Mesurer l’impact du changement climatique sur la biodiversité n’est pas une tâche aisée. Menée par Vincent Devictor du CNRS de Montpellier, sous la coordination de Frédéric Jiguet du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris pour les oiseaux, une étude montre pour la première fois que les oiseaux et les papillons répondent rapidement au changement climatique mais de façon retardée. Cette étude est le fruit d’une collaboration sans précédent avec de nombreux chercheurs européens. Elle est publiée cette semaine dans la revue Nature Climate Change.
En 20 ans, les températures ont augmenté en Europe de 1°C, décalant les températures de 249 km vers le Nord. Les papillons ont également « glissé » vers le Nord mais en accumulant un retard de près de 135 km sur les températures. Ce retard est encore plus grand pour les oiseaux, avec 212 km de décalage.
Cette étude, basée sur l’étude de 9490 communautés d’oiseaux et 2130 communautés de papillons, illustre à quel point les changements climatiques réorganisent rapidement et profondément la composition de la faune en Europe, avec d’inquiétants décalages dans la réponse de différents groupes d’espèces. En effet, ces décalages laissent présager de profonds changements dans les réseaux d’interactions entre espèces et entre groupes.
Ces chercheurs ont bénéficié de données récoltées par des milliers de naturalistes bénévoles, totalisant plus d’un million et demi d’heures passées sur le terrain depuis plus de vingt ans pour compter papillons et oiseaux. Cette étude a en outre permis de valider un indicateur d’impact du changement climatique sur la biodiversité directement utilisable au niveau national et international.
En France, les données ont été obtenues grâce au Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC), observatoire de sciences participatives du programme Vigie-Nature coordonné par le Centre de Recherches par le Baguage des Populations d’Oiseaux (vigienature.mnhn.fr).
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