La conférence de l’ONU sur le climat à Durban a débouché sur des résultats quantifiables: une deuxième phase d’engagement au protocole de Kyoto est quasi-décidée, et un nouvel accord complet doit voir le jour d’ici 2015. C’est bien, mais c’est trop peu face à ce défi.
Le protocole de Kyoto n’obligeait que les pays industrialisés à réduire leurs émissions de CO2. Durant cette nouvelle conférence sur le climat, une nouvelle base a été créée, qui englobe toutes les nations. Ce nouvel accord doit être approuvé d’ici 2015 et être suffisamment sévère pour contenir le réchauffement sous 2 voire 1,5°C, si les scientifiques recommandaient cela. «Ce sont des résultats quantifiables», affirme Patrick Hofstetter, responsable climat et énergie au WWF Suisse et membre de la délégation suisse à Durban. «Ils prouvent qu’en plus d’une prise de conscience, il existe également une certaine volonté de prendre à bras le corps les défis inhérents aux changements climatiques». Ainsi les petits progrès des outils d’adaptation, de l’évitement de la déforestation ou lors de la création d’un fonds vert en faveur du climat sont autant de signes positifs.
Le WWF ne peut toutefois pas s’estimer satisfait des résultats de Durban, les négociations n’étant pas suffisantes et ayant eu lieu trop tard. Le nouvel accord global doit être effectif après 2020, alors que le virage à 90° en ce qui concerne les émissions devrait déjà être effectué en 2015, d’après l’organe onusien GIEC. Il n’est pas encore clair quel Etat devra contribuer à quelle hauteur à la réduction des gaz à effet de serre, ni dans quelle mesure le nouvel accord sera obligatoire. Seule certitude, les propositions actuelles des pays impliquent un réchauffement climatique de 3 à 4°C, engendrant des catastrophes incontrôlables. Pour la Suisse, la hausse des températures serait de 6 à 8°C. «Tout le monde sait que le changement climatique ne nous laisse pas le temps de tergiverser», rappelle Patrick Hofstetter. «Un sprint est désormais nécessaire, mais nous continuons de traîner les pieds».
Plus que jamais, des gouvernements doivent ouvrir la voie, dont le nôtre: «Avec la nouvelle loi sur le CO2, le Conseil fédéral pourra augmenter l’objectif de réduction des émissions de CO2 à 40% », selon Patrick Hofstetter. «Il doit saisir cette opportunité. Ceux qui bougent les premiers sont également ceux qui arrivent au but les premiers, lorsque les autres commencent seulement à se mettre en route».