Quel est l’impact des changements climatiques et environnementaux sur les maladies allergiques liées au pollen en Europe ? Pour la première fois, cette question sera abordée sous l’angle interdisciplinaire en Europe. Elle fera l’objet d’un projet scientifique, dans lequel sont impliqués, en France, des chercheurs et ingénieurs du CNRS, du CEA (1) et de l’INERIS. Financé pendant trois ans par l’Union européenne, ce projet s’attachera à quantifier les effets de ces changements sur ces allergies afin de proposer des recommandations et des actions préventives au niveau européen.
Les allergies aux pollens représentent un grave problème de santé publique. En Europe, près de 20% des enfants en souffrent. Pour mieux comprendre comment les changements climatiques et environnementaux impactent la santé humaine, en particulier certaines maladies allergiques, un projet de recherche baptisé Atopica (2) et financé par la Commission Européenne pendant trois ans, vient d’être lancé. Interdisciplinaire, il rassemble des biologistes, des immunologistes, des allergologues et des dermatologues mais également des physiciens, des climatologues, des experts en qualité de l’air et des spécialistes d’usage des sols (3).
Atopica vise à mieux comprendre dans quelle mesure le climat à l’échelle globale et régionale, l’utilisation des sols et la qualité de l’air impactent les allergies liées au pollen. Plus particulièrement, les deux laboratoires français impliqués, le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CNRS/CEA/UVSQ) et le Laboratoire de météorologie dynamique (CNRS/UPMC/ENS/Ecole Polytechnique) auront pour mission de développer des modèles statistiques et physiques de l’évolution de la concentration de ces pollens dans l’air en Europe. L’INERIS s’occupera de modéliser les concentrations de polluants atmosphériques (ozone, dioxyde d’azote, particules…). Cette modélisation sera utilisée pour étudier l’impact des polluants sur l’allergénicité des pollens et évaluer l’exposition des populations à un effet conjoint des pollens et du niveau de qualité de l’air. In fine, il s’agit d’établir une évaluation des risques sanitaires, en particulier chez les populations à risque, comme les enfants ou les personnes âgées. Par ailleurs, Atopica proposera une analyse rétrospective des différents allergènes sur les deux dernières décennies en Europe, et de leurs liens avec le climat et le changement d’usage des sols.
Un point-clé d’Atopica sera d’étudier les modes de propagation d’une nouvelle espèce invasive en Europe et hautement allergisante, Ambrosia artemisiifolia L., communément appelée ambroisie à feuilles d’armoise. Cette plante se développe sur les terres agricoles abandonnées et sur les bords de route. En France, elle prolifère déjà dans la vallée du Rhône, son pollen occasionnant de nombreux problèmes sanitaires. Elle peut également avoir des conséquences économiques sur le tourisme.
Les conclusions du projet Atopica serviront de recommandations aux décideurs politiques. Ces derniers pourront ainsi envisager des actions préventives, tout en prenant en compte le rapport entre le coût des soins et ses bénéfices en matière de santé publique.
(1) Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE, CNRS/CEA/UVSQ) et Laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD, CNRS/UPMC/ENS/Ecole Polytechnique) qui font tous deux partie de l’Institut Pierre-Simon Laplace. Ces laboratoires appartiennent au GIS Climat Environnement Société qui a rendu possible leur participation dans ce projet (en permettant d’avoir un consortium français coordonné pour une participation à un projet européen).
(2) Atopic diseases in changing climate, land use and air quality
(3) Ces scientifiques étudient les modifications faites par l’homme sur son environnement naturel, via, entre autres, les pratiques agricoles ou bien la gestion des forêts et des zones urbaines.
Chercheur CNRS l Robert Vautard l T 01 69 08 26 40 l robert.vautard@lsce.ipsl.fr