Nicolas Sarkozy en campagne sur le nucléaire : débat interdit et déni du risque


C’est un candidat à l’élection présidentielle et non un Président responsable en exercice qui s’est déplacé ce matin à Fessenheim. Caricature des défenseurs de l’atome, Nicolas Sarkozy instrumentalise plus que jamais la question nucléaire à des fins électoralistes.

« Son discours friserait le ridicule si ce n’était pas si grave. Le candidat Sarkozy se fait le défenseur du statu quo absolu et interdit toute forme de débat sur la politique énergétique de la France. Pourtant, les récents rapports de la Cour des Comptes et de l’Autorité de sûreté nucléaire posent clairement la nécessité de questionner les choix énergétiques dans les années à venir », déclare Karine Gavand, chargée des questions politiques chez Greenpeace.

Un point d’accord : ne pas fermer Fessenheim pour des raisons politiciennes
Nicolas Sarkozy a raison. Il ne faut pas fermer la centrale de Fessenheim pour des raisons politiciennes ou parce qu’elle est devenue un symbole du combat écologiste, mais parce qu’elle est dangereuse.

Cette centrale est la plus vieille, a une faiblesse technique particulière et est située sur une zone sismique et inondable. Plus de 4 millions d’habitants vivent aux alentours, dans un rayon de 75 km.

Nombreuses sont les centrales françaises qui cumulent tant de risques justifiant qu’elles doivent être fermées aussi vite que possible. Par exemple, celle du Bugey est presque aussi vieille que Fessenheim et est elle aussi implantée en zone sismique. Les réacteurs de Tricastin ont, eux, plus de trente ans et sont exposés au risque d’explosion chimique, puisque situés à proximité d’un site Seveso. Quant à la centrale de Civaux, certes plus récente, elle est dotée de la technologie la moins éprouvée.

Un déni total du risque nucléaire : arrogance et irresponsabilité
Nicolas Sarkozy a vanté le modèle français et l’absolue sûreté des installations nucléaires françaises, expliquant qu’il respectait les recommandations des experts indépendants comme ceux de l’ASN ou de l’IRSN. Mais il passe à coté des déclarations récentes ou passées de ces mêmes experts, qui remettent en cause le dogme de l’invulnérabilité des centrales françaises.

« On ne peut pas dire qu’il n’y aura jamais d’accident nucléaire en France », déclarait, entre autres, André-Claude Lacoste, président de l’ASN, au lendemain de Fukushima.

Outrance et approximation : des chiffres dans tous les sens
Pertes d’emplois, facture et besoins en électricité, pics de froid : le candidat Sarkozy a fait valser les chiffres les plus fantaisistes pour justifier sa posture jusqu’au-boutiste. Il a promis l’apocalypse économique pour la France en cas de remise en cause de la part actuelle du nucléaire dans le mix électrique. Le moment est mal choisi : en cette période de grand froid, la France importe depuis plusieurs jours de l’électricité de l’ensemble des pays voisins, y compris d’Allemagne. À croire que le modèle du tout nucléaire et du tout électrique français n’est pas si adapté que cela.

« Sur l’emploi, la facture d’électricité, le candidat Sarkozy n’a pas fait dans la dentelle. Il a sorti, comme lors de sa visite à Tricastin, des chiffres qui sont au mieux contestables, au pire complètement faux. Sur ces questions économiques, il est cocasse de noter que l’énergie est bien le seul domaine pour lequel il ne vante pas le mirifique exemple allemand », ironise Karine Gavand.

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