Suite aux révélations faites dimanche 1er janvier par le Journal du dimanche à propos d’une opération d’infiltration qu’Areva aurait pu commanditer à l’encontre de Greenpeace, l’organisation de défense de l’environnement va dès demain déposer une plainte contre X auprès du Procureur de la République de Paris, pour des faits d’intrusion frauduleuse dans un système informatique (232-1 du code pénal) et de complicité et recel d’informations à caractère secret ou personnel en utilisant les facilités que procure l’exercice d’une activité professionnelle (321-1-2 du code pénal).
“Nous apprenons cette affaire par voie de presse et souhaitons que toute la lumière soit faite sur cette possible opération d’espionnage,”déclare Adélaïde Colin, porte-parole de Greenpeace France. “Nous portons donc plainte, et nous demandons au Parquet de Paris de nous permettre d’accéder aux documents susceptibles de contenir des informations concernant Greenpeace.”
EDF déjà condamnée pour avoir espionné Greenpeace
Le 10 novembre 2011, EDF a été lourdement condamnée pour des opérations d’espionnage informatique menées à l’encontre de Greenpeace en 2006. L’entreprise publique a été condamnée à 1,5 millions d’euros d’amende. Et plusieurs de ces hauts responsables ont écopé de peines de prison ferme. EDF a fait appel.
S’il apparaît qu’Areva, ou une société d’intelligence économique suisse (de sa propre initiative ou non, mais pour le compte de cette dernière), a décidé d’espionner Greenpeace, ce serait une nouvelle atteinte intolérable aux principes fondamentaux qui fondent notre démocratie de la part de sociétés qui se prétendent transparentes.
“Que des entreprises publiques, qui ont pignon sur rue et sont présentées comme les fleurons de l’industrie française, puissent se livrer à ce type de pratiques illégales est indigne“, reprend Adélaïde Colin. “Greenpeace est un contre-pouvoir indépendant. Nous touchons juste, nous dérangeons. Nous prouvons que le nucléaire est dangereux, nous alertons et informons le public, nous affirmons que des solutions existent et que la seule façon de se protéger efficacement est de sortir du nucléaire. Commanditer des opérations d’espionnage illégales à l’encontre de Greenpeace, est-ce là la seule réponse que les majors de l’industrie nucléaire ont à apporter aux questions que nous soulevons ?< /em>”
Quel contrôle de l’État sur ses entreprises publiques ?
Cette affaire, comme celle du rachat d’UraMin, pose plus globalement la question du contrôle comptable d’entreprises publiques comme EDF ou Areva.
Si les faits relatés dans le Journal du dimanche sont avérés, cela signifierait que le contribuable français aura, via Areva, financé l’espionnage illégal de Greenpeace et de deux autres ONG à hauteur de 40 à 60 00 euros chaque mois. Les citoyens français sont en droit de demander des comptes sur la façon dont sont gérés les deniers publics. Quelle est la responsabilité de l’État, quel contrôle exerce-t-il ?
Greenpeace demande au gouvernement et à la commission des Finances de l’Assemblée nationale de se saisir de ce dossier. L’État, actionnaire majoritaire du groupe nucléaire, doit contraindre Areva à livrer à la représentation nationale tous les contrats et documents établissant les services qu’elle aurait pu commanditer à des officines ou des agences d’intelligence économique, qu’ils datent de 2011 ou qu’ils soient antérieurs. La mission d’information confiée au député Marc Goua, qui doit rendre un deuxième rapport en février, pourrait ainsi être étendue à cette affaire.