Le programme collectif Bilan Carbone® de l’ARIATT, financé par l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (ADEME) et le Fond Européen de Développement Régional (FEDER), vient de rendre ses premiers et encourageants résultats.
Chez les 4 entreprises qui ont participé à ce programme, des gisements importants d’émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) ont en effet été identifiés comme économisables par ces entreprises… qui vont ainsi pouvoir développer une plus riche politique environnementale et partager avec les autres PME comtoises l’expérience ainsi acquise.
La réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre s’inscrit dans un contexte riche en enjeux économiques, réglementaires et environnementaux. L’application du Grenelle de l’environnement impose d’ici fin 2012 aux entreprises, collectivités et administrations concernées, la réalisation d’un bilan des émissions de GES. Cette démarche s’inscrit directement dans la suite des accords passés lors de la Conférence annuelle des Nations-Unies de Durban en 2011, qui prévoit un pacte global d’ici 2015 pour limiter le volume d’émission des GES. A ce contexte de lutte contre le changement climatique, s’ajoute la notion d’affichage environnemental qui vise à informer et sensibiliser les consommateurs aux impacts environnementaux des produits. Parmi ceux-ci figure en première place l’enjeu ‘’Carbone’’ : il sera présent sur l’ensemble des affichages, notamment sur les produits alimentaires. Face à ce cadre réglementaire, s’ajoute la hausse du coût des ressources énergétiques. Le prix des énergies fossiles a pratiquement doublé en 10 ans, l’amélioration de l’efficacité énergétique et l’atténuation de l’intensité carbone sont devenus nécessaires et revêtent un enjeu stratégique et managérial majeur pour les entreprises, collectivités et administrations.
C’est donc dans ce contexte que l’ARIATT a lancé son programme collectif Bilan Carbone®, qui vient de s’achever. Ce dernier proposait un objectif à la fois simple et ambitieux : permettre aux entreprises agroalimentaires comtoise de calculer leur impact environnemental global et agir en conséquence pour réduire au maximum leurs émissions de GES directes, ou indirectes (celles de leurs fournisseurs par exemple). Ce programme a été suivi par les entreprises suivantes : Arcado (regroupement des établissements Jean-Louis Amiotte d’Avoudrey et Morteau Saucisse de Morteau), Eurosérum (Port-sur-Saône, Haute-Saône) et un atelier de fabrication de Comté et de Morbier et une cave d’affinage de Comté sous l’égide de l’Union Régionale des Fromages d’Appellation Comtois (URFAC).
Ainsi, l’action confiée par l’ARIATT à TMI Europe, expert dans le domaine de l’agroalimentaire et formée à l’utilisation de la méthode Bilan Carbone®, a permis de mettre en évidence dans les 4 entreprises des émissions totales de 595 000 T d’équivalent CO2. La première remarque à souligner est que plus de 90 % des émissions sont dues à la production de la matière première, et ce quelle que soit l’entreprise du secteur agroalimentaire. Cette particularité fait que l’ARIATT a choisi lors de ses présentations et réflexions de proposer aux entreprises un Bilan Carbone® proprement dit et une ‘’Contribution Carbone’’ reprenant les mêmes données, mais en écartant la production de la matière première principale : lait, viande… (en revanche, sont conservés à titre de matière première secondaire les ingrédients utilisés dans la fabrication par exemple).
Dans ce cadre, l’impact direct des entreprises a été estimé à 56 500 T d’équivalent CO2 et ont été identifiés six postes particulièrement intéressants dans notre secteur :
• Fret : approvisionnement en matières premières, livraison des clients.
• Energies utilisées pour le fonctionnement du site.
• Intrants : ingrédients, produits de nettoyage…
• Gaz frigorigènes : les fuites de ces gaz représentent des émissions de GES non négligeable, une raison de plus pour les éviter…
• Déplacements : transports domicile-travail et trajets des commerciaux.
• Futurs emballages.
Parmi ces émissions environ 5 % (2 000 T) ont été estimées comme facilement économisables et ne nécessitant pas ou peu d’investissements. Il s’agit notamment de la réduction des fuites de gaz frigorigènes, du passage au super poids-lourd ou du changement de conditionnement des produits de nettoyage. Plusieurs gisements supplémentaires ont été identifiés pour un total de 20 000 T. Les investissements nécessaires aux économies liées à ces gisement sont plus conséquents et doivent être réfléchis, tant d’un point de vue environnemental qu’économique : modification de la logistique (création d’une plateforme de mutualisation), investissement dans de nouveaux modes de production d’énergie…
> Témoignages
→ Karine Rabier, Responsable Qualité et Environnement, Arcado (regroupement des établissements Jean-Louis Amiotte d’Avoudrey et Morteau Saucisse de Morteau).‐ ‘’Plusieurs choses nous ont conduites à nous interroger sur la méthode Bilan Carbone®, l’émergence du Grenelle de l’environnement avec des préoccupations sur les émissions de GES et notamment la taxe carbone a été un élément très fort dans la prise de décision : nous avons préféré anticiper plutôt que subir : être le premier de la classe plutôt que le dernier… Le report de cette taxe n’a pas diminué notre intérêt : la démarche était lancée et les objectifs identifiés. Notre plus grosse surprise fut l’imprécision liée au Bilan : 50 % de marge d’erreur en moyenne, c’est énorme et il n’est pas facile au premier abord d’appréhender les chiffres et de définir des leviers d’action. L’expertise du bureau d’étude et la présentation d’une « contribution carbone » nous ont permis de rendre visible des incidences qui paraissaient minimes dans un premier temps. Cette visibilité est importante car nous avons pour objectif à la fois d’utiliser le Bilan Carbone® comme outil de décision mais aussi de communication interne ou externe. Il s’agit de réaliser un retour sur investissement… Il nous sera par ailleurs utile en tant que boite à outils pour nous aider dans nos négociations clients pour montrer l’intérêt d’une filière courte. Le reste des applications dépendra de l’application du Grenelle de l’Environnement et des Pouvoirs Publics : nous sommes prêts à répondre aux engagements qui seront pris sur la thématique GES, notamment en ce qui concerne l’affichage environnemental : l’outil est prêt et nous sommes prêts à travailler.’’
→ Gérard Paquiers, Directeur industriel, Euroserum.- ‘’Eurosérum regroupe à Port-sur-Saône une unité de production de poudres de lactosérum ainsi que son siège social. Un Bilan Carbone® a été réalisé sur l’ensemble du site, suite à une demande d’un de nos principaux clients, désirant lui-même connaître son impact carbone. Nous étions conscients avant même le début de l’étude des problématiques liées à la réalisation d’un tel bilan sur nos produits. Cependant les difficultés survenues n’étaient pas toutes aussi complexes que prévues : l’outil est plutôt adaptable… Par exemple, il n’existait pas de facteur d’émission sur le lactosérum : il est considéré dans la méthode comme un déchet ! Etant donné que notre activité est basée sur son utilisation en tant que matière première, il s’agissait pour nous d’un point de vue que nous ne pouvions adopter. M. Bordeau (le prestataire Bilan Carbone de TMI Europe dans le cadre de l’opération ARIATT) a donc créé de nouvelles données dans l’outil Bilan Carbone® afin que nous puissions connaître plus précisément nos émissions. Ces données seront ensuite validées puis utilisées au niveau national. Enfin, la réalisation du Bilan Carbone® nous a permis de valider et valoriser avec un autre point de vue des investissements qui avaient été réalisés dans le domaine de l’énergie. L’outil nous sera aussi utile pour valider des décisions concernant notre organisation logistique notamment (utilisation des super poids-lourd).’’
→ Eric Chevalier, Membre du Conseil d’Administration, URFAC.- ‘’L’URFAC (Union Régionale des Fromages d’Appellation Contrôlée) a décidé de faire réaliser deux études sur des sites distincts : un atelier de production mixte de Comté et Morbier et un ensemble de caves d’affinage. La décision de réaliser un Bilan carbone® venait d’un besoin de se situer réellement quand à nos émissions de GES, de disposer d’un ‘’point zéro’’ à partir duquel des améliorations seront possibles. Le Bilan Carbone® rentre également dans la démarche environnementale déjà intégrée dans nos filières via les cahiers des charges AOP. Nous souhaitions nous approprier la méthode afin de la faire vivre auprès de nos producteurs. Pour la réalisation d’un Bilan Carbone®, il faut bien être conscient que tous les services sont concernés. Qu’il faut un minimum de temps pour récupérer l’ensemble des données nécessaires à la réalisation la plus précise possible. Il est de plus difficile de faire comprendre l’incertitude sur le résultat final, qui peut varier de 20 % (si on ne considère que la Contribution Carbone, sans les matières premières) à 50 % ! Le fait marquant reste qu’avec la méthode, il en résulte que 90% de nos émissions de GES sont dues à notre matière première, à savoir le lait ! Si l’on met de côté cette matière première dans le bilan (pour obtenir une ‘’Contribution Carbone’’), alors on s’aperçoit qu’un travail doit être réalisé sur la réduction de nos consommation d’énergie et de nos fuites de gaz frigorigènes (à ce sujet : passer en centrale ammoniac revient à une émission de GES nulle en cas de fuite…). De plus, pour nos filières, le fait de réaliser l‘affinage sur des planche en épicéa est un avantage énorme car cela représente un puits de carbone (c’est-à-dire un stockage) d’environ 65 kg pour 1000 places de Comté !’’
→ Philippe Bordeau, expert TMI Europe.- ‘’La réalisation des études a permis d’identifier dans les IAA participantes des gisements de CO2 économisables avec peu d’investissements, et pas où on pouvait l’imaginer. La Méthode Bilan Carbone® permet de visualiser des postes émetteurs de gaz à effet de serre. Qui aurait imaginé que quelques kilos de fluide frigorigène perdus représentent des Tonnes d’équivalent CO2 émises ?’’
Association Régionale de l’Industrie Agroalimentaire et de Transfert de Technologies
L’ARIATT a pour mission d’accompagner les besoins professionnels agroalimentaires en Franche-Comté, la mise en évidence des besoins collectifs et la proposition de solutions afférentes en favorisant le partenariat avec les chambres consulaires, les organismes de recherche, de formation, de conseils, d’assistance technique et les entreprises.
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