Sans surprise, le taux du Livret A restera fixé à 2,25 % comme l’avait suggéré la semaine dernière le gouverneur de la Banque de France.
Ce maintien à 2,25 % est assez logique même si les épargnants auraient préféré un respect de la formule d’actualisation. Compte tenu du niveau de l’inflation en 2011, 2,4 %, le taux du Livret A aurait pu passer au 1er février à 2,75 %.
Les pouvoirs publics ont opté pour le statu-quo. Cette décision vise à maintenir la hiérarchie entre taux courts et taux longs. A 2,75 %, le taux du Livret A se serait trouvé presque au niveau du taux de l’OAT à 10 ans ; or logiquement, l’épargne longue est mieux rémunérée que l’épargne courte.
A 2,75 %, le Livret A devait plus compétitif que les produits longs. En outre, ce relèvement n’aurait pas incité les Français à consommer. La consommation étant le principal moteur de la croissance, il était important surtout avec les annonces de récession de ne pas l’handicaper.
Enfin, le relèvement du taux du Livret A aurait pénalisé le logement social. En effet, les organismes de logements sociaux se financent à partir du Livret A. Avec un taux de 2,75 % auquel il faut ajouter les frais de collecte, le coût des ressources aurait été supérieur à celui des emprunts sur le marché obligataire.
Par ailleurs, le Gouvernement attend une décélération de l’inflation au premier semestre du fait du ralentissement économique. Une accalmie sur les prix des matières premières est attendue.
Il n’en demeure pas moins que le rendement réel du Livret A est actuellement négatif. Ce phénomène est intervenu à plusieurs reprises notamment dans les années 80.
La situation actuelle est paradoxale du fait de la cohabitation de très faibles taux d’intérêt et d’une légère reprise de l’inflation générée par le coût des produits importés.
Philippe Crevel Secrétaire général du Cercle des Epargnants-Économiste