Concentration de la distribution alimentaire à Paris


Il est capital de dynamiser la concurrence

Alors que l’Autorité de la concurrence vient de livrer un avis dans lequel elle constate le déficit de concurrence du marché parisien de la distribution alimentaire, l’UFC-Que Choisir, qui évalue le préjudice consumériste à plus de 400 euros par ménage, réclame des mesures pour libérer la concurrence.

Dans son avis n°12-A-01 du 11 janvier 2012, l’Autorité de la concurrence constate que « la distribution alimentaire généraliste est particulièrement concentrée dans Paris intra-muros, le groupe Casino détenant […] une part de marché en surface supérieure à 60 % » et recommande de fluidifier le marché du commerce alimentaire à Paris. Cet avis vient confirmer les constats maintes fois établis par l’UFC-Que Choisir.

En effet, dès 2008, l’UFC-Que Choisir, dans une étude sur la concurrence dans 634 zones de chalandise, mettait en évidence que seuls 26,9 % de ces zones ont une structure de marché concurrentielle, 36,9 % ont une structure moyennement concurrentielle et 32,9 % ne sont pas concurrentielles du tout. Ce travail avait également permis de calculer les écarts de prix entre enseignes de même groupe, selon qu’elles se situaient dans des zones de chalandise concurrentielles ou non. Par exemple, l’écart de prix entre deux enseignes du même groupe pouvait selon le contexte concurrentiel atteindre jusqu’à 20 %.

En septembre dernier, les résultats de l’enquête prix de l’UFC-Que Choisir, portant sur 56 produits de marques nationales relevés dans 40 magasins intra-muros par les bénévoles des associations locales de l’UFC-Que Choisir, démontrait une nouvelle fois encore le préjudice pour les consommateurs parisiens. Ainsi, les 22 magasins des enseignes Casino et Monoprix visités pratiquent des prix de 13,39 % supérieurs à la moyenne nationale contre « seulement » +8,22 % pour les magasins Simply Market, +6,54% pour les magasins du groupe Carrefour et +1,68 % pour les magasins Intermarché, qui apportent la démonstration qu’il est possible de pratiquer à Paris des prix comparables à ceux pratiqués sur le reste du territoire.

L’UFC-Que Choisir évalue le préjudice consumériste à plus 400 euros par an pour chaque ménage client des enseignes Casino intra-muros [1].

L’UFC-Que Choisir salue la lucidité des recommandations de l’Autorité de la concurrence et propose, dans la droite ligne du pacte consumériste qu’elle a adressé aux candidats à la Présidentielle, une dynamisation concurrentielle dans les zones de chalandise. Pour cela, l’association propose la mise en place d’un guichet unique pour les autorisations de construction de nouveaux magasins (le permis de construire) et de permettre à l’Autorité de la concurrence de prendre des mesures structurelles là où de nouvelles constructions sont impossibles. Ce qui signifie qu’un groupe devrait se séparer, localement, de certaines de ses enseignes si la concurrence y est insuffisante.

[1] : Sur la base des dépenses alimentaires commercialisables par ménage et par an (5 833,81 euros) et du différentiel de coûts observé entre les enseignes Casino et Monoprix intra-muros d’une part et les autres enseignes intra-muros, d’autre part.

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