Network et la Zoological Society of London. Sur une base scientifique, ce rapport informe sur l’évolution de l’empreinte écologique dans le monde et livre l’indice Planète vivante révélateur de l’état de la nature. Le rapport présente par ailleurs de nombreuses études de cas, des graphiques et des chapitres spéciaux, p. ex. sur l’empreinte écologique aquatique, l’urbanisation, la lutte pour les terres, les effets sur le climat et le mode de vie durable.